Newt Gingrich et l’invention du peuple palestinien

L’ex-président de la Chambre des représentants Newt Gingrich est l’un des favoris à l’investiture du parti républicain pour les prochaines élections présidentielles américaines. La politique intérieure fait l’objet de débats houleux sur fond de crise économique, mais la politique étrangère est parfois aussi un sujet qui fâche aux Etats-Unis. Lors d’une interview récemment accordée à une chaîne communautaire juive, Gingrich a qualifié les Palestiniens de peuple inventé. Cela n’a pas manqué de susciter la colère des leaders palestiniens et de leurs soutiens.

En réalité tous les peuples sont inventés, parce qu’il n’existe dans l’espèce humaine que des individus. Or chaque individu étant différent, rien ne lui confère une appartenance innée à telle ou telle civilisation, culture ou groupe humain quel qu’il soit. La marque d’un peuple relève d’un sentiment arbitraire, et ne saurait être déterminée par d’autres que ses propres membres.

La Palestine a toujours été habitée par des juifs, des arabes et d’autres ethnies qui considéraient qu’ils y avaient leurs racines. Il y a plus d’un siècle l’immigration juive s’est intensifiée sous la poussée du mouvement sioniste, tant et si bien que les juifs ont fini par réunir en 1948 tous les attributs d’un peuple apte à se constituer en nation indépendante. Ils l’ont donc fait, et auraient d’ailleurs pu le faire dix ans plus tôt sans l’opposition du monde arabe à l’idée même d’un Etat juif.

Quant au peuple palestinien tel qu’il s’identifie aujourd’hui, il n’a pris conscience de lui-même que suite à la Guerre des Six-Jours de 1967, après qu’une coalition arabe ait tenté de rayer Israël de la carte. Avant cela il y avait identité quasi-totale entre arabes de Cisjordanie et Gaza d’une part, et arabes de Jordanie d’autre part. Au fil du temps ces populations ont chacune développé une spécificité, et se confondent aujourd’hui moins que précédemment.

Les commentaires du candidat Gingrich peuvent être considérés comme provocateurs, mais en réalité ils sont l’effet de l’irritation grandissante de l’opinion américaine face à une déligitimation d’Israël qui s’exprime de manière de plus en plus ouverte à travers le monde. C’est une manière peu diplomatique et agacée de dire une vérité pourtant criante, mais Gingrich a pris les palestiniens au piège de leur propagande. En effet, si les palestiniens contestent le droit au peuple juif de vivre en Israël, ils s’exposent à leur tour à ce que l’on s’interroge sur la notion de peuple palestinien, dont on réalise bien vite que personne n’en avait entendu parler il n’y a pas si longtemps.

La conclusion que l’on peut tirer de l’exaspération de Gingrich, c’est qu’invention pour invention, une chose est établie: quel que soit l’angle sous lequel l’on envisage la chose, le peuple juif a sans aucun doute possible été inventé avant le peuple palestinien. On pourrait se demander dans ces conditions pourquoi l’Etat d’Israël envisage néanmoins la solution de deux Etats pour deux peuples, mais l’explication est simple: c’est qu’Israël aspire à la fin du conflit.

Les expatriés français et l’Assemblée Nationale de 2012

Léon-Maurice Nordman, grand résistant fusillé en 1942 par les nazis eut ce mot terrible eu égard au régime de Vichy: « Entre la France et les juifs, c’est une histoire d’amour qui a mal tourné ».Trois ans après la Libération l’Etat d’Israël voyait le jour, et les juifs qui avaient choisi d’en faire partie eurent à cœur de tourner la page et de promouvoir les liens entre l’Etat Juif et la France. Ils y parvinrent, et L’Histoire retient que lors de la Guerre des Six-jours, alors que le monde arabe s’apprêtait à rayer Israël de la carte, l’aviation israélienne gagna dès les premières heures la maîtrise du ciel à bord de chasseurs « Mirage » fournis par la France. Il semble par ailleurs que bien qu’Israël ne s’exprime pas à propos de la force de frappe qu’on lui prête, il est probable que le partenariat avec la France lui a ouvert à cette époque l’accès à la technologie nucléaire.

Secoué par la victoire d’Israël, de Gaulle décide après la Guerre des Six-jours d’imprimer un virage radical à sa diplomatie en lui donnant une orientation qui demeure jusqu’à nos jours ce qu’on appelle la politique arabe de la France. En gros, une realpolitik consistant à tourner le dos à Israël en échange de pétrole. En guise d’échappatoire et armé de sa seule mauvaise foi, De Gaulle stigmatise alors le peuple juif comme étant « sûr de lui-même et dominateur », comme si l’histoire bimillénaire de la Diaspora juive ne témoignait pas très précisément du contraire.

La France et Israël ont cependant continué à entretenir des relations normales, mais souvent troublées par une désinformation rampante. Peut-être les choses vont-elles changer maintenant à l’occasion des élections législatives de 2012, qui prévoient 11 nouvelles circonscriptions expressément créées à l’intention des français établis à l’étranger. Cette initiative est innovante parce qu’elle permettra aux électeurs non seulement d’exercer leur droit de vote, mais aussi d’élire des députés qui les représenteront en connaissance de cause, et seront à même de promouvoir les échanges entre ces terres d’adoption et la France.

La 8e circonscription comprend Chypre, la Grèce, Israël , l’Italie, Malte, Saint-Marin, le Saint-Siège et la Turquie. Environ la moitié de cet électorat réside en Israël. L’attachement des français à la culture et à la langue de leur patrie d’origine ainsi que les liens qu’ils entretiennent avec elle sont notoires. Même s’ils ne seront pas assez nombreux pour choisir le futur député, ce sont probablement les français d’Israël qui donneront le ton en ce qui concerne le futur député de la 8e circonscription à l’Assemblée Nationale.
Cinq candidats font déjà campagne. Les voici par ordre alphabétique:

Edward Amiach. C’est le candidat de l’UPJF, l’Union des Patrons Juifs de France, dont il fut le président. Il a effectué sa carrière dans la grande distribution.
Valérie Hoffenberg. Ancienne représentante de l’American Jewish Committee à Paris, elle est élue à Paris. C’est la candidate officielle de l’UMP.
Philippe Karsenty. Ancien financier, il est actuellement adjoint au maire (de centre droit) de Neuilly. Parallèlement à cette campagne électorale dans laquelle il se présente en indépendant «divers droite», il mène un combat médiatique et judiciaire dans l’affaire Al-Dura (Charles Enderlin-France 2).
Daphna Poznanski, qui habite en Israël depuis 31 ans, est la candidate officielle du Parti Socialiste. Elle est vice-présidente de l’Assemblée des Français de l’Etranger.
Gil Taïeb est membre du Consistoire de Paris ainsi que de nombreuses autres institutions communautaires juives françaises. Proche de la gauche française par sa femme qui est élue du Parti Socialiste à Paris, il est aussi soutenu en Israël par de nombreuses personnalités de la gauche israélienne.

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