Désir

Lui :
– J’ai envie de baiser
– Moi aussi
– Ca ne veut rien dire
– Qu’est ce qui ne veut rien dire
– Ton envie. Ce n’est qu’une réaction à la mienne
– Il n’y a que la tienne compte, d’envie?
– Il n’y a que la mienne qui existe
– Qui décide
– Les faits
– Quels faits
– Le fait que c’est moi le premier qui aie exprimé l’envie
– Ca disqualifie la mienne ?
– Oui, parce que je ne saurai jamais si elle était sincère
– Pourquoi
– Parce que tu n’as fait que répliquer pour me faire plaisir
– C’est mal de faire plaisir?
– Tu confirmes
– Je confirme quoi
– Que tu avais envie de baiser juste pour me faire plaisir
– Je n’ai pas dit ça, mais maintenant je n’ai plus envie
– Je le savais
– Tu savais quoi
– Que tu n’avais pas envie de baiser
– J’avais envie, mais tu m’as fait débander
– Les femmes ça ne bande pas alors ça ne peut pas débander non plus.
– Je n’aime pas quand tu dis « les femmes », ni quand tu les désignes par « ça ».
– Il n’empêche que ni les femmes ni toi ça bande
– Tu continues à dire « les femmes » et « ça »
– Pardon. Mais on est bien d’accord que tu ne bandes pas
– Tu n’as pas le sens de la métaphore. C’était une image
– Mensongère. Tu voulais me faire croire que tu éprouvais du désir comme un homme
– Je n’ai pas de désir
– Je n’en sais rien… en tout cas pas comme un homme
– Et alors
– Alors c’est un mensonge de plus
– De plus que quoi
– De plus que ceux qui veulent faire accroire que les femmes sont comme les hommes
– Tu penses que les femmes n’éprouvent pas de désir
– Peut-être que oui, mais elles n’ont pas besoin d’un homme.  Un sex-toy fait l’affaire.
– Tu en sais des choses
– Pas la peine de persifler, c’est une femme qui me l’a dit
– Pas flatteur
– Pour qui
– Pour toi
– Pourquoi
– Parce qu’elle préférait baiser avec un morceau de plastique qu’avec toi
– Elle n’a pas dit qu’elle préférait. Elle a dit que c’était pareil
– Pas un peu mieux avec toi qu’avec le plastique
– Non, un peu mieux avec le plastique qu’avec moi
– Pourquoi elle baisait avec toi alors
– Parce que je lui apportais autre chose que mon corps. Me prêter son cul juste en échange du mien lui semblait déséquilibré. Elle pensait que son corps valait plus que ça
– Il lui fallait quoi en plus
– Je ne sais pas, moi… de l’attention, de l’argent, des cadeaux…
– Oublions cette bonne femme. C’est un mauvais exemple. C’est une pute
– Tandis que toi tu n’en es pas, naturellement
– Non, parce que je ne te demande rien
– Mais tu ne donnes rien non plus
– Comment
– Tu ne me donnes pas ton cul
– Mais il y a à peine cinq minutes je te le proposais
– Non tu le refusais
– C’est toi qui n’en voulais pas
– Seulement quand j’ai compris que ton offre n’était pas sincère, qu’elle ne venait pas du cul
– Qu’est ce qui t’a fait penser ça
– Le fait que c’est moi qui aie dit mon envie de baiser
– Je t’ai emboîté le pas
– Plutôt par charité, et acter par la même occasion que c’était moi qui étais demandeur
– Tu n’étais pas demandeur de moi. Tu étais demandeur tout court
– Comment ça
– Tu as dit j’ai envie de baiser
– Et alors
– C’était juste une envie. Tu n’as pas dit que tu avais envie de moi
– Pour baiser il faut d’abord avoir envie, ensuite on choisit avec qui
– Pour baiser il faut d’abord choisir avec qui, ensuite on a envie

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