La victoire de Trump sur Clinton est encore plus invraisemblable qu’il n’y paraît, pour autant qu’on ne se limite pas au strict décompte des voix. Après tout les deux protagonistes se sont départagés les électeurs à peu près à égalité, et Clinton a même eu légèrement plus de voix que son rival, qui l’a néanmoins remporté grâce à ce système électoral qui ne repose pas sur la proportionnelle intégrale.
Sur 200 organes de presse, 194 étaient opposés à Trump. Le budget dont il disposait était la moitié de celui de Clinton. Celle-ci avait des milliers de militants rémunérés faisant du porte-à-porte jusqu’à la dernière minute. La quasi-totalité de Hollywood, de l’intelligentsia et des milieux artistiques la soutenaient, et certaines des vedettes les plus populaires au monde apparaissaient à ses meetings sur le podium à côté d’elle.
Elle avait le soutien indéfectible de son ex-président de mari et d’un président en exercice. Les deux se sont démenés sans compter, aux frais du contribuable en ce qui concerne Obama.
Clinton avait le support du parti Démocrate, son parti depuis toujours, alors que Trump, naguère membre du parti démocrate lui-même et aficionado de Clinton, n’a rallié le parti républicain qu’en 2012. Il s’est même vu désavoué en pleine campagne électorale par des figures historiques du parti tels que les ex-présidents Bush et autres républicains notoires qui ont tenté de torpiller sa candidature.
La plupart des instituts de sondages étaient tendancieux et ont essayé d’induire le public en erreur. Quelques heures avant les éléctions le New York Times titrait « Hillary Clinton a 85 % de chances de gagner« . Etc… Et pourtant…
Quand en 2002 il a fallu choisir en France entre Le Pen et Chirac pour l’élection présidentielle, beaucoup d’électeurs on dit qu’ils iraient voter Chirac « en se bouchant le nez ». C’est probablement de cette manière que certains électeurs ont voté pour Clinton. Mais ce qui est exaspérant en Amérique comme ailleurs dans le monde libre, c’est que les bien-pensants choisissent de refouler la poussière sous le tapis au lieu de prendre acte du réel.
Obama a d’ailleurs fait une sorte de mea culpa en commentant la défaite de Clinton : « nous n’avons pas voulu voir ni entendre certaines choses ». Cela sous-entend qu’il aurait aussi du dire certaines choses. Par exemple que la porosité des frontières et l’immigration illégale est encouragée par les élites parce que cela arrange les riches mais dérange les pauvres, exactement comme en Europe.
Lors de la campagne électorale de 1952 le candidat Eisenhower eut ce mot pour discréditer Nixon : « Achèteriez-vous une voiture d’occasion chez cet homme ? » Certains électeurs traditionnels du parti républicain ont repris cela à leur compte pour se détourner de Trump.
Trump a pour lui de ne pas prétendre faire d’idéologie, au lieu de quoi il dit préférer se servir de son bon sens. Certains courants peu recommandables lui ont donné leur appui, mais à cela l’on peut répliquer qu’il est sidérant d’entendre les gens se plaindre de ce que les politiques soient « tous pourris »« , que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient », et que ces promesses ne sont donc jamais tenues… sauf quand il s’agit de Trump, dont il faut soudain croire qu’il fera ce qu’il a promis. C’est pourtant simple : pour gagner les élections la recette de Trump est qu’il ne faut pas mentir plus que l’adversaire, mais mieux.
« Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts » disait de Gaulle. Cela s’applique évidemment aux relations israélo-américaines, dont la tendance de fond est favorable à Israël depuis des décennies.
Cela n’a pas toujours été le cas, et il fut même une époque où la France était plus proche d’Israël que l’Amérique, jusqu’à ce que de Gaulle estime qu’il valait mieux vendre son âme aux rois du pétrole que de se solidariser avec les Juifs.
Obama, qui est un idéologue qui se fiche du réel, a fait tout ce qu’il pouvait pour nuire à Israël mais sans y réussir vraiment, parce que son pouvoir était limité par les puissants garde-fous de la démocratie américaine. Trump ne peut donc pas être pire qu’Obama de ce point de vue-là, et a même des chances d’être meilleur, parce que c’est l’intérêt bien compris des Etats-Unis.
Le bilan d’Obama en politique intérieure est débattable, mais il y a quasi-unanimité pour estimer que sa politique étrangère à été catastrophique. Les yeux doux qu’il a fait aux régimes arabes n’ont servi à rien, et l’Amérique est détestée plus que jamais par eux, même plus que sous Bush, ce qui n’est pas peu dire. Obama a voulu s’en consoler en flirtant avec l’Iran, et voilà que l’Iran le hait encore plus que les Arabes.
Quoi qu’il en soit, l’ère Obama est révolue grâce à Hillary Clinton. C’est peut-être ce que l’Histoire retiendra d’elle.