Catherine Ashton ou l’oracle de Gaza

Catherine Ashton, Vice-présidente de l’Union Européenne, a mis sur un même plan le meurtre d’enfants juifs en France et la légitime défense qu’exerce Israël à Gaza.  Cette dérive illustre  l’état d’esprit qui anime une certaine classe politique européenne qui se complait comme au Moyen-âge à accuser les juifs de tout, y compris quand les juifs eux-mêmes sont l’objet d’un massacre. L’ignoble amalgame de Catherine Ashton consiste à insinuer que si Israël n’existait pas, on ne s’attaquerait pas aux juifs. Une sinistre mais simple compilation historique démontrerait pourtant qu’on tuait beaucoup plus d’enfants juifs avant la création de l’Etat d’Israël que depuis.

Les propos de Catherine Ashton sont aussi méprisables qu’impardonnables, non pas à cause d’un écart commis dans un moment d’égarement, mais suite à un enchaînement de déclarations et de prises de positions qui ne peuvent laisser aucun doute sur ses motivations. Il y a chez Catherine Ashton un délire apparent, mais qui masque en réalité une volonté délibérée de nuire aux juifs.

L’UPJF (Union des Patrons et Professionnels Juifs de France) demande au gouvernement français d’élever une protestation officielle à l’encontre de Catherine Ashton. L’UPJF relève que celle -ci est une récidiviste, qu’elle avait déjà fait l’apologie des kamikazes palestiniens dans le passé, qu’elle recourait au mythe du complot juif mondial, qu’elle avait apporté son soutien au Hamas lors du blocus de Gaza, qu’elle en avait rencontré le chef, et qu’elle a accusé les israéliens de trafic d’organes lors de l’opération israélienne de secours à Haïti.

Quand Catherine Ashton sympathise avec ceux qui ont pour programme explicite la liquidation d’Israël, elle perd toute légitimité et doit en tirer les conséquences. Les seuls au monde qui ont le droit de traiter avec le Hamas sont les israéliens eux-mêmes – s’ils en décident ainsi – parce que c’est leur peau qui est en jeu. Ni Catherine Ashton ni Régis Debray ni Stéphane Hessel ni Edgar Morin ni Jean Daniel ni Daniel Cohn-Bendit ni Rony Bruman ni les autres apôtres – juifs ou non-juifs – de cette bien-pensance européenne n’ont le droit d’être complaisants envers les terroristes de Palestine ou d’ailleurs.

Il n’y a aucune option digne de l’Union Européenne face au conflit israélo-palestinien, autre que celle d’un soutien franc et massif  à Israël, comme cela a été le cas de la plupart des pays d’Europe lors de la création de l’Etat Juif. Cela n’implique pas qu’Israël soit au dessus de toute critique, mais que l’Etat d’Israël doit être soutenu sur le fond de sa revendication, qui est celle de son droit à l’existence.

Ce que les responsables politiques européens doivent intégrer c’est que ce que les ennemis d’Israël ambitionnent  n’est ni une rectification de frontières ni une fin de l’occupation, mais l’éradication du peuple juif en passant par la destruction d’Israël, seule démocratie du Moyen-Orient où les arabes eux-mêmes sont des citoyens libres. Entre Israël et des régimes assassins comme ceux de Syrie, d’Iran, du Hezbollah ou du Hamas il n’y a pour l’Europe ni à être neutre ni à se contorsionner. Il y a à être solidaire d’Israël.

L’Etat d’Israël a-t-il le droit de se défendre du boycott de soi-même?

Une loi vient d’être adoptée à la Knesset, qui prévoit des sanctions en cas d’appel au boycott économique, culturel ou intellectuel de personnes ou d’institutions en Israël ou en Cisjordanie.

Cette loi va être difficile à mettre en œuvre. Certaines ONG ont déjà fait appel à la Cour Suprême afin qu’elle en vérifie la conformité. Il se peut qu’après examen la loi soit invalidée au motif qu’elle constitue une atteinte à la liberté d’expression et au droit de manifester. Mais quoi qu’il en soit, elle soulève des questions de fond concernant la démocratie et son fonctionnement, ceci aussi bien du côté des partisans que des détracteurs de la loi.

En considérant les tenants du boycott on peut s’interroger sur l’aspect moral qui consiste à récuser son propre pays. On peut aussi s’interroger sur le refus d’artistes et d’enseignants de se produire alors qu’ils sont payés par l’Etat et donc par les contribuables auxquels ils refusent leurs prestations. Mais les boycotteurs prétendent ne revendiquer que le droit d’exprimer des opinions politiques. Tout en appelant au boycott ils sont d’avis qu’ils exercent une prérogative compatible avec la démocratie.

Les adversaires du boycott soulèvent quant à eux la question des limites de la liberté d’expression, même quant celle-ci elle est réputée être totale. Certaines de ces limites relèvent du bon sens, mais d’autres sont bel et bien imposées par la loi dans la plupart des pays démocratiques. La preuve en est que l’apologie du racisme, de l’homophobie, du négationnisme, de la misogynie ou du nazisme constituent des délits, en contradiction apparente avec la liberté d’expression.

L’appel au boycott de certaines ONG peut donc en soi constituer un déni de démocratie, parce que cela revient à tenter d’imposer ses objectifs autrement qu’au moyen du débat politique. En clair cela signifie que faute de pouvoir peser d’un poids suffisant par les urnes, cette frange fait appel à des forces étrangères pour pallier à l’électorat qui lui fait défaut. Ce qu’elle n’obtient pas par le jeu démocratique, elle cherche à l’obtenir par une pression de l’extérieur, parfois par des régimes hostiles à Israël. Les initiatives de mouvements tels JCall et Jstreet – par ailleurs bien intentionnés – relèvent elles aussi d’une démarche consistant à combattre l’opinion majoritaire israélienne par une solution imposée de l’extérieur. Certaines ONG israéliennes font par ailleurs uniquement appel à l’étranger pour financer leurs activités, ne trouvant pratiquement pas de support dans l’opinion publique israélienne elle-même.

La gauche israélienne s’oppose à la loi anti-boycott mais peine depuis de nombreuses années à s’imposer sur l’échiquier politique et cherche à se faire entendre à l’occasion de la controverse. Depuis les accords d’Oslo, censés paver le chemin de la paix, la stratégie de la gauche s’est effondrée et son message est devenu inaudible. Les massacres de civils israéliens lors de l’Intifada, le double langage du leadership palestinien, l’islamisme et l’antisémitisme comme idéologie palestinienne, et finalement le rejet des palestiniens du plan Clinton qui leur donnait pourtant satisfaction sur l’essentiel, tout cela a laminé la gauche israélienne et confirmé aux yeux de l’opinion publique qu’elle avait fait fausse route. Non pas par rapport à son désir de paix, sincère à n’en pas douter, mais à son pacifisme à tout crin qui a ouvert une brèche aux éléments les plus irréductibles parmi les palestiniens, qui se sont engouffrés par la violence dans ce qu’ils percevaient comme une manifestation de faiblesse.

Depuis les accords d’Oslo les palestiniens n’ont eu de cesse que de préparer la guerre, alors que les israéliens attendaient la paix. Dix-huit ans plus tard, les terroristes du Hezbollah, le Hamas et d’autres groupes violents soutenus par des Etats-voyous ont plus que jamais pour objectif la liquidation d’Israël. A côté de cela stagne une Autorité Palestinienne certes non-violente, mais chétive et tétanisée, incapable de parler vrai à son peuple et de pratiquer le virage idéologique qui ouvrirait la voie à la fin du conflit.

La loi contre le boycott est sans doute moralement fondée, mais il est peut-être préférable de ne pas légiférer sous peine de crouler sous une bureaucratie qui pourrait faire plus de tort que de bien. Cette loi est par ailleurs l’occasion pour des groupuscules qui ne représentent pas grand-chose de faire entendre leur voix, à laquelle peu de monde prête attention en Israël en temps normal.

Si cette loi était abrogée par la Cour Suprême alors il ne resterait plus qu’aux israéliens à boycotter les boycotteurs, et on verrait bien qui des uns ou des autres sont les plus légitimes dans la seule démocratie du Moyen-Orient.

Jour de la Shoah à Tel-Aviv

J’ai assisté cette année à la commémoration de la Shoah à l’Université de Tel-Aviv. Il faisait très chaud pour la saison, et la cérémonie se tenait à l’extérieur, sur la pelouse du campus. Une masse d’étudiants agglutinés à l’ombre des arbres assistaient en silence, comme tétanisés. Il y eut quelques chants tristes, et puis Ido Nehoshtan, Commandant de l’Armée de l’Air, a relaté sa visite du camp d’Auschwitz en septembre 2003. J’ai essayé de mémoriser son récit, où il disait à peu près ceci:

« J’étais venu à Auschwitz à l’occasion de la traditionnelle Marche des Vivants. Le hasard du calendrier avait voulu qu’une escadrille de trois F15 de l’armée israélienne avait était invitée en Pologne pour rencontrer des homologues polonais. Les pilotes étaient tous trois fils ou petit-fils de rescapés de la Shoah. Nous avions saisi l’occasion de leur passage pour demander une autorisation de survol du camp à basse altitude au moment où les participants de la Marche des Vivants seraient rassemblés devant l’entrée principale. Au bout de quelques tractations délicates pour surmonter les réticences polonaises nous avions reçu le feu vert.

Il faisait froid et humide, mais j’étais venu sur place bien à l’avance, un peu inquiet parce que mes habitudes de pilote m’avaient fait lever les yeux au ciel dès l’aube, et que j’avais constaté qu’il était couvert d’un voile opaque. Je craignais que la météo ne fît échouer l’opération. L’heure venue, la foule silencieuse et grelottante patientait sous un crachin sinistre en scrutant les nuages, attendant le survol sans trop y croire. Mais je connaissais mes pilotes, et je savais au fond de moi qu’ils seraient au rendez-vous.

Au bout de six minutes de retard nous vîmes soudain bondir hors des nuages les trois chasseurs frappés de l’étoile de David et se disposer en formation dans l’axe des rails menant au camp. La lenteur de leur vol avait quelque chose d’irréel. Et puis une voix en provenance d’un des cockpits s’est mise à grésiller dans les haut-parleurs. C’était le général Amir Esher, un des trois pilotes de l’escadrille, qui aux commandes de son appareil récitait: « Nous, aviateurs de l’armée de l’air d’Israël, dans le ciel des camps de la honte, sommes surgis des cendres des millions de victimes qui sont enterrés ici. Nous sommes la voix de leurs cris muets. Nous saluons leur bravoure, et promettons d’être le bouclier du peuple juif et de sa patrie Israël ». A peine avait-il prononcé ces mots que l’escadrille s’éparpillait et disparaissait dans les nuages. Je me suis dit avec soulagement que mes craintes avaient été superflues, et que l’armée juive n’avait somme toute eu que six minutes de retard. Et puis, en pensant aux parents et grands-parents de ces pilotes, je me suis repris et me suis dit : non, elle a eu soixante ans de retard. »

Il faut intérioriser cette image, si sobre mais si grandiose, de trois avions juifs survolant les camps de la mort, fût-ce avec retard, pour prendre la mesure du bouleversement que représente l’Etat d’Israël. Pour le peuple juif d’abord, mais sans doute aussi pour le monde entier.

http://www.juif.org/video/4169,l-armee-de-l-air-d-israel-survole-auschwitz.php

Do not forgive Judge Goldstone

One can only welcome the retraction of Judge Goldstone as expressed in his article published in  “The Washington Post” concerning his “Operation Cast Lead” report. For the record, Israel intended in 2009  to put an end to the firing of Hamas on civilian populations, an ongoing harassment spread out over eight years and unsettling the lives of hundreds of thousands  Israelis stunned by screaming sirens summoning them to flee to shelters.

Israel did through « Operation Cast Lead » nothing else that defend its citizens. The IDF invaded the Gaza Strip in order to eliminate Hamas terrorists while making sure not to cause civilian casualties. Whenever it nevertheless occurred, the IDF opened inquiries in order to verify the facts and take appropriate actions. It is Judge Goldstone himself that admits it now.

Judge Goldstone recognizes that Israel has not committed any war crimes in Gaza and never targeted civilians. This in sharp contrast with Hamas, that deliberately and intentionally did so, which actually never needed to be investigated, since the Hamas had been claiming it itself all along.

Everyone can be wrong or go astray, either for good or bad reasons. Goldstone is perhaps forgivable as a private person, especially if he draws practical conclusions from his retractions and does the utmost in order to try to and repair the considerable damage caused to Israel’s image.

However, as a public person Goldstone must not be forgiven because he behaved unprofessionally and committed serious methodological errors. It is imperative to not expose other parties to his incompetence in the future. Although he now claims that « if he had known then what he knows now he would never have condemned Israel”, he does not reveal what made him change his mind, which continues to make him undependable.

The excellent « Analyse Critique du Rapport Goldstone » published a year ago by the periodical « Controverses » (http://www.controverses.fr/) is particularly striking from this point of view. It demonstrates how Judge Goldstone was biased whatever angle one looks at it, starting from the nature of the report’s sponsor, the “UN Commission on Human Rights” once chaired by Qaddafi’s Libya. « Controverses » explains how Judge Goldstone simply ignored the nature of the Hamas regime targeting civilian populations under the motto of its doctrine officially calling for the destruction of the State of Israel.

Not to forgive Judge Goldstone as a public person consists of barring him from assignments with regard to international law. His deceitful report has had serious implications not only for Israel, but for all democracies having to deal with terrorists. Nowadays these are no more small mobs, but full-blown armies financed by rogue states. These armies have substantial resources and are beyond control of the Geneva Convention.

It suffices to reflect on Guilad Shalit’s fate, the Israeli hostage from whom we do not even know if he is still alive. He may well be merely one of many victims of the Arab-Israeli conflict, it all says a lot about the Hamas notion of Human Rights.

Judge Goldstone has attempted to deprive Israel from it’s self defence right.

Do not forgive Judge Goldstone.

Il ne faut pas pardonner au juge Goldstone

On ne peut que se féliciter de la rétractation du juge Goldstone dans le « Washington Post » concernant son  rapport publié en 2009 concernant l’opération « Plomb Durci ». Pour mémoire, cette opération consistait pour Israël à mettre un terme aux tirs du Hamas visant les populations civiles, tirs étalés sur huit ans et altérant le quotidien de plus d’un million  d’israéliens tétanisés par les hurlements des sirènes les sommant de courir aux abris.

Israël n’a rien fait d’autre au moyen de l’opération « Plomb Durci » que défendre la vie de ses citoyens.  L’armée a envahi la bande de Gaza par voie terrestre pour frapper les terroristes du Hamas tout en s’efforçant de ne pas causer de pertes civiles. Chaque fois qu’il y en a eu malgré tout, Tsahal a déclenché ses procédures internes en vue de vérifier les faits et d’en tirer les conséquences le cas échéant. C’est le juge Goldstone qui le dit lui-même, maintenant.

Le juge Goldstone reconnaît  désormais qu’Israël n’a pas commis de crimes de guerre à Gaza et n’a jamais ciblé de civils. Ceci à l’inverse du Hamas, dont c’était l’intention délibérée et explicite, ce qui n’a d’ailleurs jamais nécessité d’enquête puisque le Hamas le revendiquait spontanément.

Chacun peut se tromper ou se fourvoyer, que se soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Goldstone en est peut-être pardonnable en tant que personne privée, en particulier s’il tire des conclusions pratiques de ses rétractations et met tout en œuvre pour  tenter de réparer les dégâts considérables causés à l’image d’Israël.

Mais en tant que personne publique le juge Goldstone est impardonnable parce qu’il a commis des fautes professionnelles et méthodologiques. Il est donc impératif de ne plus jamais exposer autrui à son incompétence. Dans son article du « Washington Post » il déclare que « s’il avait su à l’époque ce qu’il sait aujourd’hui il n’aurait jamais condamné Israël », mais se garde de dévoiler ce qui l’a fait changer d’avis, ce qui continue à le rendre suspect.

L’excellente « Analyse Critique du Rapport Goldstone » publiée il y a un an par la revue « Controverses » http://www.controverses.fr/ prend aujourd’hui un relief particulièrement saisissant de ce point de vue. Il y est démontré que le rapport Goldstone était biaisé dès le départ quel que soit l’angle sous lequel on l’examine, à commencer par la nature du commanditaire du rapport, la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU présidée un temps par la Lybie de Kadhafi. «  Controverses » démontre à quel point le  rapport Goldstone était bâclé en faisant l’impasse sur la nature du Hamas, régime terroriste s’attaquant aux civils et ayant pour doctrine officielle la liquidation de l’Etat d’Israël.

Ne pas pardonner au juge Goldstone en tant que personne publique consiste à ne plus lui permettre d’accéder à une fonction de quelque nature que ce soit ayant un  lien avec le droit international. Le scandale que constitue son rapport mensonger est lourd de conséquences non seulement pour Israël, mais pour toutes les démocraties aux prises avec le terrorisme, qui n’est plus aujourd’hui le fait de  groupuscules mais de véritables armées financées par des Etats-voyou. Ces armées disposent de moyens de moyens considérables échappant au contrôle d’instances internationales relevant de la Convention de Genève.

Il n’y a qu’à observer le sort que réserve le Hamas à Guilad Shalit, l’otage israélien dont on ne sait même pas s’il est en vie. Celui-ci n’a beau être qu’une seule parmi les nombreuses victimes du conflit Israélo-arabe, la manière dont il est traité en dit long sur la conception du Hamas des droits de l’homme.

Le juge Goldstone a tenté de déposséder Israël de son droit à la légitime défense.

Il ne faut pas pardonner au juge Goldstone.

Les ONG d’Israël et les faux amis

J’ai récemment assisté à un débat organisé par «La Paix Maintenant» à Université de Tel Aviv entre Yariv Oppenheimer, Secrétaire Général du mouvement, et Dany Danone, membre de la Knesset et président du Likoud Mondial. Le débat avait pour objet la proposition du Likoud de créer une Commission Parlementaire afin de vérifier les sources de financement  des ONG israéliennes.

Les deux orateurs sont des personnalités aux sensibilités politiques notablement divergentes. Ils ont cependant en commun d’être des sionistes convaincus et militants. Ce qui les sépare en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien est l’analyse du problème et donc les solutions qu’ils préconisent.

En conséquence, je me suis surpris à être d’accord avec tous deux en ce qui concernait l’objet du débat.

D’une part je crois tout comme Yariv Oppenheimer que la liberté d’expression doit être préservée en dépit des risques inhérents à tout régime démocratique, où il arrive que des forces antidémocratiques abusent du système. En outre, la liberté d’expression, comme le dit justement Yariv Oppenheimer, ne doit pas se limiter au droit de publier ou de discourir, mais doit aussi pouvoir s’appuyer sur des soutiens financiers internes ou externes.

D’autre part  je suis d’accord avec Dany Danone qu’accepter l’assistance d’ennemis d’Israël ou d’organisations antisémite est à la fois immoral et dangereux. Les ONG sont à cours d’argent de manière chronique, mais c’est justement une raison de renforcer la vigilance et d’évaluer avec discernement qui l’on veut bien fréquenter.

Le problème est qu’il est difficile, voire impossible de contrôler le flux de financier des ONG dès lors que celui-ci n’a pas de frontières. Même si une Commission Parlementaire arrivait à démontrer que les sources de financement de certaines organisations étaient problématiques, elles trouveraient rapidement le moyen de contourner la difficulté. Par conséquent  je pense qu’il est irréaliste d’attendre d’une Commission Parlementaire de se montrer  capable de durablement déjouer un tel financement.

S’il apparaît qu’une ONG israélienne est hostile à Israël ou à ses institutions, ce doit être à la justice de régler la question, et ceci indifféremment de la source de financement.

La plupart des ONG israéliennes sont cependant de bonne foi.  Mais à la lumière de mon expérience de juif de la Diaspora, il m’apparaît que leurs dirigeants ne sont pas toujours conscients de la nature de certains de leurs adeptes internationaux, qui sont en réalité opposés à l’existence même d’Israël. En outre, bon nombre de ces faux amis sont des antisémites notoires.

Cette anomalie  s’applique bien entendu à la fois à la gauche et la droite de l’éventail politique.

Récemment, une délégation de 35 parlementaires européens d’extrême-droite a été accueillie par des membres de la Knesset et des maires. Les ONG israéliennes qui acceptent de se lier à eux, que ce soit moralement ou financièrement, se fourvoient parce qu’elles n’ont rien en commun avec ces mouvances.

Ce qui se passe avec les ONG israéliennes liées à l’extrême-gauche européenne est comparable. Cette extrême-gauche est viscéralement opposée à l’idée même d’un Etat juif mais utilise ses contacts avec des ONG israéliennes comme alibi pour l’escamoter sous une empathie de circonstance avec les palestiniens. L’extrême-gauche européenne a intériorisé des siècles d’antisémitisme et l’a remis à jour de manière particulièrement malsaine. Elle l’exprime sous couvert d’antisionisme, mais en dehors de ce détail sémantique, le discours est inchangé.

On charge Israël de tous les pêchés d’Israël, et la boucle de l’antisémitisme est bouclée.

En conclusion, j’estime qu’il appartient aux ONG israéliennes d’examiner de manière critique le profil des organisations disposées à les soutenir. Elles devraient décliner toute aide, de quelque nature que ce soit, de mouvements fleurant une idéologie incompatible avec la leur. Le rôle d’une Commission Parlementaire de la Knesset pourrait alors être de se renseigner sur les véritables motivations de soutiens d’origine étrangère, et de communiquer leurs conclusions aux ONG locales afin qu’elles  soient en mesure de filtrer elles-mêmes les concours qu’on leur propose.

La détestation selon Stéphane Hessel

Que Stéphane Hessel s’inquiète de la marche du monde, et en appelle à l’indignation dans son opuscule récent (« Indignez-Vous! »), on peut le comprendre. Mais quand il publie un texte qui est supposé avoir vocation universelle et qu’il dénonce les guerres qui font rage en ne trouvant rien d’autre que de mettre Israël en évidence pour illustrer son propos, c’est son texte lui-même qui en devient indigne. Stéphane Hessel va jusqu’à éprouver de la compréhension pour le Hamas et apprécie le dialogue avec ses dirigeants comme s’ils étaient des gens normaux qui n’envoyaient pas leurs enfants se faire exploser sur les enfants des autres.

Le propos de Hessel consiste supposément à dénoncer la guerre et l’injustice dans le monde entier et d’en débusquer les causes, or afin de bien se faire comprendre, il pointe un doigt accusateur vers Israël comme étant l’endroit emblématique, symptomatique et représentatif de toutes les guerres et injustices qui sévissent sur la planète.

Ce texte n’est pas un pamphlet contre Israël, mais contre le Mal qui ronge le monde. Hessel dénonce Israël sous forme de procédé pédagogique visant à que le monde comprenne de quoi le Mal a l’air. Et il l’air comme Israël, d’après lui.

Le texte de Stéphane Hessel est destiné à un public qui n’a ni le temps ni les ressources pour se documenter en profondeur. Or en désignant Israël nommément comme référence identifiant le Mal, cela revient à une incitation à la haine.
S’il avait sérieusement voulu en appeler à l’indignation des masses au lieu de céder à sa détestation obsessionnelle d’Israël (Cfr Richard Prasquier, président du Crif) il aurait été plus approprié de s’attaquer à l’islamisme, ou plus largement à l’instrumentalisation de l’Islam pour opprimer des populations entières. L’islamisme alimente objectivement la plupart des conflits au monde, donc s’il y a quelque chose d’emblématique du Mal à notre époque, c’est bien l’islamisme. Plus largement encore, il aurait pu s’attaquer au déni de démocratie en Chine ou sur le continent africain. Au lieu de cela il s’en prend à Israël, qu’il voue à la vindicte publique comme au bon vieux temps du bouc émissaire.

Pour mémoire, Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, seul îlot de lumière dans cette mer d’obscurantisme, seul terre où la femme est l’égale de l’homme et où la liberté de conscience et d’expression est totale. Israël est aussi le seul endroit au monde où les arabes ont un droit de vote réel en tant qu’arabes dans un Parlement digne de ce nom. Hessel aurait mieux fait d’en appeler au monde à non seulement reconnaître cette réalité, mais surtout à faire savoir que c’est précisément à cause de cela que le droit à l’existence d’Israël est contesté.

Quand Hessel profère mensonge sur mensonge en se basant sur les mensonges des autres (Goldstone) dans le seul but de se faire valoir aux yeux de l’opinion publique, il en flatte les instincts les plus bas par un populisme suffisant. Peu importe dans ces conditions qu’il ait été résistant, parce que ce qu’il fait maintenant évoque plutôt Pétain : héros d’un combat, autiste lors d’un autre combat.

Israël s’est conduit le mieux possible lors de l’opération « Plomb Durci ». Cette opération n’a eu lieu qu’après qu’un million d’israéliens du Sud d’Israël aient été bombardés huit années durant et eu leur vie ponctuée par une course quotidienne aux abris. Israël ne s’est résolu à répliquer par la force qu’après avoir épuisé tous les autres moyens, tout en s’efforçant de minimiser les victimes civiles. Les trois-quarts des morts côté palestiniens furent d’ailleurs des « activistes » selon les sources mêmes du Hamas. L’essentiel des pertes israéliennes furent occasionnées par des erreurs de tirs de Tsahal soi-même, ce qui en dit long sur la complexité de la guerre urbaine.

Le premier devoir des dirigeants israéliens est d’assurer la sécurité de leur population, n’en déplaise aux beaux esprits. En même temps Israël est de la plus haute exigence vis-à-vis de soi-même et n’a de leçons à recevoir ni de la France ni du reste de l’Europe, dont pratiquement chacune des composantes s’est conduite de manière autrement barbare qu’Israël dans des situations analogues.

Stéphane Hessel ou l’innocence de la jeunesse

Stéphane Hessel à 93 ans, mais il n’est pas vieux. Quand il passe à la télévision on est frappé par sa vitalité, sa présence d’esprit et sa capacité d’écoute. La fraîcheur de sa vision du monde est particulièrement manifeste dans le texte qu’il vient de publier, où il appelle les générations montantes à s’indigner.

Il démontre qu’il vit avec son temps en clamant que sa principale indignation dans le monde actuel concerne la Palestine. Pas le Soudan, pas la Tchétchénie, pas l’Afghanistan, pas l’islamisme ni les dictatures. Non. C’est Israël qui est pour Stéphane Hessel la cause première des malheurs du monde. Rien de nouveau sous le soleil, disait déjà le Roi Salomon dans l’ « Ecclésiaste ».

La manière dont Stéphane Hessel manipule les contrevérités et les élucubrations antisionistes pour mettre en cause Israël – seule démocratie du Moyen-Orient – prouve qu’il est en phase avec son époque. Au lieu de défendre Israël comme un modèle dont pourraient s’inspirer les 22 dictatures qui l’entourent, il renverse le miroir et présente Israël comme un danger, ce qui est un comble. Au lieu d’attribuer le malheur des gazaouis au Hamas, il compatit avec cette mouvance mafieuse qui défenestre et mutile ses opposants en braillant que la loi de la Sharia doit être la référence universelle de l’humanité.

Stéphane Hessel mentionne dans son texte indigent les trois millions de réfugiés palestiniens comme si Israël y était pour quelque chose. En réalité c’est monde le arabe qui les confine dans des camps depuis des décennies afin de détourner l’attention des opinions publiques des vrais problèmes, à savoir la corruption et l’analphabétisme, et conséquemment le sous-développement. Il brandit un doigt accusateur contre Israël en mentionnant les morts de l’opération « Plomb Durci », alors que de l’aveu même du Hamas ces morts furent principalement des membres des milices participant aux bombardements des agglomérations civiles du Sud d’Israël.

La principale indignation de Stéphane Hessel, donc, concerne l’existence d’Israël. Il doit avoir raison, parce que si Israël disparaissait, les 22 dictatures qui l’entourent se transformeraient en Etats de droit, les femmes accèderaient à l’égalité, le chômage et l’ignorance disparaîtraient. C’est aussi simple que cela. On ne saisit pas bien pourquoi ni comment, mais il suffit de le réitérer avec suffisamment de constance pour que cela finisse par devenir vraisemblable. Surtout qu’il ne s’agit que de six millions de juifs concentrés dans un pays minuscule.

Stéphane Hessel regrette qu’il y ait peu de peuples qui tirent les leçons de l’Histoire. Mais il est probablement trop jeune pour se souvenir du passé. Sinon il saurait que s’il y a un bien peuple au monde qui tire les leçons de l’Histoire, c’est celui qui a fondé l’Etat Juif.

« A un ami israélien » de Régis Debray à Barnavi

L’écrivain et essayiste Régis Debray a récemment écrit un ouvrage intitulé « A un ami israélien » où il s’exprime sur le conflit israélo-arabe en s’adressant à Elie Barnavi, historien et ex-ambassadeur d’Israël à Paris. Je suis pour ma part en désaccord avec Barnavi, mais de la manière dont on peut l’être avec un juif israélien que l’on respecte. Je suis sceptique quant à son opinion comme quoi la solution israélo-palestinien devrait être imposée de l’extérieur. A partir du moment où Israël est une démocratie, je ne vois pas en vertu de quoi les Etats-Unis ou l’Union Européenne seraient habilités à déterminer la politique de son gouvernement.

Quant à Régis Debray, et en dépit de sa très belle plume, je pense que son point de vue sur Israël à travers ses écrits est détestable. Il se sert de poncifs anti-israéliens (pêché originel, colonisation, religion, apartheid, etc.. ) qui relèvent d’un antisionisme primaire. Il a en revanche un penchant affectif pro-palestinien marqué, ce qui est son droit, mais ce qui ne lui donne pas celui de falsifier l’Histoire. Le péché originel n’est pas du côté d’Israël comme il le prétend : il est du côté arabe qui a refusé le partage de la Palestine en 1948.

Cependant le fond de la pensée de Régis Debray perce à travers ses sophismes. Son discours rappelle celui de certains pionniers du sionisme qui regrettent qu’Israël ne se soit pas développé en centre spirituel uniquement. Cela sonne bien, mais en réalité c’est ce qu’ont tenté sans succès les juifs tout au long de 2000 ans d’Exil, ce qui a abouti à la nécessité de se constituer en État souverain « à l’intérieur de frontières sûres et reconnues » (résolution 242 de l’ONU).

Debray ne va pas jusqu’à nier le droit à Israël à l’existence, mais il y met des conditions telles que cela revient au même. C’est l’archétype du Gentil qui n’est à l’aise qu’avec des juifs intelligents mais peu musclés, à la rigueur religieux, de bonne compagnie, mais qui savent s’éclipser quand il le faut. Bref, il trouve qu’Israël est trop juif.

Il y des gens qui critiquent durement Israël tout étant amis. Je ne trouve pas que Debray rentre dans cette catégorie parce ce que, comme dit Claude Lanzmann, il n’y comprend rien. Or quand on s’appelle Régis Debray et qu’on n’y comprend à ce point rien, ce n’est pas l’intelligence qui est en cause, mais l’amitié. Il illustre parfaitement l’adage selon lequel avec des amis comme lui on n’a pas besoin d’ennemis.

 

Antisémitisme et modernité

Un juif vivant aujourd’hui en Occident n’a pas à craindre les institutions ni le pouvoir en place. Mais peut-on croire que c’est définitif au regard de l’Histoire, en France où ailleurs, alors qu’il y a encore des gens en vie qui ont connu le « Statut des Juifs », quand on trouvait en plein Paris des panneaux « interdit aux juifs et aux chiens » ? Et comment oublier que, bien après la Shoah, l’Europe de l’Est, l’Union Soviétique et la plupart des pays arabes pratiquèrent un antisémitisme d’État dont on n’ose imaginer les effets si Israël n’avait été là pour accueillir les masses de juifs en déshérence ?

La modernité n’a rien changé à l’antisémitisme. De l’Argentine à la Russie, du Danemark à l’Afrique du Sud, de la Malaisie au Pakistan, du Venezuela à l’Iran, dans le monde entier des institutions ou des personnes juives sont le théâtre de violences physiques ou verbales de manière récurrente. L’idée que l’antisémitisme appartient au passé et serait dû à l’ignorance et à l’obscurantisme est fausse. Heidegger, Céline, Luther, Érasme, Maurras, Balzac, Wagner, Proudhon n’étaient ni ignorants ni obscurantistes.

Si Israël disparaissait, les juifs pourraient se retrouver à la merci d’un antisémitisme que rien n’arrête en temps de crise. Pense-t-on que l’Histoire est finie, que tout est dit sur la société humaine et qu’il n’y plus qu’à se laisser porter par la logique de la modernité pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Oublie-t-on que Voltaire fut un antisémite virulent ? Le Siècle des Lumières a permis l’émancipation des juifs, mais n’a en rien diminué l’antisémitisme. Au contraire : l’émancipation l’a renforcé, parce qu’en sortant des ghettos et  en devenant des citoyens à part entière, les juifs furent perçus comme des concurrents au plan intellectuel, politique, scientifique et économique.

Avancer qu’Israël n’a pas résolu la question juive parce que la guerre y sévit est inepte. C’est oublier que la France et ses voisins n’ont eu de cesse que de guerroyer tout au long de l’Histoire avant d’arriver à une pacification relative. Qui remet en question la légitimité de la France malgré les zones d’ombres qui certaines de ses frontières, en métropole comme ailleurs ? Pourquoi l’État d’Israël n’aurait-il les mêmes droits ?

Qui défendait les juifs avant l’État d’Israël ? Pour un seul Zola, combien de Maurras, combien de Drumont, combien de Brasillach, combien de Céline, combien de Laval ?

Le fait que la France ne soit pas officiellement antisémite ne change rien à l’intemporalité de la question juive, dont la seule solution légitime, pragmatique, pratique, praticable, pratiquée et qui sans aucun doute possible a fait ses preuves, c’est l’État d’Israël. Il y a une extraordinaire cécité à ne pas voir que la sécurité relative des juifs en Diaspora s’adosse à l’État d’Israël. Comment ne pas comprendre que chaque antisémite, qu’il soit une personne, un groupement ou un régime sait aujourd’hui que l’État d’Israël riposte à la judéophobie sans faillir, quel que soit l’endroit de la planète où elle se manifeste.

Quand le Conseil de l’Europe chercha un maestro pour adapter « l’Ode à la Joie » en hymne européen, il ne trouva rien de mieux que de confier la tâche à Von Karajan, immense musicien, mais ancien membre du parti nazi, pour chanter la fraternité humaine. Les nazis ont aujourd’hui pratiquement disparu, mais d’autres fanatiques promettent à leur tour d’éliminer ceux qui s’opposent à leur vision du monde.

On peut penser dans notre vieille Europe que ce nouveau fléau n’est qu’un mauvais rêve, que cela passera comme une mauvaise grippe. On peut le penser. Mais les juifs en Israël, sous le feu des missiles, n’ont que faire de ce que pense l’Europe, cette Europe judéophobe dont le sol n’est pas encore sec du sang juif versé dans l’indifférence la plus totale, toutes nations confondues. L’Europe et ses penchants criminels, comme dit Jean-Claude Milner, l’Europe amnésique traînant sa gueule de bois après un vingtième siècle sinistre, l’Europe titubant dans les relents des improbables noces nazies et staliniennes, l’Europe avachie qui s’ébroue, attend et remet tout à des lendemains qui forcément déchanteront.  Non, décidément non, cette Europe-là n’a pas de leçons à donner aux juifs.

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