Alain Finkielkraut lâche Renaud Camus

Il faut savoir faire la distinction entre une œuvre et son auteur, que ce soit dans le domaine de l’art, de la littérature ou de la pensée. On peut prendre acte de la grandeur de Wagner dans la musique, de celle de Céline dans le roman ou de celle de Heidegger dans la philosophie tout en gardant à l’esprit la petitesse  morale de ces personnages.

Dans un ouvrage publié en 2000 l’écrivain Renaud Camus relevait ceci : « Les collaborateurs juifs de l’émission « Panorama » de France Culture exagèrent un peu tout de même : d’une part, ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission, ou quatre sur six, ou cinq sur sept, ce qui, sur un poste national ou presque officiel constitue une nette surreprésentation d’un groupe ethnique ou religieux donné ; d’autre part, ils font en sorte que une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l’État d’Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et de par le monde, aujourd’hui ou à travers les siècles. »

Ces mots déclenchèrent ce qu’on a fini par appeler « l’affaire Renaud Camus », tempête médiatique qui aboutit au retrait de l’ouvrage, après quoi celui-ci fut réédité avec des blancs en lieu et place de passages jugés antisémites.

Alain Finkielkraut prit la défense de Camus envers et contre tous, arguant que celui-ci n’avait somme toute qu’émis une opinion comme quoi le service public aurait failli à sa neutralité dans une de ses émissions radio. Il estimait par ailleurs que les détracteurs de Camus qui ne connaissaient pas son œuvre n’avaient pas qualité à le condamner sur base de quelques lignes sorties de leur contexte.

J’étais  adepte de Finkielkraut parce que je lui trouvais un air de prophète d’Israël avec sa manière désespérée de dépeindre l’avenir à la lumière du présent. Mais concernant « l’affaire Renaud Camus » sa position me laissa perplexe.  D’une part il m’était difficile d’admettre que Finkielkraut se trompe, mais d’autre part je ne pouvais faire l’impasse sur ce que me soufflait mon intuition.

Je me suis dit que là où Finkielkraut avait un point de vue, c’était qu’avant de se prononcer il fallait au moins lire Camus. J’ai donc lu « Campagne de France »« Du sens » et « Le Grand Remplacement ». Cela m’a permis de découvrir un écrivain majeur, mais j’ai appris du même coup ses fréquentations, son mini-parti politique et son appel à voter Front National, toutes choses qui n’ont fait que conforter mon idée qu’il s’agissait là d’un « antisémite de basse intensité ». Un antisémite de basse intensité c’est quelqu’un qui n’est pas obsédé par les Juifs, mais qui ne les aime pas parce que cela fait partie de sa culture.

Dernièrement Camus a twitté que  « le génocide des juifs était sans doute plus criminel mais paraît tout de même un peu petit bras auprès du remplacisme global ». Peut-être entend-il par là que le changement de civilisation qu’implique l’arrivée des migrants en Occident est un évènement plus important que la Shoah du point de vue historique.

Réaction de Finkielkraut : «  Je souffre de voir Renaud Camus s’égarer de cette manière. Il veut provoquer un sursaut, résultat, il provoque un haut-le-cœur, même chez les plus clairvoyants.  Renaud Camus appelle à la Résistance, c’est là que je me sépare radicalement de lui.»

Finkielkraut a donc fini par lâcher Camus, mais comment est-il possible qu’il l’ait défendu pendant si longtemps ? Il est vrai que le diagnostic de Camus sur la France d’aujourd’hui a beaucoup en commun avec la pensée de Finkielkraut, mais peut-on être de connivence avec un antisémite du simple fait que l’on partage certaines de ses idées ? C’est une vraie question.

Sidération collective à propos de Trump et Jérusalem.

Il est difficile de comprendre la sidération collective en réaction à la déclaration de Trump concernant Jérusalem, alors que ce n’est ni plus ni moins que la réalisation d’une de ses promesses électorales. Il semble que les opinions publiques soient tellement habituées à ce que les promesses électorales soient violées que pour une fois qu’elles ne le sont pas il y a comme un réflexe pavlovien pour s’en étonner.

Quant au plaisir que cela fait aux israéliens, là encore, pourquoi s’en étonner ? La quasi-totalité de l’échiquier politique s’en est réjouie. Est-on extrémiste parce que l’on se réjouit de ce que la première puissance au monde, qui en plus se considère comme allié privilégié d’Israël, reconnaisse que Jérusalem en est la capitale ? Depuis les origines du sionisme, Israël a veillé à s’assurer de la légitimité internationale. La Déclaration Balfour, la Conférence de San-Remo, la Commission Peel, la Résolution de des Nations-Unies appelant à la partition de la Palestine, la Proclamation de l’Indépendance et l’admission à l’ONU témoignent d’une incontestable continuité, même si celle-ci est contestée malgré tout par de mauvais coucheurs que le succès d’Israël indispose.

Les Etats-Unis d’Amérique viennent de franchir un pas de plus dans cette direction. Par ailleurs cela ne compromet en rien le processus de paix, parce que Trump n’a pas indiqué où serait installée l’ambassade. Il est d’ailleurs dommage qu’il n’ait pas choisi de le faire à Jérusalem – Ouest, parce qu’on aurait vu à ce moment-là que les Palestiniens ne l’auraient pas admis non plus, pas plus qu’ils n’admettent que Tel-Aviv se trouve dans une Etat juif.

Paris capitale de la France ?

Quoi que l’on pense de la déclaration de Trump concernant Jérusalem, suggérer que cela pourrait avoir pour effet d’alimenter la terreur islamiste est une (mauvaise) plaisanterie. Il est établi depuis belle lurette que toute tentative d’amadouer les terroristes produit l’effet inverse. Cela leur donne l’impression qu’ils gagnent du terrain, ce qui fait qu’ils s’enhardissent au lieu de se calmer.
 
Le précédent de Charlie-Hebdo est frappant : après l’incendie de ses locaux en 2011, les bien-pensants de France se sont fendu de quelques bonnes paroles, mais aucune mesure radicale (au sens étymologique du terme) n’a été prise contre les milieux en cause.
 
On connaît la suite, alors pourraient se poser les questions suivantes : aurait-il mieux valu fermer l’école « Ozar Hatorah » à Toulouse pour éviter que des enfants ne soient liquidés à bout portant ? Aurait-il mieux valu ne pas enrôler de Musulmans dans l’armée française pour éviter qu’ils ne soient exterminés au nom de la Sharia ? Aurait-il mieux valu interdire à Charlie-Hebdo le blasphème pour éviter que ses collaborateurs ne se fassent descendre? Aurait-il mieux valu fermer les magasins juifs pour éviter que ses clients ne se fassent massacrer à « l’Hyper Cacher » ?
 
Dans le même ordre d’idées, aurait-il mieux valu que Trump ne reconnaisse pas Jérusalem comme capitale d’Israël pour éviter d’indisposer ses ennemis? Cette question est aussi indigne que les précédentes. Aucune d’elles n’a à être posée. Ce sont des non-questions.
 
Le calendrier a parfois des hasards qui ressemblent à des clins d’œil : Macron a désapprouvé l’initiative de Trump, ce qui était prévisible, mais ce qui l’était moins était qu’il s’exprimerait à partir du Qatar, Etat ennemi d’Israël, théocratie où on n’a jamais entendu parler des droits de l’homme, dictature proche de l’Iran, Emirat que le monde arabe lui-même accuse de soutenir le terrorisme. C’est tout en vendant des machines à tuer au Qatar que Macron condamnait Israël, seule démocratie, seul havre de paix dans ce Moyen-Orient disloqué, confus et ensanglanté.
 
Trump s’est fait élire comme il a mené ses affaires, c’est-à-dire sans idéologie autre que le culte de soi-même. Mais son prédécesseur Obama, technocrate à la belle allure, sympathique, policé, affable et doué du sens de l’humour, est aussi un dangereux beau parleur. Il a échoué sur toute la ligne dans sa politique étrangère, est coupable de la montée en puissance économique et militaire de l’Iran, et a donné le feu vert à la Syrie pour commettre l’un des plus épouvantable massacre de notre époque en laissant son dictateur franchir les lignes rouges que lui-même avait décrétées. Nul ne sait si Obama dort bien, mais de nos jours des milliers de victimes syriennes sont soignées dans les hôpitaux israéliens en toute discrétion, parce qu’il est un peu embarrassant de soigner en Israël des ennemis d’Israël avec de l’argent du contribuable israélien. Qui, entre Obama et Israël mérite le prix Nobel de la Paix ?
 
Les réactions de la presse française laissent pantois. La plupart des commentateurs sont soit ignares soit de mauvaise foi quand ils parlent du droit international. De quel droit international parlent-ils ? De la Sharia ?
 
La Résolution 181 de l’ONU suggérait en 1947 un partage de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, et un statut international pour Jérusalem. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont déclaré la guerre, et la Légion Arabe a chassé les Juifs de Jérusalem pour l’annexer à la Jordanie.
 
Les Juifs se sont contentés de ce statu quo jusqu’à ce qu’en juin 1967 les Jordaniens tentent à nouveau d’envahir Israël pour jeter les Juifs à la mer. A noter qu’entre 1948 et 1967 aucun juif, israélien ou pas, n’avait le droit de visiter les lieux saints de Jérusalem. Ou, quand, comment et sur quels textes se basent les journaleux de Paris pour décréter que Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël ? C’est à pleurer, d’autant que Trump s’est gardé de préciser quand son ambassade déménagerait ou dans quel quartier. Tout ce qu’il a dit était que Jérusalem était la capitale d’Israël.
 
On n’est pas d’accord au Quai d’Orsay ? Qu’ils aillent s’installer à Vichy, capitale de la France de Pétain.

Jean-Luc Mélenchon et ses antisémites

Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement « La France insoumise », n’a pas jugé utile de suspendre sa campagne électorale lors du massacre d’enfants juifs à Toulouse en 2012, probablement par peur d’indisposer ses amis islamo-gauchistes.

Mélenchon a été accusé d’antisémitisme en 2013 par ses amis socialistes suite à des propos tenus contre Pierre Moscovici, alors Juif Ministre de l’Economie, Ministre juif de l’Economie, ou Ministre de l’Economie juive, on ne se sait plus bien.

Mélenchon vouait une admiration, et même un amour inconditionnel, à Hugo Chavez, président antisémite du Venezuela, allié à Ahmadinejad, ce leader iranien qui voulait rayer Israël de la carte et qui organisait des concours de caricatures anti-juives.

Danièle Obono, amie de Mélenchon et députée de « La France insoumise », exige de venir en Israël pour réconforter ce brave Marouane Barghouti, inoffensif palestinien incarcéré pour deux fois rien, n’ayant en tout et pour tout assassiné que quelques Juifs et un chrétien.

Au cours d’une grande émission politique de France 2 cette semaine, Mélenchon qualifiait Danièle Obono d’antisémite, histoire de montrer à quel point il avait de l’estime pour elle. Peu après il s’est rétracté, laissant entendre qu’il avait commis un lapsus. Mais que pense vraiment Mélenchon ? Ce qu’il voulait dire ? Ou ce qu’il a dit.

Translate »