Socialisme et antisémitisme

Le Parti Travailliste britannique a récemment été secoué par la révélation que l’antisémitisme qui sévissait dans ses rangs était d’une ampleur insoupçonnée.

Une cinquante de militants ont été exclus pour leurs outrances anti-juives ou anti-israéliennes. Il est bien entendu tout à l’honneur du parti de s’être attaqué au mal, mais la question est de savoir s’il s’agit d’une dérive d’individus en mal de publicité, ou si la promotion de ce délire relève d’une ligne politique visant à ragaillardir une gauche déprimée.

Jeremy Corbyn, leader du Parti Travailliste, prétend être anti-sioniste et non pas antisémite, mais cette subtilité sémantique ne convainc pas grand-monde. Son amitié proclamée pour le Hezbollah ainsi que pour le Hamas, sa défense d’un vicaire banni par l’Eglise pour propagation de textes antisémites, le soutien à un négationniste notoire [1], l’invitation au Parlement d’un prédicateur islamiste [2]accusant les Juifs de fabriquer du pain azyme avec du sang d’enfants chrétiens, tout cela laisse peu de doutes sur les idées du socialiste Jeremy Corbyn.

Le Parti Travailliste britannique est travaillé en ce moment par un antisémitisme rabique. Naz Shah, députée, affirme que l’Etat d’Israël est comparable à l’Allemagne nazie, et que le Sionisme équivaut  à Al-Qaeda.

Ken Livingstone, ex-maire de Londres, nous apprend qu’Hitler était l’allié des Juifs. Khadim Hussain, maire de Bradford, propage la théorie comme quoi les Israéliens auraient créé Daesh pour forcer l’Occident à envahir le Moyen-Orient. Vicki Kirby, notable de Surrey, fait remarquer que « les Juifs ont de grands nez et massacrent les opprimés ».

Benazir Lasharie, conseillère municipale a Kensington, accuse Israël de financer l’Etat Islamique. Bob Campbell, militant de Middlesbrough, affiche sur Facebook l’image d’un rat affublé d’une étoile de David avec pour libellé « La Véritable Peste ».

Dave Rich, militant, fait circuler l’image d’un drapeau israélien frappé de la Swastika[3]. Gerry Downing, militant, se répand à propos de « la dérangeante question juive » et des sionistes qui dominent le monde. Aysegul Gurbuz, conseillère régionale, qualifie Hitler de « plus grand homme de l’Histoire ». Elle espère voir l’Iran «rayer Israël de la carte» et exprime son « dégoût » des « Juifs trop puissants ». Viki Kirbi, militante, appelle Hitler le « dieu des sionistes ».

Cette énumération n’est pas exhaustive mais donne une idée de ce qui se trame dans l’un des plus anciens, des plus prestigieux et des plus représentatifs des membres de l’Internationale Socialiste, organisation dont il n’est pas inutile de mentionner que le Fatah fait partie.

Mais qu’en est-il de la gauche en France ? L’extrême gauche n’a plus à faire ses preuves de ce point de vue-là parce que son instrumentalisation de l’antisémitisme comme procédé unificateur n’est pas un secret et a d’ailleurs démontré son efficacité en ralliant de nombreux islamistes animés par la seule haine des Juifs. Pierre-André Taguieff [4] note dans son ouvrage « Une France antijuive ? » que « dans les manifestations violentes dont l’orientation antijuive est avérée, on assiste au spectacle d’une collusion pratique entre islamistes de toutes obédiences et milieux d’extrême gauche comme le NPA, le Front de gauche, etc. ».

Concernant la gauche traditionnelle, Taguieff relève que des icônes de l’humanitarisme bien-pensante ont mis leur notoriété médiatique au service du national-islamisme du Hamas, sous couvert d’un « soutien à Gaza », c’est-à-dire à une dictature. Ces personnages publics se sont transformés dans les années 2000 en propagandistes anti-israéliens. Le plus célèbre d’entre eux, Stéphane Hessel, en est venu à hurler « Israël assassin ! » à Paris, début janvier 2009, au milieu d’une masse de manifestants pro-Hamas insultant et maudissant les Juifs et l’État juif, sans se sentir gêné d’un tel compagnonnage.

Edgar Morin[4], homme de gauche, philosophe et Juif honteux, admet dans son ouvrage « Autocritique » que le salut des Français lors de le Deuxième Guerre Mondiale lui semblait incompatible avec la survie des Juifs. Au cours de l’été 1940 il pensait que « mieux valait le salut de 40 millions de Français que celui de 500 000 Juifs. Il se disait « prêt a accepter l’immolation des Juifs si le salut des autres Français était à ce prix – si la fatalité de l’Histoire l’exigeait. »

La gauche, sociale-démocrate ou pas, extrême ou pas, pense peut-être que se servir de l’antisémitisme afin de galvaniser les masses populaires est un prix acceptable pour que triomphe le socialisme. Cette dérive de type staliniste semble toujours d’actualité pour cette mouvance pseudo-humaniste qui se cherche, mais qui ne se trouvant pas finit par lâcher les Juifs comme on lâche du lest d’un ballon en perdition pour retarder le moment où il va s’écraser.

[1] Ecrivain britannique, blogueur et activiste politique juif et antisémite.

[2] Raed Salah.

[3] Emblème nazi.

[4] Sociologue, politologue et historien français.

 

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