La Cisjordanie, de son vrai nom la Judée-Samarie, est, au mieux, un territoire disputé. En novembre 1947 l’Assemblée Générale des Nations-Unies adoptait la Résolution 181, non contraignante, suggérant d’établir à l’ouest du Jourdain deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, en prévision du départ de Palestine des Britanniques. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont refusé et tenté de s’emparer par la force de ce qui restait de la Palestine historique. Ce rejet du principe même d’un Etat juif et la détermination arabe de lui faire la guerre a rendu la Résolution 181 de l’ONU caduque.
En réalité la Jordanie est le véritable Etat des Palestiniens. La majorité des Jordaniens sont ethniquement palestiniens et beaucoup ont des liens de famille avec ceux de Cisjordanie, qui faisait partie de la Jordanie jusqu’à la Guerre des Six-Jours en 1967. Même après avoir perdu Cisjordanie, la Jordanie s’est alignée sur la résolution de la Ligue Arabe déclarant « non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ». C’est suite à ce rejet qu’Israël a inauguré sa politique d’implantations, confirmée ensuite par tous les gouvernements successifs.
L’argument selon lequel Israël violerait le droit international en occupant la Cisjordanie est une mystification. Il n’y a rien qui permette de contester à Israël le contrôle de ce territoire à partir duquel la Jordanie a tenté de jeter les Juifs à la mer en 1967. Israël a d’ailleurs longtemps été disposé à le rétrocéder en échange d’un traité de paix, mais le Roi Hussein a préféré y renoncer pour inciter des Palestiniens à y créer un Etat hostile à Israël. Cela n’engageait en rien Israël, ni juridiquement ni moralement, et constitue une aberration du point de vue géopolitique.
Si la Cisjordanie d’aujourd’hui devenait indépendante, avec ou sans l’accord d’Israël, il est probable qu’elle reproduirait le précédent de Gaza, consistant à persévérer dans le rejet d’Israël. La revendication palestinienne d’un Etat entre Israël et la Jordanie est un artifice cousu de fil blanc, parce que cette aspiration n’a d’autre moteur que la haine antijuive. La terrible vérité est que la majorité des Cisjordaniens et des Gazaouis sont en proie à une pathologie antisémite doublée d’un rejet de la modernité. L’idée reçue selon laquelle ils seraient manipulés par leurs dirigeants, mais aspireraient en réalité à la paix avec les Juifs, est une contrevérité. Tout comme les Allemands lors de la Shoah, ces Palestiniens-là doivent être considérés comme globalement hostiles au peuple juif, même s’il y a comme partout des minorités lucides lors de psychoses de masse.
Aucune direction palestinienne ne peut fonder sa popularité sur autre chose que la détermination de mener une lutte à mort contre Israël. Même les régimes du monde arabe qui aspirent à une normalisation avec Israël ont une crainte atavique de ce qu’on appelle « la rue arabe ». Nous assistons à un paradoxe nouveau, qui fait que les élites du monde arabe sont souvent plus pragmatiques et moins fanatiques que leur peuple.
Au fil du temps les implantations en Cisjordanie ont fini par constituer un problème pseudo-éthique et pseudo-juridique pour Israël. L’hostilité du monde arabe, la pression internationale, les dérives gauchistes, les attentats, l’antisémitisme endémique, les fractures au sein même de la société israélienne ont fini par rendre la situation d’une complexité sans nom faute d’horizon politique.
Une solution pourrait maintenant intervenir, consistant à diviser la Cisjordanie en deux en fonction de la sociologie des populations concernées. La partie majoritairement palestinienne retournerait à la Jordanie comme avant 1967, et la partie majoritairement juive serait intégrée à Israël. Une frontière serait convenue entre les deux Etats et éliminerait la ligne d’armistice de 1949. Cette solution est probablement la moins difficile et la plus raisonnable, et a l’avantage que ni la plupart des Palestiniens ni la plupart des Juifs n’auraient à quitter leur maison. Elle mettrait fin au statut d’apatride des Palestiniens qui acquerraient une dignité de citoyens d’un Etat, la Jordanie, qui est en paix avec Israël depuis des décennies.