L’avenir du passé de la gauche israélienne

Je ne pense pas que la gauche doive rétablir quoi que ce soit du passé, ou ressusciter sur de nouvelles bases. Il ne le faut pas, parce que la gauche a atteint ses objectifs partout en Occident. Non pas que tout y soit pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais l’essentiel des concepts chers à la gauche ont été intériorisés et sont au cœur de la philosophie politique du monde libre, dont ils font partie intégrante. Il y a encore beaucoup à faire pour un monde meilleur, mais confier cette tâche à une gauche datée et dépouillée de sa raison d’être n’a pas de sens.

Le rôle de la gauche est accompli, même si des archaïsmes intellectuels et matériels persistent chez des vétérans qui n’ont pas vu le monde changer. Comme la Nature a horreur du vide, le wokisme s’est emparé de l’espace que la gauche a ouvert à tout vent. Ce phénomène est analogue à un commerce qui aurait liquidé son stock, mais qui resterait ouvert aux preneurs du vent passé. Certains aspirent à ce que l’universalisme déloge la pensée wokiste des temples de gauche, mais l’universalisme tend à spolier les nations de leur trésor de culture et de traditions, fruits de siècles de gestation.

Il faut résister à la nostalgie de gauche. Autant la gauche a été centrale lors de la construction de l’Etat juif, autant elle fait fausse route depuis, et continue à le faire, en particulier concernant la question palestinienne.

Il y a par ailleurs dans l’opinion publique une confusion concernant le rôle de la droite historique, qui n’est en rien comptable des dérives et de la corruption de certains milieux ultraorthodoxes et de l’extrême-droite fascisante. L’Etat d’Israël a vu le jour grâce aux combattants de tous bords du Yishouv, dont les disciples de Jabotinsky qui ont eu un rôle déterminant pour bouter les Britanniques hors de Palestine. Par ailleurs les traités de paix et de normalisation avec le monde arabe ont pratiquement tous été conclus par le centre-droit ou la droite. Il ne s’agit pas de distribuer des points aux uns ou aux autres, mais il serait injuste de présenter la gauche comme étant plus que quiconque apte à résoudre la question palestinienne, alors qu’elle n’a jamais rien réglé dans ce domaine.

Jean-Luc Mélenchon est-il une ordure antisémite ?

Amine El Khatmi est un homme politique français issu de la gauche.  Il est l’actuel président du mouvement   Printemps Républicain. Il y a quelques mois, El Khatmi a été invité par le journaliste Fréderic Haziza de Radio J à s’exprimer sur l’actualité, notamment en rapport avec le massacre du 7 octobre 2023 en Israël. A la question de savoir ce qu’il pensait de la position de Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise, El Khatmi a qualifié celui-ci « d’ordure antisémite »

Jean-Luc Mélenchon  a réagi en estimant que ces propos étaient « extrêmement graves », revêtaient un « caractère infamant » et constituaient un « incontestable préjudice moral ». Il a assigné Radio J et Haziza en justice et demandé que l’émission soit supprimée des plateformes où elle était accessible. A noter qu’il semble que Mélenchon  n’ait pas assigné El Khatmi à titre personnel.

Maître Goldnadel, avocat de Radio  J et de Haziza,  a annoncé il y a peu que Mélenchon a été débouté par le tribunal. A partir de cette décision de justice il n’est pas déraisonnable de déduire maintenant que qualifier Mélenchon d’ordure n’est pas une injure, mais une information.

Il se peut que Mélenchon n’en reste pas là et qu’il poursuive El Khatmi pour diffamation. Ce serait une affaire intéressante à suivre, vu le passif de Mélenchon et de ses complices de la France Insoumise en matière d’antisémitisme. El Khatmi serait invité à étayer ses propos et à soumettre aux juges un faisceau d’indices assez accablants pour qu’ils conviennent que Mélenchon mérite effectivement d’être qualifié d’antisémite. Les attendus ne retiendraient probablement pas la qualification d’ordure, ce statut ne figurant pas dans le code pénal.

De là à poursuivre Mélenchon pour diffamation raciale, apologie du terrorisme  et incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, il n’y aurait qu’un pas à franchir. L’on pourrait d’ailleurs lui adjoindre dans le box des accusés Annie Ernaux, Mathilde Panot, Edgar Morin, Rima Hassan, Aymeric Caron, Danièle Obono, David Guiraud et quelques autres apparatchiks de la France Insoumise.

Si Mélenchon était condamné et qu’il se présentait aux élections présidentielles de 2027, il serait le premier candidat à briguer ce poste sous l’étiquette d’antisémite  certifié. Nul doute qu’il aurait des électeurs et que cela couronnerait une stratégie qu’il pratique avec succès depuis un certain temps déjà.

Translate »