Guilad Shalit ou la conscience d’Israël

Israël a décidé de libérer plus de mille prisonniers palestiniens en échange de Guilad Shalit, le soldat kidnappé il y a cinq ans le long de la frontière avec Gaza lors d’une patrouille de routine. Parmi les détenus à libérer il y en a 450 qui ont été condamnés pour assassinat au moyen d’attentats à la bombe, de tirs à bout portant, de monstruosités à l’arme blanche ou à mains nues. Ces terroristes ont tué ou grièvement blessé des milliers de civils dont l’unique crime était de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est le cœur lourd que le gouvernement israélien a décidé de procéder à l’échange d’un seul innocent contre mille criminels. Tout le monde en Israël était bien entendu en faveur d’une initiative pour libérer Guilad Shalit, mais il y avait des divergences profondes quant à la manière dont il convenait de s’y prendre. Le sentiment de ceux qui s’opposaient à l’échange était qu’ils jugeaient inévitable que certains terroristes récidivent.
Il est difficile de déterminer si la décision du gouvernement est populaire ou pas. Certains israéliens pensent qu’il ne faut jamais céder au chantage, et qu’il est toujours préférable de tenter une opération militaire, quitte à mettre l’otage en péril. D’autres pensent qu’il aurait fallu éliminer des responsables du Hamas jusqu’à ce que celui-ci libère l’otage. D’autres encore pensent qu’il aurait fallu accentuer le blocus de Gaza ou exercer des pressions sur les terroristes emprisonnés en Israël.

L’opinion publique israélienne est ambivalente par rapport à la manière dont le gouvernement a géré l’affaire Shalit. Chacun y va de son commentaire, parce que chacun a des proches dans cette armée véritablement populaire dans tous les sens du terme.

Beaucoup d’israéliens considèrent maintenant que d’une certaine manière ils ont perdu la partie, mais pensent en même temps que c’est l’honneur d’Israël que de relâcher des assassins en échange de la vie d’un de ses fils. Cela signifie que chacun prend sur soi une part du risque que cela implique.

Nul doute que d’autres options ont été envisagées jusqu’à ce que les responsables israéliens concluent qu’aucune d’entre elles n’était raisonnable. Le Premier Ministre ainsi que de nombreux membres de son gouvernement ont longtemps refusé de céder au chantage, mais cet épisode démontre une fois de plus que quand il y a une véritable offre sur la table, fût-elle déposée par le plus barbare de ses ennemis, Israël sait parier sur l’avenir. Cela ne signifie pas que tous les gouvernements se valent, mais que dans une authentique démocratie comme Israël le gouvernement ne fait jamais qu’exprimer la volonté du peuple.

Translate »