Les oubliés du conflit israélo-palestinien

Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la question de savoir pourquoi ce conflit dure si longtemps. Ils pensent – à raison – que les paramètres d’un éventuel arrangement doivent être connus. Il se peut qu’Israël n’ait pas exploité de manière optimale certaines fenêtres d’opportunités, mais l’impasse semble globalement du côté palestinien.

Les dirigeants palestiniens dits « modérés » ne le sont que dans le sens où leur pragmatisme les conduit à accepter la réalité de l’Etat d’Israël, tout en la considérant comme temporaire. Cela signifie qu’en attendant qu’Israël disparaisse ils sont disposés à renoncer à la violence et à coopérer au plan économique. Cela permet aux palestiniens de développer leurs institutions et donne aux israéliens une sécurité relative.

Mais quand il s’agit d’envisager l’avenir, en d’autres mots d’établir un Etat palestinien indépendant, ces dirigeants sont tétanisés à l’idée de devoir apposer leur signature au bas d’un document stipulant que le conflit est terminé, et que les réfugiés palestiniens ainsi que leurs descendants doivent renoncer à s’établir en Israël.

Il est clair que pour Israël il ne sera jamais question d’admettre le retour de ces réfugiés, parce que cela constituerait un arrêt de mort pour l’Etat Juif. Sachant que cette question constitue une ligne rouge pour Israël, le leadership palestinien l’ignore délibérément afin de s’assurer de ne jamais aboutir à un accord. C’est donc la question des réfugiés palestiniens qui s’avère la plus insoluble de toutes. Mais en la mettant en perspective on s’aperçoit qu’il y a là une illusion d’optique, parce que tout le monde, ou presque, fait mine de croire que la guerre de 1948 n’a fait des réfugiés que d’un côté. Quand les intermédiaires les mieux intentionnés veulent s’interposer, ils feignent tous d’ignorer que la guerre israélo-arabe de 1948 a peut-être fait plus de réfugiés juifs que de réfugiés arabes. C’est ce qui ressort de travaux d’intellectuels tels que Shmuel Trigano, Nathan Weinstock ou Stanley Urman, Président de « Justice For Jews From Arab Countries« .

C’est à la lumière des recherches de ce dernier que l’on constate que la Communauté Internationale n’oppose jamais aux revendications palestiniennes l’évidence historique des réfugiés juifs forcés de fuir après 1948 le monde arabe où ils étaient établis parfois depuis plus longtemps que les arabes eux-mêmes.

Après la déclaration d’indépendance d’Israël, les juifs du monde arabes ont été arrêtés, torturés, expulsés, spoliés et parfois assassinés. Des décrets officiels ont été promulgués leur déniant les droits les plus élémentaires. Beaucoup furent expropriés et déchus de leur nationalité. Ce fut le cas notamment en Iraq, en Egypte et en Lybie. En Syrie ils ont été discriminés mais interdits d’émigration. Ces violations des droits de l’homme en écho à la création de l’Etat d’Israël n’ont jamais été prises en compte dans la recherche d’une solution au conflit.

Au total il y semble y avoir eu 850.000 juifs contraints à s’expatrier hors de dix pays arabes du seul fait de l’hostilité de ces régimes contre Israël. La plupart d’entre eux n’avaient aucun rapport avec le conflit, mais furent néanmoins persécutés parce que juifs. L’Etat d’Israël a intégré ceux qui en exprimé le souhait et leur a accordé la citoyenneté. Le monde arabe, en revanche, à l’exception de la Jordanie, a séquestré les réfugiés palestiniens dans des camps et les utilisent jusqu’à ce jour à des fins politiques.

Depuis sa création en 1968, la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies a adopté 132 résolutions en faveur des réfugiés palestiniens, mais pas une seule en faveur des réfugiés juifs, pourtant victimes du même conflit. Il y eut de nombreuses tentatives pour attirer l’attention des Nations Unies sur leur sort, mais aucune n’a jamais abouti. Alors qu’il existe dix organisations qui s’occupent des réfugies palestiniens sous les auspices de l’ONU, pas une seule n’a été chargée de s’occuper des juifs.

La Résolution 242 des Nations-Unies stipule que les parties veilleront à une « solution juste du problème des réfugiés », ce qui implique qu’il n’y pas à distinguer entre arabes et juifs. Aucune des personnalités qui ont bien voulu offrir leurs bons offices n’a jamais pensé à souligner le fait que formulation de la Résolution 242 impliquait qu’il y avait des réfugiés des deux côtés.

Pourtant l’accord de paix avec l’Egypte de 1979, celui avec la Jordanie de 1988, la Conférence de Madrid de 1991, les accords d’Oslo de 1993 et la Feuille de Route de 2003 font toutes allusion aux réfugiés sans spécifier lesquels.

On pourrait se demander pourquoi l’Etat d’Israël lui-même n’avance cet argument que de manière discrète. La raison en est vraisemblablement qu’il veut tourner la page en posant que les souffrances des uns valent bien celle des autres, et que chacun doit panser ses blessures, et penser à aller de l’avant.

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