Né en 1933, Roman Polanski n’avait pas vocation à devenir l’un des grands cinéastes notre temps. Petit de taille, ce grand artiste est un rescapé de la Shoah qui n’a dû le salut qu’à son évasion du ghetto de Cracovie à l’âge de huit ans, après quoi il fut privé d’école parce que Juif.
La mère de Polanski a été assassinée au camp d’Auschwitz alors qu’elle était enceinte, et bien des années plus tard son épouse, elle aussi enceinte, a été massacrée par des une bande de monstres. Son père quant à lui a survécu au camp de concentration de Mauthausen.
Polanski a été condamné en 1977 aux Etats-Unis pour abus sexuel sur Samantha Geimer, une jeune fille mineure. Le néoféminisme contemporain incite à la libération de la parole, ce que Samantha Geimer a mis en pratique en accordant son pardon à Polanski et en déclarant que sa mésaventure ne l’a traumatisée ni mentalement ni physiquement. La libération de la parole, c’est aussi cela.
A chacun de se faire une idée de l’homme Polanski, mais rien dans son œuvre n’est illicite. Les Césars décernés à son film « J’accuse » constituent un hommage à son talent et à celui de ses collaborateurs.
Non seulement est-il absurde de boycotter « J’accuse », mais il faudrait en faire la promotion. Toute opposition à ce film est une obstruction au combat contre l’antisémitisme. Les jeunes, les moins jeunes, les vieux et les ignares en tout genre doivent apprendre ce que fut l’affaire Dreyfus. Qu’ils sachent que cette ignominie a été le terreau de l’antisémitisme de l’Etat français lors de la Shoah. Que c’est l’affaire Dreyfus qui a accouché du régime de Vichy, celui-là même qui a décrété le « Statut des Juifs » et qui les a envoyés à la mort dans les camps nazis.
Mais l’affaire Dreyfus a aussi accouché d’un autre enfant : l’Etat d’Israël.