« Belle du Seigneur » d’Albert Cohen est un roman qui raconte l’absence d’amour chez les amoureux.
C’est l’histoire de Solal et d’Ariane. Solal est un homme de pouvoir, libre, beau et riche. Ariane en tombe amoureuse parce qu’il lui renvoie une image qui la valorise. Elle en devient dépendante comme ces femmes qui ne s’examinent que dans des miroirs amincissants. Mais Solal n’aime pas Ariane plus que Don Juan n’aime les femmes qu’il séduit.
Ariane est mariée à un sous-fifre qui travaille sous l’autorité de Solal. Celui-ci l’envoie en mission afin d’avoir le champ libre pour coucher en toute quiétude avec Ariane. Il y a peut-être là une allusion à ce passage de la Bible où le grand Roi David envoie le mari de Bethsabée se faire tuer au front.
Mais plus tard Solal est limogé de son poste, perd son statut, son argent et sa superbe. Il finit par s’emmurer avec Ariane dans un palace de la Côte d’Azur où tous deux versent dans l’ennui au lieu d’être transportés par la passion, après quoi ils meurent sans jamais s’être parlé vrai.
« Belle du Seigneur » est un roman à la fois noir et joyeux. C’est une ode au monde réel. C’est un texte sublime qui proclame la mort du roman d’amour.