Question sans réponse.

 « Raphaël  chéri. Si je te disais que tu es mon genre, comme tu dis, il se passerait quoi exactement ? » La question de Virginia  commence par une invite toute en douceur, censée créer un climat propice. Ensuite vient l’énoncé d’une hypothèse, d’apparence neutre, comme si elle n’en avait pas la clé. Il s’agit de ne pas s’impliquer, ou du moins d’en différer le moment. Nous ne pouvons donc pas savoir si Raphaël  est son genre. Virginia le somme néanmoins de dire en quoi cela lui bénéficierait s’il l’était.

Si Raphaël  n’est pas son genre, alors la question ne relève que de la curiosité.  Chercher à comprendre ce qu’il pourrait bien avoir à offrir, étant donné son statut de célibataire marié, de son mode de vie solitaire et de son autonomie sexuelle. L’impression d’une enquête en cours est encore renforcée quand Virginia croit approprié d’élargir son champ d’investigation, en rectifiant le tir : « Bon attends. Pas moi. Mais une femme qui serait ton genre, elle vivrait quoi avec toi ? »

Si l’on s’en tient à la version initiale, qui la concerne explicitement, la réponse ne peut avoir de valeur dès lors que la question n’est que théorique et fait l’impasse sur une éventuelle chimie du désir. Poser la question de cette manière est en soi problématique, parce qu’elle fait penser à l’amorce d’une négociation. Vu sous cet angle, la question de Virginia suggère qu’elle serait disposée à dire à Raphaël  qu’il est son genre, mais en échange de quelque chose, et donc pas forcement en phase avec la vérité.

Virginia a d’ailleurs déjà affirmé par le passé que Raphaël  n’était pas son genre. Mais elle l’a fait de manière ambigüe, puisqu’elle mettait en avant des considérations d’ordre éthique. Normalement, ne pas être le genre de quelqu’un est subjectif et ne doit  pas être étayé. On peut en revanche avoir un penchant, et même l’admettre, tout en s’empêchant d’y céder.

Virginia  est donc revenue à la charge avec une hypothèse qu’elle avait pourtant commencé par exclure. Si en fin de compte elle déterminait que Raphaël était décidément son genre, le seul fait de l’exprimer constituerait dans son esprit une sorte de transgression. De là son prénom.

Annie Ernaux et la bête immonde

Annie Ernaux est une écrivaine française de talent, dont l’œuvre est essentiellement autobiographique. Elle vient d’un milieu modeste, où ses parents étaient exploitants d’un café-épicerie après avoir été ouvriers. A force de travail et de persévérance Ernaux arrive à s’extraire de son milieu et devient agrégée de lettres. Elle gardera toute sa vie un sentiment de culpabilité par rapport à la classe sociale dont elle est issue, mais , dont elle s’est éloignée par la force des choses.

Ernaux est lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Renaudot en 1984 pour son ouvrage « La Place ». Elle figure parmi les grands écrivains français de notre temps. Elle est récemment passée à la télévision sur France 5, où elle était le principal centre d’intérêt. Indépendamment de sa belle plume, on a pu découvrir la dérive morale et intellectuelle de cette  femme de lettres par ailleurs brillante. Ernaux est néoféministe, raciste, indigéniste, communiste, antisémite, décoloniale, neoécologique, propalestinienne, ennemie d’Israël et militante de la France Insoumise depuis 10 ans. Elle est une inconditionnelle Jean-Luc Mélenchon, leader de ce parti islamogauchiste, qui adore lui aussi fréquenter les antisémites de son parti ou d’ailleurs.

Ernaux a cosigné dans le quotidien « Le Monde » une tribune de soutien à Houria Bouteldja, antisémite notoire, et appelé au boycott d’une manifestation culturelle franco – Israélienne.   Son amie Bouteldja juge que Miss Provence était indigne de participer à Miss France, parce qu’elle avait un père israélo-italien.  Elle trouve d’ailleurs d’une manière générale qu’on « ne peut pas être Israélien innocemment » et suggère d’envoyer tous les sionistes au Goulag.  C’est cette scélérate proche des pires ennemis de Juifs que soutient Annie Ernaux, qui n’a même pas l’excuse de l’ignorance.

Colette Avital ou l’emprise du passé

Colette Avital est une femme politique israélienne aujourd’hui à la retraite. Elle a été ambassadeur, consul général, députée, vice-présidente de la Knesset, et candidate à l’élection présidentielle.

Dans une interview au journal Haaretz, elle a récemment relaté qu’elle avait subi il y a près de quarante ans du harcèlement sexuel de la part de  Shimon Peres, Président de l’Etat et Prix Nobel, décédé en 2016. Par la suite ils ont néanmoins collaboré au plan professionnel, et Avital ne s’est jamais exprimée en public à propos des méfaits qu’elle impute maintenant à Peres.

Cette accusation est problématique, parce que si ce qu’Avital avance est vrai, elle n’est pas en mesure de le démontrer, et si elle ment, Peres n’est pas en mesure de se défendre.

Quoi qu’il en soit, le chanteur israélien Nissim Garamè, ami juré de Peres, a appelé les proches du défunt Président à faire entendre leur voix pour défendre sa mémoire. Il a en tous cas fait entendre la sienne, et a déclaré sans équivoque qu’il ne croyait pas Avital, qui d’après lui doit l’ensemble de sa carrière à Peres, sans lequel « elle aurait été employée de supermarché » (sic).  Il est convaincu qu’il s’agit d’une opération de relations publiques destinée à promouvoir l’ouvrage autobiographique d’Avital.

Rina Mazliah, journaliste vedette d’une des principales chaines de télévision, a invité Avital sur son plateau pour qu’elle s’explique sur ses allégations.   En guise de préambule la journaliste a salué le « courage » d’Avital sans que l’on puisse saisir en quoi il est courageux d’accuser un mort,  d’autant que ce genre de « révélation »  est plutôt populaire de nos jours. Mazliah s’est contentée de  présenter Avital comme « victime »  (et non pas comme plaignante), faisant l’impasse sur la présomption d’innocence due au disparu. Elle a bien entendu le droit de croire ce qu’elle veut,  mais un minimum de décence n’aurait pas nui à la qualité de son émission.

Guy Peleg, ce vigoureux zélote du politiquement correct, est un journaliste et commentateur spécialisé en matière juridique.  Il s’est exprimé à ce sujet en disant qu’il était enclin à croire Avital du fait qu’il ne voyait pas quel pourrait être son intérêt de formuler des accusations invérifiables. Il n’a cependant pas précisé dans quelle mesure il a cherché à vérifier.

Il y eut à l’époque une rumeur selon laquelle Avital et Peres entretenaient une liaison secrète, ce que les intéressés ont toujours nié.  Par ailleurs les deux ont été de farouches rivaux lors  des élections présidentielles de 2007, que Peres à fini par remporter.

Ces épisodes ont peut-être laissé des traces douloureuses chez Avital, qui maintenant éprouve le besoin de faire le point auprès du public.

Merav Michaeli ou le monde du contraire

Merav Michaeli est une journaliste et femme politique israélienne de 54 ans. Elle est députée du parti travailliste depuis une dizaine d’années, et en exerce actuellement la présidence. C’est une néoféministe radicale qui se revendique « child-free » (sans enfant par choix). Elle pense que le statut de mère est un fardeau, qu’il est source d’inégalité et qu’il constitue un handicap pour la vie professionnelle. Par ailleurs Michaeli est opposée à la GPA[1] (gestation pour autrui), estimant que la location d’utérus relève d’un trafic de femmes.

Michaeli estime que la cellule familiale est un lieu toxique pour beaucoup d’enfants, et qu’ils devraient être enlevés à leurs parents biologiques dès la naissance pour être confiés à l’Etat. Celui-ci se chargerait ensuite de les placer auprès de personnes dûment habilitées à les élever [2].

Michaeli est par ailleurs d’avis que la société devrait supprimer l’institution du mariage, celle-ci étant un vestige d‘une époque où les femmes n’avaient pas de droits[3].

Michaeli, ayant une large audience en Israël, doit avoir influencé de nombreuses femmes à être comme elle « childfree ». Mais la semaine dernière, coup de tonnerre dans un ciel rose : on apprend que Michaeli et son compagnon ont payé une mère porteuse pour mener à bien une grossesse pour leur compte.

Il n’est pas clair si l’embryon transplanté dans cette mère porteuse est génétiquement celui de Michaeli et de son compagnon. Interrogée sur son revirement, Michaeli déclare à la presse qu’elle n’a pas changé d’avis concernant la maternité, mais affirme avoir cédé au désir d’enfant de son compagnon. Aux dernières nouvelles elle n’a pas été soumise au détecteur de mensonge après cette déclaration.

Michaeli n’en est pas à son premier reniement : le parti travailliste qu’elle préside est depuis les origines du mouvement sioniste l’un de ses pionniers les plus illustres. C’est le parti de Ben Gourion, d’Itzhak Rabin et de nombreux autres héros d’Israël. Or Michaeli a décidé de donner un siège à la Knesset à Ibtisam Mara’ana, cinéaste antisioniste qui d’après ses propres dires aurait aimé écrire un scénario où elle imaginerait la destruction de la ville de Zikhron Ya’akov et expédierait ses habitants en Pologne ou aux Etats-Unis, tout en précisant que les Juifs sont un peuple lâche, cupide et dominateur.

Michaeli, femme de gauche, est actuellement ministre dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite. A la réflexion c’est logique dans le monde du contraire de Merav Michaeli.

[1] Cet article de 2013 cite le point de vue de Michaeli sur la GPA :

 אני רואה את זה כדבר מאוד מאוד בעייתי, סוג של סחר בגוף של נשים שמתבצע בחדווה שלא מתקבלת על דעתי. האופן שבו אנשים שאין להם יכולת להביא ילדים לעולם פונים לאישה שצריכה לעבור טיפולים הורמונליים, הריון ולידה עם כל מה שכרוך בזה ואז למסור את הילד, איך להגיד זה, זה לא נראה לי כסביר. הרי מי שעושות את זה הן נשים שזקוקות נואשות לכסף, זאת אומרת אלמנט הבחירה פה הוא קצת מפוקפק  לא בכדי חברות הפונדקאות הגדולות הן בכל מיני מקומות נחשלים בעולם בהן הנשים מוחלשות באופן דרמטי. גם במדינת ישראל מי שעושה פונדקאות זקוקה מאוד לכסף, והתמורה שנשים מקבלות עבור פונדקאות היא לדעתי ממש לא בפרופורציה למחיר שהן משלמות בגוף ובנפש על התהליך הזה. »

« אני חושבת שמי שלא יכולה ללדת ונורא רוצה ילדים וילדות הדבר ההגיוני לעשות הוא לאמץ ולא ללכת לפונדקאות, ואני אומרת את זה בלי שום הבדל מגדרי. אבל אם מותר בישראל לעשות פונדקאות אז זה צריך להיות נגיש לכולם. להגיד לך שזה מאבק שאני אנהל בשמחה- פחות. יחד עם זאת, ודאי שלא אתנגד לזה ואהיה שותפה. לעומת זאת, מה שאני כן אנהל בשמחה רבה ובמאמץ גדול זה את השוואת תנאי האימוץ. אין ספק שזה דבר שחייב להיעשות ואנחנו נעשה אותו בהקדם. -To do list  שלי, ודי גבוה

המשפחה הגרעינית, כפי שאנחנו מכירים אותה, היא המקום הכי פחות בטוח לילדים

 המדינה צריכה להציע שני הסכמי ברירת מחדל: אחד הוא המשמורת על הילדים. לילד יכולים להיות יותר משני הורים; הם לא חייבים להיות הוריו הביולוגיים בהכרח, ותנאי נוסף שלדבריה המדינה אמורה לקבוע הוא שאדם שיזכה להיות הורה לילד יהיה חייב לעמוד בקריטריונים שהמדינה תפקח עליהם, ובמסגרתם ציינה כי  זה צריך לכלול הרבה חופש עבור הילד, להיות מי שהוא או היא

[3] Il s’agit d’un discours d’une vingtaine de minutes à la télévision australienne, où Michaeli plaide pour l’annulation du mariage, arguant que cette institution n’a d’avantage que pour les hommes. Ce discours se termine par un appel vibrant aux femmes les exhortant à ne pas se marier:

« We must cancel marriage, so we can have a new dream, or better yet, many kinds of new dreams. And until then, create your own agreements, have your own arrangements, but, needless to say, don’t get married.

GPA pour tous en Israël

La GPA (gestation pour autrui) est une technique médicale consistant à transplanter un embryon dans l’utérus d’une femme pour le compte d’autrui. La mère porteuse n’a ni droits ni devoirs envers l’enfant à venir. Une fois qu’elle a accouché, elle cède le nouveau-né à la contrepartie selon des modalités convenues à l’avance de manière contractuelle.

La GPA a été légalisée en Israël dès 1996 pour les couples hétérosexuels, et peu après amendée en faveur des femmes célibataires. Mais considérant que cette loi avait encore toujours un caractère discriminatoire, la Cour Suprême a fini par l’étendre aux couples homosexuels et aux hommes célibataires.

Mais légiférer en matière de GPA n’a pas de sens, parce que les questions éthiques ne peuvent être résolues ni par des juristes, ni par des scientifiques. L’Etat est un mal nécessaire qui n’a d’autre fonction que celle de régler les rapports entre citoyens, et non pas de décréter des valeurs. Il n’a pas à se prononcer sur l’intimité ou la liberté ontologique des êtres humains.

Concernant la GPA, il s’agit plutôt d’examiner si son application relève du droit naturel. Le droit naturel est un concept philosophique qui pose que chaque être humain possède des droits du seul fait de son appartenance à l’humanité. Par exemple, chacun a droit à la vie, à la santé, à la liberté et à la propriété.

Les partisans de la GPA revendiquent le droit d’avoir des enfants au nom du droit naturel d’être parent.

Les mères porteuses revendiquent le droit de gestation pour autrui au nom du droit naturel de disposer de son corps.

Mais les droits naturels devraient être applicables également aux enfants « produits » par GPA. Comme ceux-ci n’ont pas les moyens de se faire entendre avant de naître, ils pourraient exiger plus tard des éclaircissements et seraient justifiés de poser les questions suivantes :

Est-il éthique de priver d’office et d’avance un enfant du droit naturel de se construire une identité conforme à son origine génétique, à ses liens familiaux et à ses racines culturelles ?

Est-il éthique de priver d’office et d’avance un enfant du droit naturel d’être aimé et élevé par un couple constitué par une femme et un homme ?

En d’autres mots, la GPA est-elle éthique ?

Don Juan le nietzschéen

L’œuvre à l’origine du mythe de Don Juan est une pièce intitulée « Le Trompeur de Séville », écrite par un moine et dramaturge espagnol nommé Tirso de Molina. Mais alors que le personnage de Tirso de Molina blasphème et court les jupons tout au long de sa vie, il finit malgré tout par se repentir et demande même l’absolution avant de mourir. Le thème de Tirso de Molina est donc une condamnation radicale de la débauche et de la mécréance, et pose que le Ciel finit toujours par châtier les hommes qui croient pouvoir défier le Divin sans en payer le prix en fin de compte.

Mais le personnage de Don Juan de Molière et de Mozart est plus nuancé et aussi plus complexe. Il s’agit d’un homme cultivé et libertin dans l’acception du 17ème siècle, c’est-à-dire un libre penseur affranchi de la religion et des interdits sexuels. Il n’a ni foi ni loi, entend aller au bout de ses appétences et satisfaire sa sensualité sans se préoccuper de la question morale. C’est un personnage transgressif qui casse les codes et qui se moque des conventions sociales. Sa quête du plaisir est insatiable, ce qui l’emmène à séduire les femmes les unes après les autres sans penser aux conséquences, et à les oublier aussitôt conquises.

Pour arriver à ses fins Don Juan se  sert de l’appât du mariage comme mécanisme de séduction, et démontre qu’aucune femme n’y résiste. Alors que l’on voit bien que Don Juan est sensible aux femmes en tant que telles, celles-ci n’entendent que ce qu’elles veulent bien entendre, et l’idée de convoler en justes noces prend le pas sur toute autre considération. Même quand elles sont déjà fiancées, promises ou mariées,  elles se font piéger par Don Juan non pas parce qu’elles pensent  qu’il est une meilleure personne, mais parce qu’il incarne un meilleur mariage.  C’est une arme absolue dans ses mains, qu’il s’agisse de dames de haut rang ou de jeunes filles crédules et modestes, toutes succombent au mirage du mariage que Don Juan manie avec virtuosité. En d’autres mots, et pour l’exprimer de manière triviale, Don Juan se marie pour baiser alors que ses victimes baisent pour se marier.

Le personnage de la pieuse Elvire est emblématique de ce point de vue.  En échange d’une promesse de mariage Don Juan fait sortir cette jeune aristocrate du couvent où elle vit recluse en attendant le parti que lui destine sa famille . Don Juan l’enlève du couvent et l’épouse, mais comme pour toutes les autres, l’abandonne dès consommation. Les frères d’Elvire le recherchent pour lui régler son compte, mais Don Juan leur échappe et continue sa course effrénée au plaisir malgré les risques qu’il encourt et l’étau qui se ressert autour de lui.

Don Juan raille jusqu’à son dernier souffle ceux qui le conjurent de se repentir. Aussi bien son valet que son père s’emploient à essayer de le convaincre de retourner dans le droit chemin, mais rien n’y fait parce qu’il n’a aucune intention, ni aucune raison de son point de vue, de changer de vie. C’est un héros tragique, un personnage nietzschéen qui se veut surhomme qui assume son destin jusqu’au bout, et qui finit – littéralement – par mourir de plaisir.

DSK ou la coupable innocence

Tristane Banon est une romancière et journaliste française. En 2011 elle porte plainte contre Dominique Strauss-Kahn[1], l’un des amants de sa mère, pour tentative de viol dont elle affirme avoir été l’objet en 2003.  Le parquet de Paris ouvre une enquête, mais Strauss-Kahn nie les faits et porte plainte en diffamation contre Banon. Il est entendu par des enquêteurs, et admet avoir tenté sans succès d’embrasser Banon au cours de l’interview qu’elle était venue lui faire dans son appartement. Quelque temps plus tard le parquet classe la plainte sans suite, estimant ne pas avoir suffisamment d’éléments pour engager des poursuites.

Banon a récemment été invitée à participer à l’émission « c’est à vous » sur France 5 afin d’évoquer cet épisode de sa vie. Elle revient dessus avec sa version, ce qui est légitime.  Mais le parti-pris dont elle bénéficie de la part des journalistes et chroniqueurs, et l’unanimité de ceux-ci contre Strauss-Kahn est digne de la presse de Corée du Nord. Pour mémoire, Dominique Strauss-Kahn a été trainé en justice  à plusieurs reprises dans le cadre d’affaires de mœurs, mais a été relaxé à chaque fois.  N’ayant jamais été condamné il dispose donc d’un casier judiciaire vierge.

Au cours de l’émission, l’animatrice et ses collègues qualifient sans nuance Banon de « victime » sans tenir compte, à aucun moment, du fait que dans cette affaire il s’agit de la parole de l’un contre l’autre. D’une part Banon n’est donc pas une « victime »,  mais une plaignante, et Strauss-Kahn n’est pas un coupable, mais un plaignant, eu égard à sa plainte pour diffamation.

Non seulement les justiciers de cette émission-tribunal se moquent de la présomption d’innocence, mais justifie en plus le lynchage médiatique subi par Strauss-Kahn.

A quand l’invitation de Strauss-Kahn sur ce même plateau par les mêmes journalistes ?

[1] Dominique Strauss-Kahn, dit « DSK » est un économiste et homme politique, et fut directeur général du FMI jusqu’en 2007.  Candidat potentiel à la présidence de la république il se retira de la vie publique après sa mise en cause dans le cadre d’une accusation d’agression sexuelle à New York, bien qu’ayant bénéficié en fin de compte d’un non-lieu.

Woody Allen et la femme.

Saisir la pensée de Nietzsche n’est pas facile, mais Woody Allen nous y initie sans même en avoir conscience. Cette pensée s’exprime entre raison et passion, harmonie et rage, ordre et transgression, sensé et insensé, réel et imaginaire, angoisse et humour, technique et art, le tout par delà le bien et le mal.

Ces films traitent souvent du gouffre entre désir masculin et féminin. Ce thème est en filigrane de chaque scénario, même quand ce n’est pas le cœur de l’intrigue. La sexualité masculine y est décrite comme ne pouvant être comprise par les femmes. Tout juste peuvent-elles intérioriser que l’homme est différent, mais sans jamais comprendre en quoi cela consiste.

« Le sexe apaise les tensions, l’amour les provoque », dit Woody Allen. L’immédiateté de la pulsion sexuelle masculine oblige l’homme à se tempérer au moyen de la dissimulation, voire à celui d’une sorte d’hypocrisie. La raison en est que cette pulsion ne se confond pas avec l’amour, de la même manière que la vue ne se confond pas avec l’ouïe. Cette réalité est très obscure pour la femme.

Il y a parfois des personnages féminins qui donnent l’impression qu’en matière sexuelle elles se comportent « comme des hommes », mais il y a toujours un moment ou il s’avère que ce n’était qu’un leurre (pas forcement conscient, une « ruse de la nature » comme dit Schopenhauer). Ces femmes s’offusquent alors de ce que l’homme ait pu les prendre au mot quand sonne l’heure du passage à l’acte.

Un schéma récurrent dans les films de Woody Allen consiste à mettre en scène un homme et une femme, parfois dans l’intimité de la chambre à coucher, où ils se demandent l’un l’autre ce qui est arrivé à leur couple, a priori assorti et qui a de beaux souvenirs communs. Le déclenchement de cette remise en question est généralement le constat qu’ils ne font plus l’amour. La femme dit invariablement que c’est passager, que cela reviendra, et demande à son partenaire de patienter, mais lui s’impatiente.

Le désir d’enfant  qu’éprouve la femme surgit dans plusieurs films sans que l’on sache au juste s’il s’agit d’une aspiration à la maternité, d’un piège pour verrouiller la relation, ou au contraire pour la femme de se passer d’un géniteur superflu une fois l’enfant advenu. La réaction masculine est dans ce cas à l’opposé : sa pulsion sexuelle se confond avec sa raison d’être, mais comme il peine à l’admettre il diffère le projet sans en dévoiler la raison.

Extrait d’un monologue de ses films (Je reprends de mémoire sans garantir la littéralité, mais le sens y est) : « Je pense au sexe en permanence. Cela ne me lâche jamais, à aucun moment du jour ou de la nuit.  Tout le monde est-il comme cela ? Même le Président  des Etats-Unis ? [il s’interrompt en prise  à une hésitation, puis poursuit :] « bon, ce n’est peut-être pas un bon exemple [on est en plein scandale Clinton – Lewinsky], mais les autres ? Hein, les autres ?

Woody Allen confie dans son autobiographie que son plus grand regret est de n’avoir jamais réalisé un seul grand  film malgré les moyens mis à sa disposition. Mais même s’il est difficile de déterminer lequel pourrait être considéré comme un chef-d’œuvre, sa filmographie est un tout dont chaque partie parle à sa manière de la condition humaine ; c’est en cela que la totalité de son œuvre est au fond un grand  film dans tous les sens du terme. 

J’accuse le boycott de J’accuse

Né en 1933, Roman Polanski n’avait pas vocation à devenir l’un des plus grands cinéastes de tous les temps. Petit de taille, cet grand artiste est un rescapé de la Shoah, qui n’a dû le salut qu’à son évasion du ghetto de Cracovie à l’âge de huit ans, et qui ensuite fut privé d’école parce que Juif.

La mère de Polanski a été assassinée au camp d’extermination d’Auschwitz alors qu’elle était enceinte, et bien des années plus tard son épouse, elle aussi enceinte, a  été massacrée par des monstres. Son père quant à lui a survécu au camp de concentration de Mauthausen.

Polanski a été condamné en 1977 aux Etats-Unis pour abus sexuel sur Samantha Geimer, une jeune fille mineure. Le féminisme contemporain incite à la libération de la parole, ce que Samantha Geimer a mis en pratique en accordant son pardon à Polanski et en déclarant que  sa mésaventure ne l’a traumatisée ni mentalement ni physiquement.  La libération de la parole, c’est aussi cela. 

A chacun de se faire une idée de l’homme Polanski, mais rien dans son œuvre n’est illicite. Les Césars décernés à son film « J’accuse » constituent avant tout un hommage à son talent et à celui de ses collaborateurs.

Non seulement est-il absurde de boycotter « J’accuse », mais il faudrait au contraire en faire la promotion.  Toute opposition à ce film est d’office et d’avance une obstruction au combat contre l’antisémitisme. Les jeunes,  les moins jeunes, les vieux et les ignares en tous genres doivent apprendre ce que fut l’affaire Dreyfus. Qu’ils sachent que cette ignominie a été le terreau de l’antisémitisme de l’Etat français lors de la Shoah. Que c’est l’affaire Dreyfus qui a accouché du régime de Vichy, celui-là même qui a décrété  le « Statut des Juifs » et qui les a envoyés à la mort dans les camps nazis.

Mais l’affaire Dreyfus a aussi accouché d’un autre enfant : l’Etat d’Israël. 

Le scandale Tariq Ramadan

Le scandale Tariq Ramadan n’est pas fait pour conforter l’image d’Edgar Morin, ce penseur juif qui a cessé de réfléchir par haine de soi. Il aurait été préférable que Ramadan tombe sur ses idées plutôt que sur son comportement avec les femmes.

Ce qui est agaçant c’est qu’il a fallu attendre ce scandale pour s’apercevoir que Ramadan était infréquentable. Un élémentaire bon sens aurait pourtant suffi pour trouver que Morin se fourvoyait en accordant du crédit à cet islamiste, compagnon de route du Hamas et petit-fils du fondateur des Frères Musulmans auquel il a consacré une thèse dithyrambique. Sans parler de sa chaire bidon, qui n’est autre qu’une excroissance en dollars du Qatar, cette belle démocratie, en plein milieu d’Oxford.

Morin expliquait cette semaine que Ramadan avait assuré à Madame Morin qu’il était toujours correct avec les femmes. Dont acte. C’est probablement sur base de cela que Morin a déduit que Ramadan devait aussi être correct avec les Juifs. Le problème c’est que Ramadan avait omis de mentionner que les femmes qui se maquillaient et qui n’étaient pas voilées devaient être considérées comme des putes, conformément à sa vision du monde. A chacun ses principes, mais quand bien même cela serait, je ne vois pas en quoi les putes n’auraient pas droit au même respect que n’importe quel autre être humain, mais c’est un autre débat.

Tariq Ramadan n’a peut-être jamais tué personne, mais c’était également le cas de nombreux prédicateurs nazis. Sa chute fait penser au Chicago d’antan: échappant à la justice en tant que gangster, Al Capone a fini par trébucher sur une minable fraude fiscale.

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