La question du déterminisme

La question du déterminisme est insoluble parce que nous en sommes à la fois l’objet et le sujet. Que nous posions que nous sommes déterminés, ou au contraire que nous sommes libres relève du dogme parce que ni l’un ni l’autre n’est démontrable. Dire que nous sommes déterminés est par ailleurs une impasse logique : de Lucrèce à Spinoza à Onfray en passant par Nietzsche (« aime ton destin ») il y a une posture paradoxale qui consiste à prendre acte de notre absence de choix, ce qui est un choix en soi.

L’homme ne fait jamais que ce qu’il veut. Kant illustre cela avec l’histoire suivante : Un homme est déféré au tribunal après avoir commis un vol. Le juge lui demande s’il sait qu’il n’a pas le droit de voler. Le voleur répond qu’il le sait. Le juge lui demande pourquoi il vole néanmoins. Le voleur répond que c’est parce qu’il ne peut pas s’en empêcher, que c’est plus fort que lui. Le juge lui demande s’il volerait encore s’il avait la certitude d’avoir la tête tranchée la minute d’après. Le voleur lui répond que non, il ne volerait plus. Le juge conclut que l’argument selon lequel  le voleur ne peut pas s’empêcher de voler ne tient pas, et que s’il vole, c’est qu’il veut voler, en conséquence de quoi il est condamné pour vol.

Quoi qu’il en soit, et si vraiment nous ne sommes que des robots obéissant à des algorithmes, aucun être humain n’est capable de penser cela de lui-même. Il est vrai que chacun est le produit de son bagage génétique, de son milieu, de ses parents, de son vécu, etc.., mais en même temps chaque homme a l’aptitude à prendre conscience de son aliénation, s’il le veut. Qui a soif peut décider de ne pas boire, et qui a froid peut décider de ne pas se chauffer. Dans la vraie vie cela peut consister à aller contre son milieu, sa culture, son éducation, sa famille, ses habitudes, ses sentiments, ses convictions, et même ses désirs. L’homme ne domine pas la Nature, mais a le pouvoir de contrôler sa propre nature. Bien qu’il n’y ait aucun effet sans cause, la volonté humaine semble échapper à cette règle. Ce phénomène est proprement incompréhensible au plan physique, ce qui en fait une question métaphysique.

Lettre ouverte à Christine Angot

La polémique autour du clash avec Sandrine Rousseau lors de leur l’émission « On n’est pas couché » a suscité un débat surréaliste. Beaucoup de spectateurs sont intervenus pour commenter les échanges, mais peu nombreux sont ceux qui ont essayé de comprendre la nature du clash lui-même.

Vous faites probablement partie des grands écrivains de notre époque. Vous l’êtes d’abord par votre style, et ensuite parce que vos textes ont le don de refléter le « Zeitgeist », l’air du temps. Vos livres sont comme des morceaux de musique : ils déclenchent une émotion sans que l’on puisse définir au juste pourquoi ni comment.

Mais voilà : vous, comme de nombreux autres écrivains, ne savez pas parler. Quand vous vous exprimez on a l’impression que votre vocabulaire est indigent, ce qui a pour effet que quand vous trouvez le mot ou l’expression qui vous semble juste vous l’asséner sans fin comme si cela pouvait aider à la compréhension.

France 2 a eu tort de vous avoir embauchée comme chroniqueuse. Vous passez mal, et même quand vous êtes intéressante cela a quelque chose de cryptique pour ceux qui ne connaissent pas votre œuvre.

Vous vous êtes comportée de manière détestable lors du clash. S’il s’était agi d’un débat à égalité entre protagonistes vous auriez aurait eu le droit de vous emporter, et même de vous en aller. Mais justement voilà : vous officiez en tant que chroniqueuse engagée pour mener une discussion avec des invités, que ceux-ci vous conviennent ou pas. Vous étiez en situation de pouvoir et en position dominante, ce qui vous permettait certes de dialoguer de manière musclée, mais en aucun cas n’aviez-vous le droit de d’intimer à votre invitée l’ordre de se taire, ni de lui hurler « je vous interdit de… ». Le public l’a bien compris, qui a trouvé opportun de vous huer, non pas en réaction à vos propos, mais bien à votre comportement. Vous n’avez pas supporté ce désaveu – pourtant mérité – et avez déserté le plateau, ce qui était un manquement à vos obligations professionnelles comme aux téléspectateurs.

Vous faites partie de ces écrivains qui ne savent rien faire d’autre qu’écrire, ce qui est à la fois tragique et magnifique. Assumez-le en méditant sur ces vers de « l’Albatros » :

Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher 

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