Israël démocratique et juif ?

Depuis l’indépendance d’Israël en 1948, et pendant des décennies, il allait de soi que le courant politique dominant était celui d’une social-démocratie accommodante, à la fois avec l’humanisme et  le judaïsme. C’était d’ailleurs ce que la plupart des pères fondateurs avaient souhaité. Mais les temps ont changé, et il va falloir déterminer ce que signifie « Israël Etat juif et démocratique », selon la formule consacrée.

En réalité cette formule implique une hiérarchie dans les termes. La s0ociologie de la population a changé, et l’espèce de consensus  qui a longtemps prévalu ne semble plus avoir cours face à la polarisation de la vie politique. Les nouvelles générations n’ont peut-être pas grandi, à tort ou à raison, avec le sentiment qu’une menace existentielle pesait encore sur Israël.

Suzie Navot est professeure de droit constitutionnel et vice-présidente de la recherche à l’ »Israël Democracy Institute ». Elle est opposée au projet de réforme du gouvernement actuel.  Mais au-delà de cette prise de position il est intéressant d’entendre ce que cette juriste au dessus de tout soupçon  entend par Israël pays « juif et démocratique ».

Au cours d’une interview récente Navot explique que cette formule doit être comprise « dans cet ordre ». En d’autres termes qu’Israël est d’abord juif et ensuite démocratique. Elle estime que le pays ne pourra jamais être cent pourcent démocratique, parce que la démocratie doit parfois céder la place au caractère juif de l’Etat. Cela  entraine que certains droits, au sens humaniste du terme, ne seront jamais accordés dès lors qu’il entreraient en conflit avec des valeurs juives. Navot précise qu’elle assume cela et estime qu’il fait bon vivre dans un tel pays en tant que juif.

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