Le refus palestinien de négocier

Quoi que l’on pense du gouvernement israélien actuel, il est inacceptable de lui imposer des conditions préalables pour négocier, parce que quelles que soient les revendications territoriales des palestiniens, L’Histoire a démontré qu’Israël savait céder des territoires contre la paix quand il y avait lieu.

Il faut se souvenir de la campagne de dénigrement des années 1970 contre le premier Ministre Menahem Begin, dont on disait qu’il était un faucon, ce qui ne l’a pas empêche d’ordonner au général Ariel Sharon de faire évacuer manu militari les colons israéliens du Sinaï au nom de la paix. Il faut se souvenir de Moshé Dayan, qui disait qu’il valait mieux avoir Sharm-el-Sheikh sans la paix que la paix sans Sharm-el-Sheikh, après quoi il a fraternisé avec son ancien ennemi Sadate en lui rendant son territoire et son honneur. Il faut se souvenir du Premier Ministre Ariel Sharon qui a décidé le retrait de Gaza en espérant pacifier la frontière Sud d’Israël. Tout ceci pour attester que quand sonne l’heure de vérité, les leaders israéliens savent ce qu’ils ont à faire. Cela ne justifie ni leurs errements ni leurs erreurs en attendant, mais celles-ci sont rarement essentielles.

Pour comprendre ce que représentent les implantations en Cisjordanie il faut se souvenir de ses origines. Elles n’ont pas commencé directement après la Guerre des Six-Jours, parce les territoires qu’Israël avait conquis étaient considérés comme autant de cartes à jouer en échange d’une paix rapide. Quelques mois après la guerre il y eut les fameux trois « non » de la conférence de la Ligue Arabe à Khartoum (« non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à toute négociation avec Israël »), où en dépit d’un intense effort diplomatique l’ensemble du monde arabe a décidé que la lutte devait se poursuivre jusqu’à la liquidation d’Israël.

C’est après cela que les israéliens, dépités par l’implacable hostilité du monde arabe, ont graduellement commencé à coloniser les Territoires afin de construire des frontières défendables. Et c’est la gauche, Itzhak Rabin en tête, qui a lancé cette colonisation en estimant que l’ancrage de la Cisjordanie dans Israël était justifié à la fois moralement et stratégiquement, d’autant qu’il n’y avait aucune base juridique pour la frontière, celle d’avant 1967 n’étant que la séquelle d’un armistice. Il est par ailleurs scandaleux qu’une partie de cette gauche qui a poussé des centaines de milliers d’israéliens à s’installer en Cisjordanie au nom de la défense du pays considère maintenant ces gens comme des pestiférés qui se mettent en travers de la paix.

Si les uns posent des conditions pour négocier il n’y aucune raison pour que les autres n’en posent pas. C’est ainsi que les israéliens pourraient arguer qu’il est hors de question de discuter avec une Autorité Palestinienne qui ne contrôle pas Gaza. Après tout il serait trop facile pour elle de signer un accord de paix avec Israël tout en conservant l’option terroriste de Gaza, où le Hamas continuerait à se faire assister par l’Iran, qui pourrait les équiper en armes de destruction massive.

Les israéliens ne posent pas de conditions préalables parce qu’ils veulent entendre tout ce que les palestiniens ont à dire sur tous les sujets, et leur opposer leur point de vue à eux dans le cadre d’un face-à-face. L’enjeu de l’éventuelle négociation peut d’ailleurs se résumer en peu de mots: les palestiniens voudront obtenir des frontières acceptables et le retour des réfugiés de 1948 en Israël, et les israéliens voudront obtenir des frontières acceptables et des garanties pour sa sécurité.

Les deux camps sont retranchés derrière leurs positions d’une manière qui semble insurmontable, mais la différence entre eux, c’est que les israéliens sont disposés à négocier. Ce n’est pas rien.

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