Les manifestations pro-Hamas de ces temps-ci à Paris, à Londres ou ailleurs sont des insultes au bon sens. C’est la faillite d’une populace qui a perdu ses repères, mais aussi celle d’une intelligentsia qui a arrêté de penser. Le syndrome de Munich se referme une fois de plus sur les lâches. Pour mémoire, ce syndrome fait référence à la veulerie de la France et du Royaume-Uni en 1938, quand les ministres Daladier et Chamberlain pensaient qu’en jetant un morceau de la Tchécoslovaquie en pâture à Hitler la guerre mondiale n’aurait pas lieu. Winston Churchill, alors Ministre de la Marine, s’opposa à ce marché de dupes et apostropha Chamberlain pour lui lancer « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » On connaît la suite.
Manifester pour la paix dans le cadre de la tragédie de Gaza est honorable, mais manifester contre Israël – et dans la foulée contre les Juifs – n’est pas honorable. Personne n’a le droit d’être contre Israël, parce que cela implique que l’on soutient des bandes terroristes reconnues comme telles par le monde civilisé. Etre contre Israël, c’est être pour les forces obscurantistes, celles qui torturent les hommes, violent les femmes et transforment les enfants en torches, celles qui sévissent au Sahel, au Mali, au Niger, en Afghanistan, en Iran, en Arabie, au Qatar, en Irak, en Syrie, en Libye, au Liban, à Toulouse, à Bruxelles, à Londres, à Madrid et à New York.
Dominique de Villepin, ex-Premier Ministre de France, condamne dans une tribune du « Figaro » les opérations israéliennes en Palestine. Il pense peut-être qu’en sacrifiant Israël aux islamo-fascistes la France pourrait obtenir en échange un capital de sympathie. Il n’a peut-être pas tort, parce que cela relève d’une vision politique à la de Gaulle selon laquelle il vaut mieux mettre ses principes en berne et lâcher Israël que d’antagoniser le monde arabe. C’est un procédé aussi vieux que le peuple juif lui-même que de faire diversion en transformant une trahison en exploit. Mais de ce pacte rien de bon n’est jamais sorti pour les masses arabes, qui n’ont jamais cessé de s’enfoncer dans un marasme spirituel et matériel, alors que leurs dirigeants n’ont jamais cessé de prospérer.
Si de Villepin pense que les israéliens ont tort de s’attaquer aux assassins du Hamas, alors comment expliquer l’engagement de la France en Afghanistan, qui a coûté la vie à des soldats français, en plus de 3 milliards d’Euros partis en fumée, le tout pour riposter à un attentat perpétré le 11 septembre 2001 par des saoudiens à New York ?Comment justifier une opération à 6000 kilomètres de Paris, où 50 000 militaires français ont été appelés au fil d’une décennie pour faire la guerre aux talibans alors que ceux-ci n’avaient pas agressé la France ?Comparé à cela, a-t-on le droit de se demander pourquoi traquer les terroristes du Hamas qui à quelques mètres d’Israël tirent des roquettes sur tout ce qui ressemble à un Juif de l’autre côté de la frontière ?
Le docte de Villepin avance qu’« il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre ». En ce qui concerne la première partie de la proposition, si elle est correcte, on ne voit pas sur quoi était fondée l’occupation de l’Allemagne nazie par la France en 1945. Les français ont dénazifié l’Allemagne, jugé les criminels de guerre et imposé des limitations au réarmement, normes qui restent en vigueur à ce jour bien que l’Allemagne ne constitue plus un danger. Pour ce qui est du « droit au massacre » qu’évoque de Villepin, c’est précisément ce que s’est arrogé le monde arabe en réaction à la Résolution 181 de l’ONU qui proposait en 1947 de partager la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe. Plutôt que d’admettre qu’il y avait deux peuples aspirant à la souveraineté après la décolonisation, les Arabes palestiniens ont choisi de nier le droit à la vie aux Juifs palestiniens. Ce n’est qu’après avoir été défaits militairement que la Jordanie et l’Egypte ont fini par admettre qu’Israël était là pour rester, et que les Juifs avaient droit à un Etat.
La guerre que mène Israël depuis sa naissance est probablement la moins sale que le monde ait jamais connue, mais si on ne comprend pas qu’Israël ne fait jamais que pratiquer la légitime défense, on ne comprend rien. L’objectif explicite du Hamas, du Djihad islamique et de leurs associés est de détruire Israël et de supprimer les Juifs qui y vivent. Quand en 2005 Israël a quitté Gaza et démantelé ses colonies ce fut un ballon d’essai devant servir de modèle afin d’évaluer les chances d’une coexistence israélo-palestinienne pacifique. Après le départ du dernier israélien de Gaza il y eut exactement 13 jours de calme, après quoi les tirs de roquettes contre Israël reprirent de plus belle. Israël attendit néanmoins deux ans pour réagir au moyen d’un blocus, espérant que les nouveaux maîtres de Gaza auraient comme projet le développement économique plutôt que le meurtre de Juifs. En 2007 le Hamas s’est emparé du pouvoir, a décapité les factions rivales, mis la démocratie hors-la-loi et instauré un Etat islamiste avec pour objectif de conquérir Israël et d’instaurer un Califat sur la Palestine historique. Pour ce faire les tueurs du Hamas n’eurent de cesse que de pilonner Israël en jurant de ne s’arrêter que le jour où les Juifs seraient éliminés. Comme les milices du Hamas estiment avoir l’aval de Dieu ils s’arrogent le droit de sacrifier la population de Gaza et de semer la désolation au sein de leur propre peuple, sur leur propre terre, où ne se vit pourtant pas un seul Juif.
Le processus de paix entre Israël et l’Autorité Palestinienne a été systématiquement torpillé par Arafat et son successeur malgré les offres de tous les gouvernements israéliens qui se sont succédés depuis les accords d’Oslo. Mais quand bien même il se trouverait un jour des dirigeants palestiniens pour faire preuve d’une véritable volonté d’aboutir à un arrangement, ce serait une erreur que de croire que cela changerait quoi que ce soit aux ambitions des islamistes de la région, pour lesquels une démocratie palestinienne vivant en bonne entente avec Israël serait une négation de leur raison d’être.
Difficile de savoir si la campagne militaire à Gaza aura amélioré la sécurité des israéliens. La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine, or celui que mène Israël n’est que l’aspect régional d’un problème planétaire. Ce qui est sûr, c’est que cet épisode aura au moins eu comme effet que dans chaque ville, chaque village et chaque foyer israélien, quelle que soit sa sensibilité politique ou religieuse, un immense élan de solidarité aura animé ce peuple tout au long de l’épreuve, et renforcé le consensus sur l’essentiel.