Le point de vue que je mets en avant concernant est celui de Maïmonide. La raison pour laquelle j’aime le faire connaître provient du fait que ce personnage hors-norme est considéré par tous les courants du judaïsme – tous sans exception – comme la référence absolue depuis Moïse lui-même. Il y a donc consensus autour de la conception Maïmonidienne du judaïsme, puisqu’aucun érudit juif ne la conteste aujourd’hui (ce qui ne fut pas le cas au cours du siècle qui a suivi sa mort).
Maïmonide a écrit une œuvre monumentale, aussi bien scientifique, théologique que philosophique, dont son « Guide des Egarés » (ou « Guide des Perplexes »). Cet ouvrage, écrit en arabe mais pensé en hébreu, en grec et en latin, se veut une explication magistrale et exhaustive du monothéisme.
C’est cependant un témoignage dont n’est pas absent un certain élitisme. Maïmonide part de l’idée qu’il n’y a qu’une infime partie du peuple capable de participer du débat philosophique. Cependant il craint que le commun des mortels ne cherche à l’angoisse métaphysique un exutoire dans la superstition ou l’idolâtrie. Il pose donc que l’idolâtrie est à combattre en priorité parce qu’elle constitue un danger en ce qu’elle brouille la Raison.
Mais selon Maïmonide la Raison n’évacue en rien la question de Dieu, puisqu’elle ne saurait venir à bout de la question de l’Infini. Le judaïsme réduit donc la question de Dieu à sa plus simple expression en disant que Dieu est, tout en posant qu’il est impossible d’appréhender ce qu’il est, puisque sa manière d’être ne ressemble en rien à ce que nous entendons par là. On peut en revanche appréhender ses œuvres, c’est-à-dire le Monde.
C’est là qu’intervient la Thora, allégorie de la condition humaine face à la Nature. Maïmonide pense que si baser son mode de vie sur la Thora au moyen de l’exégèse du Talmud n’a pour effet ne fût ce que de contenir l’idolâtrie, alors l’essentiel du judaïsme est accompli. Vu sous cet angle, on comprend le scepticisme juif face au christianisme, qui apparait comme une régression païenne, et qui illustre ce contre quoi Maïmonide met en garde.