Dans le contexte juridique actuel le chanteur Bertrand Cantat a le droit d’exercer son métier, et il pourrait même trainer en justice quiconque tenterait de l’en empêcher. Mais d’un autre côté il s’agit d’un personnage public, or le public au sens large (les médias, les réseaux sociaux, etc.) a aussi des droits, notamment celui de manifester. Une des fonctions de la liberté d’expression est de susciter un débat visant à légiférer. C’est comme cela que l’avortement a été dépénalisé et que peut-être le sera aussi un jour la vente de cannabis.
L’argument en faveur du retour sur scène de Cantat est qu’ayant payé sa dette à la société il a le droit de travailler. Cependant il existe des cas où ce droit est limité. Par exemple, l’exercice de certaines professions est subordonné à la présentation d’un casier judiciaire vierge. Il existe donc bel et bien des cas où, bien qu’ayant purgé sa peine, un condamné ne peut plus exercer son métier une fois sorti de prison. Par ailleurs, certaines peines sont assorties de contraintes supplémentaires, comme par exemple des pédophiles ayant l’interdiction de pratiquer des activités au contact d’enfants, ou des politiciens frappés d’inéligibilité.
Dans le cas de Cantat il s’agirait pour la Justice de prendre en compte les traumatismes des proches qui souffrent d’être confrontés à la vie publique du criminel, comme par exemple quand il fait la une des magazines où quand il passe à la télévision. Nadine Trintignant, la mère de la victime, trouve que Cantat devrait raser les murs. Au législateur de traduire cela en droit, par exemple en incluant dans le code pénal une interdiction de vie publique pour une période déterminée.