La question démographique en Israël

Vers la fin du 20ème siècle, l’antisémitisme et le marasme de l’URSS et de ses satellites a suscité une émigration massive des Juifs vers Israël, mais elle est aujourd’hui pratiquement tarie.  La question se pose maintenant de savoir d’où pourrait bien venir un accroissement de la population juive par une nouvelle Alyah significative.

Il y a des communautés juives dans de nombreux pays, mais c’est aux Etats-Unis que les Juifs sont les plus nombreux, les plus dynamiques et les mieux intégrés. Mais en analysant le profil de cette communauté, on relève beaucoup d’analogies avec celle de l’Allemagne prénazie.  C’est ce genre de profil qui de tous temps a fini par se retourner contre les Juifs eux-mêmes, comme lors de l’Exode d’Egypte, de l’expulsion d’Espagne ou de la Shoah. Le massacre du 7 octobre a paradoxalement donné lieu à une flambée d’antisémitisme dans de nombreuses universités américaines, là-même où sont formées les élites de la nation. Une lame de fond hostile à la communauté juive, aussi prospère soit-elle, pourrait être suffisamment dérangeante  pour inciter de nombreux Juifs à faire l’Alyah[1].

L’Etat d’Israël est celui du peuple juif, mais il reconnaît l’existence de communautés ou d’ethnies composées de citoyens ayant leur culture, leur langue, leurs jours fériés et leur système d’éducation. Il faudrait donner la possibilité à tout citoyen israélien de changer de communauté pour s’intégrer à celle à laquelle il souhaite appartenir, moyennant une procédure appropriée. Cette possibilité existe dans une certaine mesure, mais elle passe dans la plupart de cas par une conversion religieuse. Il faudrait y ajouter un volet séculier permettant la transition d’une communauté à l’autre. Ce devrait être un droit, dont une des applications serait de donner aux couples mixtes la possibilité de déterminer à quelle communauté ils désirent associer leurs enfants.

 

La Loi du Retour

La « Loi du Retour[2] » a pour vocation d’accueillir tout Juif désirant s’établir en Israël. Elle stipule que « L’État déploiera des efforts pour garantir la sécurité des membres du peuple juif et de ses citoyens se trouvant en détresse ou privés de liberté en raison de leur judéité ou de leur citoyenneté ». Cette loi oblige l’Etat d’Israël à accorder de manière irréversible et immédiate la citoyenneté à tout Juif désirant immigrer, quelle qu’en soit la raison, qu’il soit en détresse ou pas, qu’ils soit persécuté ou pas en tant que Juif.

Mais tout droit suppose un devoir. Tout Juif qui se dit sioniste doit soutenir Israël en temps de guerre comme en temps de paix. Chacun selon ses moyens, son potentiel et ses compétences. Ceux éligibles à la Loi du Retour ont un devoir de réserve vis-à-vis du gouvernement d’Israël quel qu’il soit. Il est impensable qu’alors que le peuple d’Israël se bat pour maintenir le pays en état de marche, des Juifs à travers le monde soutiennent en public des discours hostiles à Israël, voire antisémites, et se réservent en même temps l’option d’immigrer en Israël à leur convenance, à leur heure ou par nécessité. La liberté d’expression est certes un droit de tout un chacun, mais l’Etat d’Israël a aussi celui de retirer à sa seule discrétion l’éligibilité à l’Alyah à quiconque jugé nuisible à Israël de manière manifeste.

La Loi du Retour concerne toute personne née de mère juive, ou convertie au judaïsme, ou dont l’un des quatre grands-parents est juif. Mais il faudrait également ouvrir l’Alyah à des personnes qui ne répondent pas à ces critères, mais  qui expriment le désir de partager la destinée du peuple juif. La définition de « Juif » au sens de la Loi du Retour n’étant de toutes manières pas conforme à la Halakha, il faudrait confier le soin de déterminer qui est juif à des institutions explicitement laïques qui cultivent une identité juive sans connotation religieuse.

[1] Terme désignant l’immigration en Israël par un Juif.

[2] La loi du retour votée en 1950 par le Parlement israélien garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

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