Berjac me fait l’honneur de me citer dans son article « Quelques images pieuses israéliennes», en estimant que mes idées « ne doivent pas être loin de ce qui se fait de plus extrémiste » dans mon pays. Comme il se garde de préciser en quoi consiste mes idées, je me suis relu afin de vérifier s’il y avait dans mes propos quelque chose qui justifiait cette qualification, auquel cas j’aurais tenté de clarifier. Je n’ai rien trouvé, mais j’ai fini par comprendre que ce que Berjac, se basant sur l’Histoire pour étayer son point de vue, qualifiait « d’extrémisme » était le fait même qu’Israël revendiquait le droit d’exister.
D’une part je ne vois pas en quoi le narratif de Berjac convaincrait les juifs de plier bagage après la reconnaissance par l’ONU et cent cinquante ans de d’épopée sioniste, et d’autre part il existe des analyses très convaincantes qui disent diamétralement l’opposé de ce qu’il infère.
Pour ma part je pense que cette polémique est dépassée, mais je recommande néanmoins l’analyse de l’intellectuel israélien Ben-Dror Yemini (http://www.france-israel.org/articles.ahd?idart=408), traduite en français par M. Macina, qui rappelle les témoignages de Mark Twain, de Baker Tristram et de Jacques Finn, qui ont laissé des textes décrivant la Palestine du 19eme siècle en termes sinistres: « …Nous ne vîmes pas âme qui vive durant tout le voyage. …ces déserts inhabités, ces buttes rouillées et infertiles… « kilomètre après kilomètre, on ne voit rien de vivant. la Palestine est en majorité vide d’habitants ».
A la lumière de cette étude il apparaît que la Palestine était pratiquement vide au 19eme siècle, époque où elle faisait partie de l’Empire Ottoman, et que chaque parcelle de terre achetée par des juifs le fut en toute légalité. Les juifs vivaient d’ailleurs en Palestine au même titre que les arabes, dont nombre avaient afflué de pays voisins en voyant décoller l’économie grâce à l’agriculture des pionniers juifs. En 1947, Au bout d’un siècle d’une cohabitation tumultueuse entre communautés juives et arabes, l’ONU a estimé qu’après le départ des occupants britanniques il valait mieux les séparer en créant deux Etats pour deux peuples. Les juifs ont accepté, les arabes ont refusé, et depuis lors c’est la guerre.
Mais quand bien même ce narratif-ci serait fantaisiste, la question qui se pose aujourd’hui est : que fait-on maintenant ? La vraie question – brûlante- est là.
Si la réponse est que les juifs n’ont rien à chercher en Israël, qu’ils n’ont qu’à s’exiler ou à se défaire de tout pour devenir minoritaires d’un Etat probablement islamiste, alors la probabilité que les israéliens acceptent est mince.
Mais si la réponse est qu’il faut deux Etats pour deux peuples, alors les israéliens l’accepteront parce qu’ils l’ont déjà accepté en 1947, à cette réserve près que cette fois-ci il faudra que l’autre camp se résolve à mettre un terme définitif au conflit, et non pas qu’il se limite à un cessez-le-feu en échange de concessions majeures côté israélien. On est loin du compte.
Pour le moment les palestiniens se font même prier pour négocier, et gaspillent un temps précieux en prétextant la poursuite de la colonisation alors que le processus de paix a justement pour objectif d’y mettre fin. Ce n’est pas parce qu’ils ont autre chose à faire, mais parce que nombre d’entre eux (donc pas tous, heureusement) rêvent encore et toujours de liquider Israël comme le clament le Hezbollah, le Hamas et l’Iran, c’est-à-dire ceux qui donnent le ton et sans lesquels aucun arrangement n’est envisageable.
Ben-Dror Yemini termine son analyse par les mots suivants, auquel je souscris sans réserve: « Les Palestiniens méritent respect, liberté et indépendance. Mais aux côtés d’Israël. Pas à la place d’Israël. Extrémisme ?