Mansour Abbas est un homme politique israélien de 47 ans. Bien qu’ayant un diplôme en médecine dentaire, il n’a exercé que pendant une courte période. Il milite depuis sa jeunesse pour l’amélioration des conditions de vie de la communauté arabe dont il est issu. Cet érudit enseigne le Coran et se consacre à la promotion d’un Islam modéré. Il est membre de la faction sud du « Mouvement Islamique Israélien », et secrétaire général du parti arabe Ra’am. Il est aussi député et Ministre chargé des Affaires arabes dans le gouvernement d’Israël.
Les partis politiques arabes israéliens sont traditionnellement hostiles à l’idée même d’un Etat juif, et affichent sans nuances leur solidarité avec les ennemis les plus irréductibles d’Israël. Ils estiment que l’avènement de l’Etat juif en 1948 est un accident de l’Histoire qui devra tôt ou tard être revu et corrigé.
Mansour Abbas a récemment participé à un colloque à Tel Aviv sur l’avenir de l’Etat d’Israël, organisé par le quotidien financier « Globes ». Il a été invité à s’exprimer à la tribune en tant que leader politique influent de la communauté arabe d’Israël.
Le journaliste chargé de l’interviewer sur le podium lui pose la question suivante : « pouvez-vous me dire si vous, en tant qu’Arabe, pouvez admettre Israël en tant qu’Etat juif ? » Mansour Abbas, qui a manifestement une réponse toute prête, répond sans hésiter: « L’État d’Israël est né en tant qu’État juif. C’est la décision du peuple juif. Ce serait une erreur que de s’interroger sur l’identité de cet État : il est né juif et le restera. La question maintenant est de déterminer quel est le statut du citoyen arabe dans l’Etat juif d’Israël. »
Cette déclaration sans précédent de la part d’un leader arabe de premier plan est proprement bouleversante. L’avenir dira s’il s’agit d’un cas isolé, ou s’il signale un revirement en profondeur de la conscience collective des Arabes israéliens. On peut l’espérer, mais il faut d’ores et déjà saluer le courage et la vision politique de cet homme qui n’a peut-être pas fini de nous étonner, comme naguère le regretté Président d’Egypte Anouar el-Sadate.
Prions pour que la ressemblance entre leur destin respectif s’arrête là.