Israël démocratique et juif ?

Depuis l’indépendance d’Israël en 1948, et pendant des décennies, il allait de soi que le courant politique dominant était celui d’une social-démocratie accommodante, à la fois avec l’humanisme et  le judaïsme. C’était d’ailleurs ce que la plupart des pères fondateurs avaient souhaité. Mais les temps ont changé, et il va falloir déterminer ce que signifie « Israël Etat juif et démocratique », selon la formule consacrée.

En réalité cette formule implique une hiérarchie dans les termes. La s0ociologie de la population a changé, et l’espèce de consensus  qui a longtemps prévalu ne semble plus avoir cours face à la polarisation de la vie politique. Les nouvelles générations n’ont peut-être pas grandi, à tort ou à raison, avec le sentiment qu’une menace existentielle pesait encore sur Israël.

Suzie Navot est professeure de droit constitutionnel et vice-présidente de la recherche à l’ »Israël Democracy Institute ». Elle est opposée au projet de réforme du gouvernement actuel.  Mais au-delà de cette prise de position il est intéressant d’entendre ce que cette juriste au dessus de tout soupçon  entend par Israël pays « juif et démocratique ».

Au cours d’une interview récente Navot explique que cette formule doit être comprise « dans cet ordre ». En d’autres termes qu’Israël est d’abord juif et ensuite démocratique. Elle estime que le pays ne pourra jamais être cent pourcent démocratique, parce que la démocratie doit parfois céder la place au caractère juif de l’Etat. Cela  entraine que certains droits, au sens humaniste du terme, ne seront jamais accordés dès lors qu’il entreraient en conflit avec des valeurs juives. Navot précise qu’elle assume cela et estime qu’il fait bon vivre dans un tel pays en tant que juif.

Perfide Dieudonné

L’humoriste Dieudonné, antisémite notoire, a récemment demandé pardon aux Juifs en publiant une tribune dans le mensuel franco-israélien « Israël Magazine ».

Il faut que la liberté d’expression soit la plus large possible, ce qui fait que ce périodique est dans son rôle en publiant Dieudonné. Mais cela signifie aussi que l’on est libre de s’exprimer contre ce qui est dit, montré ou publié quand on est en désaccord.

C’est au nom de cette même liberté d’expression qu’il est permis de dire que Dieudonné est haïssable, et que le tort qu’il a fait aux Juifs est impardonnable. Cet énergumène s’est employé sans relâche à semer la haine antijuive dans ses spectacles, dans les médias et au travers de ses engagements politiques. Il a cautionné le négationnisme le plus académique tout comme l’antijudaïsme le plus primaire. Il ne fait aucun doute que de nombreux antisémites se sont sentis confortés par Dieudonné dans leur détestation du monde juif. Il s’est associé à tout ce que le monde compte de plus obscurantiste, barbare et criminel, dans le seul but de nuire aux Juifs de manière à la fois abjecte et efficace, faisant appel aux instincts pervers d’une certaine populace. Dieudonné est de ceux dont les mots peuvent tuer.

Il faut savoir que Dieudonné est inculte et d’une ignorance crasse. Ses déclarations où il prétend regretter le mal qu’il a causé démontrent qu’il n’a toujours pas compris ce que c’est que le peuple juif, ni ce que c’est qu’Israël. Il entend prouver sa bonne foi en mettant en avant son éducation chrétienne, mais cet illettré bête à mourir ne sait même pas que le christianisme est à l’origine de l’antisémitisme, et que c’est même sa raison d’être. Se réclamer de cette religion qui n’a eu de cesse d’appeler à la  persécution des Juifs tout au long de l’Histoire est stupide et d’une coupable maladresse. Dans une interview avec « Israël Magazine », Dieudonné évoque Benoît XVI en guise de maitre à penser. Mais ce Pape a été membre des Jeunesses hitlériennes et a réhabilité une prière catholique consistant à traiter les Juifs de « perfides ».

Mais Dieudonné n’est jamais en panne d’humour. Sa dernière blague en date est à mourir de rire : il  dit qu’il « n’est pas, et qu’il n’a jamais été, antisémite ».

L’Etat d’Israël n’est pas né de la Shoah

L’historien Georges Bensoussan [1] démontrait lors d’une conférence récente à Tel-Aviv que l’idée reçue selon laquelle la compassion de l’Occident après la Shoah aurait facilité la création de l’Etat d’Israël, est une fiction.

Il rappelle qu’après soixante ans de sionisme, des bataillons entiers de jeunes allaient faire l’ossature du futur Etat juif, mais au lieu de cela sont partis en fumée dans les camps de la mort. Les mouvements sionistes en Europe de l’Est comptaient près d’un million de membres. Des dizaines de milliers de jeunes gens s’initiant à l’agriculture en vue de l’Alyah [2]furent empêchés de rallier la Palestine, et ensuite exterminés.

Pour l’historien Yehuda Bauer [3] également, le lien entre Shoah et l’Etat d’Israël est un mythe. Il avance la thèse que la Shoah a même manqué de peu d’empêcher la création de l’Etat. Il estime, tout comme Bensoussan, que la fable d’un Etat concédé aux Juifs en compensation de la Shoah est un non-sens. Il y avait en Europe de l’Est des millions de Juifs dont un tiers vivaient sous le seuil de pauvreté, qui auraient immigré en Palestine si les frontières n’avaient été verrouillées.

Après avoir vérifié les archives des échanges entre Etats qui s’apprêtaient à voter à l’ONU le partage de la Palestine, Bauer relève qu’il n’est jamais question de Shoah. Les plus fervents soutiens à l’ONU du Yishouv mettaient en évidence les réalisations des pionniers juifs en Palestine et leur droit à l’indépendance, mais jamais ils n’invoquaient la Shoah.

Pour comprendre l’absence de lien entre l’Etat d’Israël et la Shoah il est nécessaire de revoir la chronologie de l’épopée sioniste :

Suite au démantèlement de l’empire ottoman, la Palestine est placée sous Mandat britannique en 1923 par la Société des Nations, conformément à la résolution de la conférence de San Remo[4]. Ce Mandat a pour objectif la mise en place d’un foyer national juif tel que défini par la déclaration Balfour [5]de 1917.

En 1936 une révolte arabe exige l’abolition du Mandat britannique et la création d’un État pour mettre fin à l’immigration juive. Les notables de la révolte, dont le Grand Mufti de Jérusalem, pactisent avec Hitler et font alliance avec l’Allemagne nazie.

En 1937 une Commission d’enquête britannique présidée par Lord Peel [6] recommande que la Palestine soit partagée en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif. Des modérés du Yishouv sont tentés d’accepter, mais du côté arabe personne n’ose se prononcer en faveur du projet. Quelque temps plus tard une nouvelle Commission venue de Londres y met fin.

En 1939, les Britanniques prévoient une autodétermination de la Palestine sous dix ans. Ils décident de limiter l’immigration des Juifs de manière drastique, ce qui les amènerait à être minoritaires dans un éventuel État arabe. Cette idée est rejetée par le Yishouv[7], qui la considère comme une violation de la déclaration Balfour. L’Irgoun[8] réagit en déclenchant une vague d’attentats antibritanniques, mais celle-ci est interrompue par le début de la Seconde Guerre mondiale.

En 1944 l’Irgoun reprend sa campagne d’attentats. En 1945 la Haganah[9] et le Palmah[10] ouvrent de leur côté une lutte armée contre l’administration et les soldats britanniques. Le ministre-résident anglais Lord Moyne est assassiné.

Les autorités britanniques lancent en juin 1946 l’opération « Agatha », également connue sous le nom de « Samedi Noir ». Les soldats et la police britannique procèdent à l’arrestation de milliers de Juifs et saisissent des armes. Le Lehi et l’Irgoun intensifient leurs attaques pour venger l’opération, et font sauter l’hôtel King David, centre de l’administration britannique à Jérusalem.

Les Britanniques sont démunis face à cette violence. Devant leur incapacité à concilier Arabes et Juifs, et confronté aux pertes militaires, le Ministre des Affaires Étrangères britannique Bevin annonce à l’ONU en février 1947 qu’il met fin au Mandat sur la Palestine et donne instruction à ses troupes de l’évacuer dans les meilleurs délais. Le Yishouv ayant réussi à chasser les Britanniques va choisir le moment opportun pour déclarer l’indépendance, qui n’est alors plus qu’une question tactique.

L’UNSCOP est une commission de l’ONU chargée en juillet 1947 d’étudier sur place les causes du conflit et de préparer un plan de partage de la Palestine. Au moment où ses membres sillonnent le pays, le Mossad [11] décide opportunément d’organiser une opération consistant à embarquer 4500 réfugiés sur un bateau baptisé « Exodus » à destination de la Palestine. Le but du Mossad consiste à faire impression sur L’UNSCOP.

Une fois arrivé dans les eaux territoriales, le bateau est arraisonné et les membres de L’UNSCOP assistent au pénible spectacle du transbordement des passagers à bout de forces à qui l’on refuse l’accès à la Terre Promise. Ils sont transférés à Chypre dans des conditions déplorables. Quelques mois plus tard ils reviendront en Palestine avec des visas en bonne et due forme.

En novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote un plan de partage de la Palestine visant à aboutir à la création d’un État juif et d’un État arabe après le départ des Britanniques. Les Juifs acceptent, mais les Arabes refusent. La première guerre israélo-arabe a commencé. Le 14 mai 1948, les derniers Britanniques quittent la Palestine et l’Etat Israël déclare son indépendance.

Près d’un an plus tard des armistices sont signés un à un à Rhodes avec les différentes parties, mais les lignes du cessez-le-feu ne sont définies qu’à des fins militaires et ne constituent de frontières permanentes pour aucun des belligérants.

Ce qu’il faut comprendre dans cette tragédie, c’est que le Mandat britannique n’avait jamais eu d’objectif autre que celui de gouverner la Palestine jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de le faire elle-même. Comme les institutions de l’Etat juif étaient en place quand les Britanniques ont plié bagage, Israël aurait proclamé son indépendance dans tous les cas de figure, avec ou sans l’aval de l’ONU, avec ou sans l’aval des Arabes.

L’Etat d’Israël n’est donc pas la conséquence de la Shoah. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le fait qu’une nouvelle Shoah soit devenue impensable est lié à la naissance l’Etat d’Israël.

[1] Historien français spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des 19ème et 20ème siècle et en particulier, des mondes juifs occidentaux et orientaux.

Les leçons des élections

La coalition qui vient de remporter les élections en Israël n’est pas l’œuvre de Benjamin Netanyahu, mais celle d’une mouvance idéologique dont le socle est le parti Likoud. Ces élections ne marquent pas non plus la défaite de l’opposition au Likoud, mais celle de frères ennemis au sein même de cette famille politique.

L’hostilité de ces dissidents les a menés au suicide en proposant comme thème de campagne la détestation du chef de file, et non pas un programme de gouvernement. Les rivaux issus du propre camp de Netanyahu ont voulu l’éliminer de la vie publique par des moyens déshonorants et provoqué depuis des années des élections superflues, inutiles et nuisibles. Ils ont bricolé des alliances hybrides en dépit du bon sens, et violé les engagements les plus élémentaires envers leur électorat. Ainsi va la vie de famille, quand on se dispute pour un héritage alors qu’il n’y a ni testament, ni notaire, ni défunt.

Nul doute que l’inquiétude que ressentent maintenant ceux qui aspiraient à être calife à la place du calife est sincère. Le gouvernement dirigé par Netanyahu va disposer d’une majorité assez confortable pour ne pas être exposé à des défections ponctuelles. Il n’est pas non plus tributaire d’une rotation entre deux chefs qui auraient vocation à se torpiller l’un l’autre. Ce gouvernement a des chances de durer.

Le Likoud détient la moitié des sièges de la coalition actuelle. C’est un parti libéral du point de vue économique, qui n’est ni religieux ni extrémiste comme l’autre moitié. Les adversaires du Likoud sont dans leur rôle dans l’opposition, mais la plupart de ceux qui lui sont idéologiquement apparentés ont maintenant le devoir de le soutenir.

Donc rien, sauf leur ego, ne les empêche de rallier le Likoud à la Knesset pour faire contrepoids à l’extrême-droite et aux ultra-orthodoxes. S’ils tiennent vraiment à faire barrage à l’extrémisme, c’est le moment de le démontrer. Ils seraient irresponsables de ne pas le faire, en particulier si Netanyahu le leur propose.

Ils doivent avaler leur chapeau, exercice plus difficile que de retourner leur veste. Ils l’on tellement fait qu’à ce stade elle doit être usée.

Résilience et judéité

Les Juifs de la Diaspora sont des citoyens à part entière, du moins dans le monde libre. Ils perpétuent leurs rites ou leurs traditions dans la sphère privée comme le font les adeptes d’autres spiritualités. Mais cette situation ne date que depuis l‘Emancipation des Juifs, qui dans la foulée de la Révolution Française s’est étendue à tous les Juifs du monde occidental.

Avant l‘Emancipation, les Juifs n’ont jamais fait partie intégrante des peuples au sein desquels ils vivaient. Ils étaient au contraire un peuple dans le peuple, un corps étranger plus ou moins bien toléré selon les régimes et les époques.

Hannah Arendt[1] relève dans « Eichmann à Jérusalem[2] » qu’au vingtième  siècle encore « les Juifs d’Europe de l’Est étaient considérés comme un peuple distinct par leurs amis comme par leurs ennemis…   Je ne crois pas pour ma part m’être jamais considérée comme allemande – au sens d’appartenance à un peuple et non d’appartenance à un État, si je puis me permettre cette distinction[3] ».

Vers la fin de la seconde guerre mondiale cette intellectuelle de nationalité et de culture allemande ajoute qu’elle espère qu’émergera une Europe unie dans laquelle « les Juifs seraient reconnus en tant que nation européenne et représentés au Parlement[4]».

Les Juifs en exil ont de tous temps été un peuple dans le peuple partout où ils étaient établis. C’est ainsi qu’à Babylone la communauté juive eut pendant mille ans ses propres tribunaux, sa police, ses corporations, ses régions, ses académies, et même un souverain  avec pour titre officiel « Exilarque[5] ».

Dans la majeure partie du monde les Juifs étaient gouvernés par des institutions autonomes reconnues par le pouvoir local. Les décisions des tribunaux rabbiniques fonctionnaient sur base du droit talmudique[6] et avaient force de loi. Ils pouvaient même dans certains cas prononcer la peine de mort[7]. Des Juifs vivant en dehors de ce cadre étaient rarissimes et  finissaient le plus souvent par se convertir au christianisme ou à l’Islam. Quand au 17ème siècle Spinoza[8] est excommunié par les rabbins d’Amsterdam, il n’a pas vers qui se tourner. C’est pour cette raison qu’il est souvent considéré comme le premier Juif laïque.

Des théoriciens du sionisme des origines comme Ahad Ha’am[9] ou Bialik[10] avaient conscience du fait que l’Emancipation avait été une arme à double tranchant. Passer du statut de peuple dans le peuple à celui de citoyens à part entière risquait d’entraîner une extinction de la judéité par le l’assimilation.

Un peuple est une fiction à partir d’une conscience collective se référant à une continuité historique. Le sionisme est donc avant tout un mouvement de libération nationale de Juifs revendiquant un Etat au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Contrairement à une idée reçue, la résilience de la judéité en Diaspora est due à la persistance de l’appartenance à un peuple, et non pas à une religion.

A cela on oppose parfois que c’est la religion qui a permis de maintenir l’identité juive en Exil, mais cette manière de voir consiste à interpréter le passé à l’aune du présent. Aujourd’hui de nombreux Juifs sont non-pratiquants, voire athées, mais revendiquent leur appartenance au peuple juif, dont près de la moitié vit en Israël.

Israël n’est pas une théocratie, conformément au souhait de  Theodor Herzl[11] qui dans « l’Etat Juif[12] »  écrit  « nous ne laisserons pas prendre racine les velléités théocratiques de nos rabbins. Nous saurons les maintenir dans leurs synagogues de même que nous maintiendrons nos militaires dans leurs casernes. L’armée et le clergé doivent être honorés comme l’exige et le mérite leur fonction. L’État les respectera, mais ils n’auront rien à dire. »

La  Diaspora juive est en voie de disparition. Partout où la judéité n’est plus qu’une religion son déclin est inéluctable.  Les mouvances ultra-orthodoxes persisteront dans des enclaves aux Etats Unis ou ailleurs, mais c’est précisément parce quelles ne sont pas assimilables. Mais en dehors de cela, la résilience juive n’est plus pensable ailleurs qu’en Israël, l’Etat du peuple juif.

[1] Politologue, philosophe et journaliste juive allemande décédée en 1975.

[2] « Eichmann à Jérusalem », Viking Press, 1963, chapitre « Les déportations des Balkans »

[3] Idem

[4] Compilation des écrits de Hannah Arendt sur la judéité. Editions Fayard 2011.

[5] Le « Chef de l’exil » était le représentant du judaïsme babylonien reconnu par l’État et s’accompagnait de privilèges et prérogatives.

[6] המשפט העברי, מנחם אלון,1973 הוצעת מגנס

[7] Idem

[8] Philosophe rationaliste d’origine séfarade portugaise mort en 1677.

[9] Penseur nationaliste juif et leader des Amants de Sion. L’un des pères de la littérature hébraïque moderne.

[10] Poète, essayiste et journaliste en langue hébraïque d’origine ukrainienne. Mort en Palestine en 1934.

[11] Journaliste et écrivain juif austro-hongrois, mort en 1904. Fondateur du mouvement sioniste.

[12] Ouvrage de référence du sionisme publié par Theodor Herzl en 1896.

Mahmoud Abbas le récidiviste

Il y a quelques semaines à peine Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité Palestinienne, se demandait si « au bout de 74 ans depuis la Nakba et l’occupation, le temps n’est pas venu de mettre un terme à l’occupation pour que le peuple palestinien soit libre et indépendant  ». En d’autres mots qu’il n’y a pas de place pour un Etat juif dans la Palestine historique. Certains ont vu un lapsus dans cette référence à 1948, année de la naissance de l’Etat d’Israël, mais considérant les antécédents d’Abbas il ne fait pas de doute qu’il exprimait là le fond de sa pensée, volontairement ou pas.

Il faut savoir qu’Abbas est titulaire d’un doctorat sous forme de thèse négationniste. D’après lui la Shoah est une mystification dont les Juifs se sont servis pour s’emparer de la Palestine. Depuis lors Abbas n’a eu de cesse que de contester non seulement la légitimité d’Israël, mais aussi celle du peuple juif lui-même par ses déclarations antisémites à répétition.

La semaine dernière ce récidiviste a été reçu à Berlin par le chancelier Olaf Scholz. Abbas n’a pas voulu exprimer de regrets concernant l’assassinat de 11 athlètes israélien à Munich en 1972 par le Fatah, organisation  aujourd’hui sous sa direction. Il a minimisé ce massacre en disant que ce n’est pas grand-chose en comparaison des 50 Shoah perpétrées par les Juifs depuis 74 ans.

Basé sur cette révélation en forme de scoop il appert donc que 300 millions de Palestiniens auraient été exterminés par les Juifs. Mais il y a là une impasse logique: étant donné que le docteur Abbas estime lui-même que la Shoah juive  n’a jamais eu lieu alors ça fait combien 50 Shoah palestiniennes multipliées par zéro ?

Encore un gouvernement de désunion nationale ?

Le gouvernement de Naftali Bennett a vécu. La question maintenant est d’essayer  de comprendre les raisons de cet échec, et d’en tirer les conséquences en vue des prochaines élections. Il y a à ce propos trois courants de pensée : ceux qui savaient dès le début que ce gouvernement ne serait pas viable, ceux qui ne voulaient pas le savoir, et ceux qui aujourd’hui encore ne veulent toujours pas le savoir.

Pour mémoire, lors de la dernière campagne électorale en date, Bennet avait annoncé quelles lignes rouges il s’interdirait de franchir lorsque viendrait le moment de former un gouvernement: Il s’engageait à ne jamais soutenir Yaïr Lapid[1] comme premier ministre, s’opposait à une coalition qui comprendrait les gauchistes de Meretz[2], et excluait toute coopération avec les Arabes de Ra’am[3].

Après les élections, Bennett a formé un gouvernement en violation de toutes ses lignes rouges. Il s’en est expliqué en arguant que cela avait été le prix à payer pour mettre fin aux élections à répétition, et de disposer ainsi d’un gouvernement stable. Cette coalition s’est d’ailleurs autoproclamée « d’union nationale », alors qu’en réalité une telle  coalition ne s’impose que dans des situations extrêmes, quand il y a menace existentielle, comme par exemple lors de la « Guerre des Six-Jours » en 1967.

L’opposition à Netanyahu est légitime, mais former une coalition hétéroclite avec pour seul point commun de considérer que Netanyahu constitue une « menace existentielle », est extravagant et relève du délire. C’est tellement vrai qu’à peine intronisés, des membres du gouvernement Bennett se sont mis à menacer de le faire tomber s’ils n’obtenaient pas satisfaction sur des points mineurs. C’est d’ailleurs ce qui a fini par arriver, ce qui démontre que  les propres piliers du gouvernement ne prenaient pas au sérieux l’épouvantail donquichottesque de la « menace existentielle ».

On a beaucoup reproché à Netanyahu de ne pas se retirer et permettre ainsi à une force nouvelle d’émerger pour mettre fin à la crise de régime. Mais cet argument est à double tranchant : si l’on estime qu’il suffirait que Netanyahu s’éclipse pour régler le problème, on peut aussi penser que si le veto contre lui était levé le problème serait réglé encore plus vite. Bien que le bloc qui soutient Netanyahu ne suffise pas pour dégager une majorité parlementaire, au moins dispose-t-il d’un soutien plus important que n’importe lequel des leaders qui lui sont hostiles. C’est d’autant plus flagrant que l’électorat de droite est majoritaire dans le pays, et qu’il ne serait que démocratique que ce soit ce courant-là qui détienne le pouvoir.

On en arrive au paradoxe qu’un intellectuel de gauche comme Gideon Levy, journaliste emblématique du quotidien « Haaretz », post-sioniste notoire, en vient à considérer que l’opposition contre Netanyahu est une pathologie.  Voici l’essentiel de ce qu’il en dit lors d’un entretien avec Moshe Feiglin [4]: « Netanyahu est une personnalité impressionnante et talentueuse qui a de nombreuses réalisations à son actif. La rage de ses opposants à vouloir l’écarter à tout prix est insupportable. Je ne peux m’associer à cette campagne haineuse et irrationnelle. J’attends de ses adversaires qu’ils proposent quelque chose et quelqu’un, mais je ne vois rien ni personne arriver. Face à cet vide abyssal, et bien que je ne sois pas de son bord, j’en viens à conclure que je préfère Netanyahu. »

Qui dit mieux, à gauche ?

 

 


[1] Président et fondateur de Yesh Atid parti centriste.

[2] Meretz est un parti de gauche, membre de l’Internationale socialiste.

[3] Ra’am est un parti politique arabe proche des « Frères Musulmans ».

[4] Homme politique de droite, partisan de la séparation entre la religion et l’Etat, libéral au plan économique.

Yuval Dayan ou la duplicité en chantant

Lors de la visite récente du Président des Etats-Unis en Israël, la chanteuse Yuval Dayan  a chanté en son honneur au cours d’une cérémonie officielle. Le Président a été ému par sa performance, et a voulu lui serrer la main. Elle est restée les bras croisés, et a ostensiblement refusé la main tendue sous prétexte que sa religion lui interdisait tout contact avec des hommes. Joe Biden, d’un naturel accommodant, ne s’en est pas formalisé. Il n’en reste pas moins que duplicité de Dayan et son manque de savoir-vivre a déclenché une vive polémique.

La foi de Dayan semble être à géométrie variable. Il faut savoir que le judaïsme orthodoxe interdit non seulement aux femmes de serrer la main des hommes, mais aussi de chanter devant eux. Maïmonide, autorité majeure de la Loi juive, était hostile à la musique en général, excepté dans le cadre strict de la religion. Quant à Ovadia Yosef, grand-rabbin d’Israël et décisionnaire de premier plan, il interdisait aux femmes de chanter à la radio, à la télévision, et de se faire enregistrer.

Pourtant la députée Tzipi Hotovely, juive orthodoxe elle aussi, déclarait quand elle était Ministre qu’elle serrait la main des hommes parce que la Loi juive commande d’être courtois avec des dignitaires étrangers. Mais peut-être Dayan a-t-elle créé une nouvelle secte, dont la pratique consiste à vouloir le beurre et l’argent du beurre.

Chute d’un gouvernement sans gouvernance

Naftali Bennett fut un combattant d’élite de Tsahal et en est sorti officier de réserve au grade de major. Après l’armée il  a fait carrière dans  l’industrie des technologies de pointe. Ensuite il est entré en politique dans le parti Likoud aux côtés de Netanyahu. En 2012 il a crée son propre parti dans le but de se positionner idéologiquement à la droite du Likoud, tout en lui restant proche.

Yaïr Lapid a été journaliste, chroniqueur, écrivain, et animateur de télévision. Ce surdoué de la communication, charismatique et consensuel jouissait à l’époque d’une grande popularité. Il avait d’ailleurs  été suivi à la trace par les médias dès son plus jeune âge, étant le fils d’une écrivaine réputée[1] et d’un père ministre[2]. Il est entré en politique il y une dizaine d’années, annonçant d’emblée qu’il aspirait aux plus hautes fonctions.

Lors de la campagne électorale de 2021 Bennett s’adressait au pays dans les termes suivants [3]: « regardez-moi bien en face et écoutez ce que je dis: je ne contribuerai en aucune manière, à aucune condition, dans quelque configuration que ce soit,  à un gouvernement où Lapid serait premier ministre, que ce  soit de manière conventionnelle ou par rotation. Il est hors de question d’intégrer cet homme dans ma coalition du simple fait qu’il s’agit d’un gauchiste. Quiconque prétend autre chose ment. Il ne faut pas croire à la rumeur  qui circule, selon laquelle je m’apprêterais à former une coalisation avec Lapid ; c’est de la foutaise. Quant à Meretz, j’exclue évidemment la participation de ce parti parce qu’il s’oppose au principe même d’un Etat juif et démocratique. Je m’engage donc à ne jamais soutenir de constellation autre qu’un gouvernement ancré à droite. Quant à mon rival Netanyahu, je le mets en demeure de s’engager à ne pas chercher à séduire l’électorat arabe en s’alliant avec le parti Ra’am[4]. » 

Le 13 juin 2021 Bennet remporte les élections. Il forme un gouvernement dont lui et Lapid assureront la fonction de premier ministre par rotation. La coalition de Bennett intègre Ra’am (proche des Frères Musulmans) ainsi que des formations traditionnellement hostiles à la droite, dont Meretz (extrême gauche) et Avoda (socialiste). Son gouvernement s’autoproclame d’union nationale alors qu’il n’a qu’un seul député d’avance sur l’opposition.

Bennet s’en explique en disant qu’il est conscient que sa décision est impopulaire, mais qu’il l’assume dans l’intérêt supérieur de la nation. Il admet que sa coalition est hétérogène et qu’elle pourrait être difficile à gérer, mais que tout doit être tenté pour mettre fin aux élections à répétition. Il pense ainsi atteindre son objectif de disposer d’un gouvernement stable et durable pour quatre ans. A noter qu’il a exigé d’être Premier Ministre avant de passer la main à Lapid, pourtant à la tête d’une  formation qui dispose de près de trois fois plus de députés que lui.

Le seul argument consistant que Bennett avait pu avancer pour justifier sa désertion idéologique et le reniement de ses principes avait été que cela devait garantir une stabilité et une durabilité à son gouvernement hybride. Mais très tôt des lézardes sont apparues. Au bout de quelque temps des membres de la coalition se sont mis à être de plus en plus critiques. Plusieurs députés ont fini par retirer leur soutien, et le gouvernement  est tombé au bout d’à peine un an, conséquence inévitable de son inconséquence.

Ce qui se profile maintenant, c’est que l’électorat de droite, déçu par la vaine volte-face de ses représentants sans rien en échange, pourrait cette fois-ci plébisciter le retour de Netanyahu sur base d’une majorité plus confortable que jamais.

Bennett et Lapid sont des personnalités respectables et des patriotes au-dessus de tout soupçon. Cependant ils ont peut-être vocation à déployer leurs talents dans la société civile plutôt que dans le monde politique.

[1] Shulamit Lapid

[2] Tommy Lapid.

[3] Les sources de ces propos peuvent être identifiées au moyen des liens ci-dessous :

[4] Le parti Ra’am est un parti arabe proche des « Frères Musulmans ».

Annie Ernaux et la bête immonde

Annie Ernaux est une écrivaine française de talent, dont l’œuvre est essentiellement autobiographique. Elle vient d’un milieu modeste, où ses parents étaient exploitants d’un café-épicerie après avoir été ouvriers. A force de travail et de persévérance Ernaux arrive à s’extraire de son milieu et devient agrégée de lettres. Elle gardera toute sa vie un sentiment de culpabilité par rapport à la classe sociale dont elle est issue, mais , dont elle s’est éloignée par la force des choses.

Ernaux est lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Renaudot en 1984 pour son ouvrage « La Place ». Elle figure parmi les grands écrivains français de notre temps. Elle est récemment passée à la télévision sur France 5, où elle était le principal centre d’intérêt. Indépendamment de sa belle plume, on a pu découvrir la dérive morale et intellectuelle de cette  femme de lettres par ailleurs brillante. Ernaux est néoféministe, raciste, indigéniste, communiste, antisémite, décoloniale, neoécologique, propalestinienne, ennemie d’Israël et militante de la France Insoumise depuis 10 ans. Elle est une inconditionnelle Jean-Luc Mélenchon, leader de ce parti islamogauchiste, qui adore lui aussi fréquenter les antisémites de son parti ou d’ailleurs.

Ernaux a cosigné dans le quotidien « Le Monde » une tribune de soutien à Houria Bouteldja, antisémite notoire, et appelé au boycott d’une manifestation culturelle franco – Israélienne.   Son amie Bouteldja juge que Miss Provence était indigne de participer à Miss France, parce qu’elle avait un père israélo-italien.  Elle trouve d’ailleurs d’une manière générale qu’on « ne peut pas être Israélien innocemment » et suggère d’envoyer tous les sionistes au Goulag.  C’est cette scélérate proche des pires ennemis de Juifs que soutient Annie Ernaux, qui n’a même pas l’excuse de l’ignorance.

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