L’avenir de la judéité

La transmission du savoir, et donc de l’Histoire, est antérieure à l’avènement de l’écriture, et est indissociable de la notion de civilisation. L’Histoire ne commence pas avec l’écriture, mais avec l’Homo Sapiens qui sait d’emblée que  l’homme pensant ne se réduit pas à ses déterminants naturels. L’Histoire,  c’est le magma des réminiscences transgénérationnelles qui se cristallisent au fil du temps et construisent une mémoire dans la conscience collective.

Les sociétés humaines se sont développées dans des environnements différents, ce qui explique leur hétérogénéité. Chaque homme est à la fois un individu et un maillon de la société dont il fait partie, qu’il construit avec ses semblables. C’est dans ce sens que l’Histoire est aléatoire et qu’il n’y a ni Homme universel ni valeurs universelles, et qu’il ne peut par conséquent pas y avoir de civilisation universelle.  Les civilisations sont diverses, depuis toujours et pour toujours, et n’ont en commun que la volonté, aléatoire elle aussi,  de persister dans leur être sans qu’il y  ait à cette vitalité de substrat logique.

Michel Onfray[1] compare les civilisations à des organismes vivants qui naissent, croissent, atteignent un apogée, et meurent. Il considère que la civilisation occidentale, qu’il appelle judéo-chrétienne, est en train de dériver de son ancrage culturel au bénéfice d’un consumérisme à tous crins dont la seule loi semble être celle du marché. Il voit dans ce phénomène le  symptôme d’un déclin.

Concernant l’avenir de la judéité, il faut commencer par intérioriser que ni la vie humaine ni l’Histoire n’ont de sens, autre que celui que chacun veut bien lui donner. Les Juifs peuvent certes s’assigner un destin en tant que peuple, mais sans jamais considérer cela comme autre chose qu’une valeur, qui comme toutes les valeurs sont subjectives et reposent sur une tautologie.

Le projet sioniste des origines avait pour objectif de dissocier l’identité juive de toute transcendance. C’était l’idée théorisée par des penseurs comme Bialik[2] et Ahad Ha’am[3]. Ceux-ci craignaient paradoxalement que l’émancipation des Juifs au cours du 19ème siècle ne les conduise à l’abandon de la religion, à l’assimilation, voire à la conversion. Pour prévenir cette dilution ils ont mis en évidence l’idée que l’identité juive relevait avant tout d’une histoire multimillénaire, d’une terre, d’un corpus littéraire, d’une éthique et d’une langue, et non pas d’une religion.  Le retour à la souveraineté nationale du peuple juif avait donc dans leur esprit pour fonction de pérenniser la judéité, et non pas le judaïsme.

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[1] Philosophe, écrivain et essayiste français. Créateur de l’université populaire de Caen. Cofondateur de la revue « Front Populaire ».

[2] Poète de langue hébraïque, prosateur, essayiste et journaliste. Mort en 1927 à Vienne.

[3] Penseur nationaliste juif et leader des « Amants de Sion », mort en 1927 à Tel Aviv.  L’un des pères de la littérature hébraïque moderne.

La gauche et le Statut des Juifs

La dissolution de l’Assemblée Nationale décrétée par le Président Macron le 9 juin dernier constitue un électrochoc pour la vie politique française. Il est plus difficile que jamais d’en anticiper les conséquences, parce que l’équilibre des forces semble avoir changé au vu du résultat des élections européennes. La droite nationaliste à fait des progrès significatifs, mais elle peine à former un front uni face au peuple de gauche, qui  a réussi, lui, à s’organiser en un temps record à la perspective des élections législatives.

Il faut donc attendre les législatives pour déterminer qui sortira vainqueur de cette  bataille politique. Mais ce qui est sûr, c’est que quelle que soit la physionomie  de la future Assemblée Nationale, l’on peut d’ores et déjà dire que le grand vainqueur de l’épisode en cours,  c’est l’antisémitisme.

La totalité de la gauche a validé la judéophobie  comme thème fédérateur en vue de la campagne électorale qui s’ouvre. Des trotskistes aux sociaux-démocrates, les complices de cette mascarade ont conclu une alliance avec pour nom « Nouveau Front populaire ». En dépit de leurs divergences idéologiques, stratégiques et programmatiques, le Parti Socialiste, les Ecologistes, La France Insoumise, le Parti Communiste, Place Publique et autres mouvances gaucho-compatibles se sont mis d’accord sur un programme qui serait impossible à mettre en œuvre sans la haine des Juifs comme ciment. La gauche, toutes tendances confondues, avec la bénédiction d’un ex-Président de la république et de celle de la Maire de Paris, s’est réunie en conclave pour entériner l’idée que le Hamas, dont la raison d’être est l’extermination des Juifs, est un mouvement de résistance légitime.

L’Histoire bégaie : en 1940 la gauche votait les pleins pouvoirs à Pétain et lui donnait les coudées franches pour mettre en place le régime de Vichy. La gauche française d’aujourd’hui réinvente le Statut des Juifs  sous forme d’un soutien aux commanditaires du 7 octobre.

Il y a bien entendu des femmes et des hommes de gauche respectables et de bonne foi. Mais à ce stade, toute personne qui continuerait à soutenir quelque composante du « Nouveau Front populaire » que ce soit serait objectivement antisémite. La gauche de France dans son ensemble ne mérite que du mépris. Rien ne peut excuser une quelconque entente avec elle, que l’on soit juif ou pas.

Quant aux Juifs de France qui se revendiquent comme tels, s’ils ne savent plus vers qui se tourner, ils peuvent se tourner vers Israël. La Loi du Retour, c’est  cela.

Jean-Luc Mélenchon est-il une ordure antisémite ?

Amine El Khatmi est un homme politique français issu de la gauche.  Il est l’actuel président du mouvement   Printemps Républicain. Il y a quelques mois, El Khatmi a été invité par le journaliste Fréderic Haziza de Radio J à s’exprimer sur l’actualité, notamment en rapport avec le massacre du 7 octobre 2023 en Israël. A la question de savoir ce qu’il pensait de la position de Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise, El Khatmi a qualifié celui-ci « d’ordure antisémite »

Jean-Luc Mélenchon  a réagi en estimant que ces propos étaient « extrêmement graves », revêtaient un « caractère infamant » et constituaient un « incontestable préjudice moral ». Il a assigné Radio J et Haziza en justice et demandé que l’émission soit supprimée des plateformes où elle était accessible. A noter qu’il semble que Mélenchon  n’ait pas assigné El Khatmi à titre personnel.

Maître Goldnadel, avocat de Radio  J et de Haziza,  a annoncé il y a peu que Mélenchon a été débouté par le tribunal. A partir de cette décision de justice il n’est pas déraisonnable de déduire maintenant que qualifier Mélenchon d’ordure n’est pas une injure, mais une information.

Il se peut que Mélenchon n’en reste pas là et qu’il poursuive El Khatmi pour diffamation. Ce serait une affaire intéressante à suivre, vu le passif de Mélenchon et de ses complices de la France Insoumise en matière d’antisémitisme. El Khatmi serait invité à étayer ses propos et à soumettre aux juges un faisceau d’indices assez accablants pour qu’ils conviennent que Mélenchon mérite effectivement d’être qualifié d’antisémite. Les attendus ne retiendraient probablement pas la qualification d’ordure, ce statut ne figurant pas dans le code pénal.

De là à poursuivre Mélenchon pour diffamation raciale, apologie du terrorisme  et incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, il n’y aurait qu’un pas à franchir. L’on pourrait d’ailleurs lui adjoindre dans le box des accusés Annie Ernaux, Mathilde Panot, Edgar Morin, Rima Hassan, Aymeric Caron, Danièle Obono, David Guiraud et quelques autres apparatchiks de la France Insoumise.

Si Mélenchon était condamné et qu’il se présentait aux élections présidentielles de 2027, il serait le premier candidat à briguer ce poste sous l’étiquette d’antisémite  certifié. Nul doute qu’il aurait des électeurs et que cela couronnerait une stratégie qu’il pratique avec succès depuis un certain temps déjà.

La Loi du Retour

La « Loi du Retour[1] » a pour vocation d’accueillir tout Juif désirant s’établir en Israël. Elle stipule que « L’État déploiera des efforts pour garantir la sécurité des membres du peuple juif et de ses citoyens se trouvant en détresse ou privés de liberté en raison de leur judéité ou de leur citoyenneté ». Cette loi oblige l’Etat d’Israël à accorder de manière irréversible et immédiate la citoyenneté à tout Juif désirant immigrer, quelle qu’en soit la raison, qu’il soit en détresse ou pas, qu’ils soit persécuté ou pas en tant que Juif.

Mais tout droit suppose un devoir. Tout Juif qui se dit sioniste doit soutenir Israël en temps de guerre comme en temps de paix. Chacun selon ses moyens, son potentiel et ses compétences. Ceux éligibles à la Loi du Retour ont un devoir de réserve vis-à-vis du gouvernement d’Israël quel qu’il soit. Il est impensable qu’alors que le peuple d’Israël se bat pour maintenir le pays en état de marche, des Juifs à travers le monde soutiennent en public des discours hostiles à Israël, voire antisémites, et se réservent en même temps l’option d’immigrer en Israël à leur convenance, à leur heure ou par nécessité. La liberté d’expression est certes un droit de tout un chacun, mais l’Etat d’Israël a aussi celui de retirer à sa seule discrétion l’éligibilité à l’Alyah à quiconque jugé nuisible à Israël de manière manifeste.

La Loi du Retour concerne toute personne née de mère juive, ou convertie au judaïsme, ou dont l’un des quatre grands-parents est juif. Mais il faudrait également ouvrir l’Alyah à des personnes qui ne répondent pas à ces critères, mais  qui expriment le désir de partager la destinée du peuple juif. La définition de « Juif » au sens de la Loi du Retour n’étant de toutes manières pas conforme à la Halakha, il faudrait confier le soin de déterminer qui est juif à des institutions explicitement laïques qui cultivent une identité juive sans connotation religieuse.

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[1] La loi du retour votée en 1950 par le Parlement israélien garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

La question démographique en Israël

Vers la fin du 20ème siècle, l’antisémitisme et le marasme de l’URSS et de ses satellites a suscité une émigration massive des Juifs vers Israël, mais elle est aujourd’hui pratiquement tarie.  La question se pose maintenant de savoir d’où pourrait bien venir un accroissement de la population juive par une nouvelle Alyah significative.

Il y a des communautés juives dans de nombreux pays, mais c’est aux Etats-Unis que les Juifs sont les plus nombreux, les plus dynamiques et les mieux intégrés. Mais en analysant le profil de cette communauté, on relève beaucoup d’analogies avec celle de l’Allemagne prénazie.  C’est ce genre de profil qui de tous temps a fini par se retourner contre les Juifs eux-mêmes, comme lors de l’Exode d’Egypte, de l’expulsion d’Espagne ou de la Shoah. Le massacre du 7 octobre a paradoxalement donné lieu à une flambée d’antisémitisme dans de nombreuses universités américaines, là-même où sont formées les élites de la nation. Une lame de fond hostile à la communauté juive, aussi prospère soit-elle, pourrait être suffisamment dérangeante  pour inciter de nombreux Juifs à faire l’Alyah[1].

L’Etat d’Israël est celui du peuple juif, mais il reconnaît l’existence de communautés ou d’ethnies composées de citoyens ayant leur culture, leur langue, leurs jours fériés et leur système d’éducation. Il faudrait donner la possibilité à tout citoyen israélien de changer de communauté pour s’intégrer à celle à laquelle il souhaite appartenir, moyennant une procédure appropriée. Cette possibilité existe dans une certaine mesure, mais elle passe dans la plupart de cas par une conversion religieuse. Il faudrait y ajouter un volet séculier permettant la transition d’une communauté à l’autre. Ce devrait être un droit, dont une des applications serait de donner aux couples mixtes la possibilité de déterminer à quelle communauté ils désirent associer leurs enfants.

 

La Loi du Retour

La « Loi du Retour[2] » a pour vocation d’accueillir tout Juif désirant s’établir en Israël. Elle stipule que « L’État déploiera des efforts pour garantir la sécurité des membres du peuple juif et de ses citoyens se trouvant en détresse ou privés de liberté en raison de leur judéité ou de leur citoyenneté ». Cette loi oblige l’Etat d’Israël à accorder de manière irréversible et immédiate la citoyenneté à tout Juif désirant immigrer, quelle qu’en soit la raison, qu’il soit en détresse ou pas, qu’ils soit persécuté ou pas en tant que Juif.

Mais tout droit suppose un devoir. Tout Juif qui se dit sioniste doit soutenir Israël en temps de guerre comme en temps de paix. Chacun selon ses moyens, son potentiel et ses compétences. Ceux éligibles à la Loi du Retour ont un devoir de réserve vis-à-vis du gouvernement d’Israël quel qu’il soit. Il est impensable qu’alors que le peuple d’Israël se bat pour maintenir le pays en état de marche, des Juifs à travers le monde soutiennent en public des discours hostiles à Israël, voire antisémites, et se réservent en même temps l’option d’immigrer en Israël à leur convenance, à leur heure ou par nécessité. La liberté d’expression est certes un droit de tout un chacun, mais l’Etat d’Israël a aussi celui de retirer à sa seule discrétion l’éligibilité à l’Alyah à quiconque jugé nuisible à Israël de manière manifeste.

La Loi du Retour concerne toute personne née de mère juive, ou convertie au judaïsme, ou dont l’un des quatre grands-parents est juif. Mais il faudrait également ouvrir l’Alyah à des personnes qui ne répondent pas à ces critères, mais  qui expriment le désir de partager la destinée du peuple juif. La définition de « Juif » au sens de la Loi du Retour n’étant de toutes manières pas conforme à la Halakha, il faudrait confier le soin de déterminer qui est juif à des institutions explicitement laïques qui cultivent une identité juive sans connotation religieuse.

[1] Terme désignant l’immigration en Israël par un Juif.

[2] La loi du retour votée en 1950 par le Parlement israélien garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs

L’idée que l’antisémitisme serait dû à l’ignorance ou à l’obscurantisme est fausse, même s’il est vrai qu’il y a des obscurantistes et des ignorants partout. La riposte à l’antisémitisme à travers le monde n’est ni dans l’éducation ni dans la laïcité ni dans l’humanisme ni dans l’antiracisme ni dans l’information ni dans la démocratie. Elle est dans l’Etat des Juifs. La logorrhée antisémite qui persiste en Occident est de même nature que celle qui a abouti à la Shoah. Les mêmes causes produiraient les mêmes effets si par malheur l’Etat d’Israël disparaissait.

La lutte contre l’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs. Ils n’ont aucune prise sur ce fléau et aucun moyen de le combattre. Il n’y a d’ailleurs pas d’antisémitisme d’Etat dans le monde libre, et les autorités font généralement ce qu’elles peuvent pour le sanctionner. Mais le fait est qu’elles n’arrivent pas à juguler ce phénomène fabriqué par des siècles d’antijudaïsme  chrétien. Il est frappant d’observer que les manifestations contre l’antisémitisme en Europe ne mobilisent pas grand-monde excepté les Juifs eux-mêmes. Ces manifestations sont souvent pathétiques, tellement elles renvoient les Juifs à leur solitude. Une des raisons de la frilosité de la classe politique européenne à ce sujet est la crainte d’indisposer les musulmans, dix fois plus nombreux et soutenus par une gauche qui avance masquée sous couvert d’antisionisme.

L’Etat d’Israël doit faire entendre sa voix contre l’antisémitisme par les canaux diplomatiques d’usage, mais il n’est pas en son pouvoir ni de son  droit d’intervenir dans la politique intérieure des pays concernés. Israël peut et doit en revanche promouvoir l’Alyah auprès des Juifs à travers le monde qui estiment que leur qualité de vie, ou leur vie tout court, est compromise du seul fait d’être Juif.

Israël Etat juif et démocratique

Il existe une tension naturelle entre démocratie et nation. Alors que la démocratie encourage la diversité, la nation tend à privilégier l’homogénéité. Chaque peuple a une Histoire spécifique avec laquelle la démocratie doit composer. C’est ainsi que l’on observe que l’application des principes démocratiques fondamentaux peut différer de manière significative d’un pays à l’autre.

Israël se veut « Etat juif et démocratique » selon la formule consacrée, mais cette formule suppose, pour le moins,  une hiérarchie dans les termes. A « Etat juif et démocratique », il faut ajouter « dans cet ordre ». Israël est d’abord l’Etat des Juifs ; c’est son essence. Le fait qu’il a vocation à être démocratique est consigné dans le projet sioniste et dans la déclaration d’indépendance, mais ce n’est pas sa raison d’être. Bien que le système de gouvernement d’Israël soit comparable à celui qui existe ailleurs dans le monde libre, il doit être en phase avec l’Histoire du peuple juif et sa spécificité.

Il ne faut pas que la vie démocratique relègue au second plan la judéité comme s’il s’agissait d’un folklore. Il faut se garder de suivre l’exemple des démocraties molles en Occident qui ont oublié leur fondement spirituel. Il y a de grandes démocraties, comme l’Inde ou le Japon, qui sont de plain-pied dans la modernité, mais qui en même temps sont fidèles à leurs racines.

L’Education Nationale doit favoriser la transmission des grands textes du judaïsme. L’enseignement de la Torah, du Talmud et de la pensée juive doit être substantiel  et intégré à tous les niveaux du système scolaire, tout en tenant compte des sensibilités religieuses et philosophiques. Les institutions religieuses ne doivent pas être seules à perpétuer ce précieux savoir comme s’il en avait le monopole. Par ailleurs, l’histoire du sionisme et celle de la révolution culturelle que constitue l’hébreu moderne et sa littérature doit faire partie du récit national.

Quant aux communautés arabes, druzes, tcherkesses ou autres, elles  sont libres de promouvoir un enseignement conforme à leurs traditions, mais dans le respect du caractère juif de l’Etat d’Israël.

La Cisjordanie ?

La Cisjordanie, de son vrai nom la Judée-Samarie, est, au mieux, un territoire disputé. En novembre 1947 l’Assemblée Générale des Nations-Unies adoptait la Résolution 181, non contraignante, suggérant d’établir à l’ouest du Jourdain deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, en prévision du départ de Palestine des Britanniques. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont refusé et tenté de s’emparer par la force de ce qui restait de la Palestine historique. Ce rejet du principe même d’un Etat juif et la détermination arabe de lui faire la guerre a rendu la Résolution 181 de l’ONU caduque.

En réalité la Jordanie est le véritable Etat des Palestiniens.  La majorité des Jordaniens sont ethniquement palestiniens et beaucoup ont des liens de famille avec ceux de  Cisjordanie, qui faisait partie de la Jordanie jusqu’à la Guerre des Six-Jours en 1967. Même après avoir perdu Cisjordanie, la Jordanie s’est alignée sur la résolution de la Ligue Arabe déclarant « non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ». C’est suite à ce rejet qu’Israël a inauguré sa politique d’implantations, confirmée ensuite par tous les gouvernements successifs.

L’argument selon lequel Israël violerait le droit international en occupant la Cisjordanie est une mystification. Il n’y a rien qui permette de contester à Israël le contrôle de ce territoire à partir duquel la Jordanie a tenté de jeter les Juifs à la mer en 1967. Israël a d’ailleurs longtemps été disposé à le rétrocéder en échange d’un traité de paix, mais le Roi Hussein a préféré y renoncer pour inciter des Palestiniens à y créer un Etat hostile à Israël. Cela n’engageait en rien Israël, ni juridiquement ni moralement, et constitue une aberration du point de vue géopolitique.

Si la Cisjordanie d’aujourd’hui devenait indépendante, avec ou sans l’accord d’Israël, il est probable qu’elle reproduirait le précédent de Gaza, consistant à persévérer dans le rejet d’Israël. La revendication palestinienne d’un Etat entre Israël et la Jordanie  est un artifice cousu de fil blanc, parce que cette aspiration n’a d’autre moteur que la haine antijuive. La terrible vérité est que la majorité des Cisjordaniens et des Gazaouis sont en proie à une pathologie antisémite doublée d’un rejet de la modernité. L’idée reçue selon laquelle ils seraient manipulés par leurs  dirigeants, mais aspireraient en réalité à la paix avec les Juifs,  est une contrevérité. Tout comme les Allemands lors de la Shoah,  ces Palestiniens-là doivent être considérés comme globalement hostiles au peuple juif, même s’il y a comme partout des minorités lucides lors de psychoses de masse.

Aucune direction palestinienne ne peut fonder  sa popularité sur autre chose que la détermination de mener une lutte à mort contre Israël. Même les régimes du monde arabe qui aspirent à une normalisation avec Israël ont une crainte atavique de ce qu’on appelle « la rue arabe ». Nous assistons à un paradoxe nouveau, qui fait que les élites du monde arabe sont souvent plus pragmatiques et moins fanatiques que leur peuple.

Au fil du temps les implantations en Cisjordanie ont fini par constituer un problème pseudo-éthique et pseudo-juridique pour Israël. L’hostilité du monde arabe, la pression internationale, les dérives gauchistes, les attentats, l’antisémitisme endémique, les fractures au sein même de la société israélienne ont fini par rendre la situation d’une complexité sans nom faute d’horizon politique.

Une solution pourrait maintenant intervenir, consistant à diviser la Cisjordanie en deux en fonction de la sociologie des populations concernées. La partie majoritairement palestinienne retournerait à la Jordanie comme avant 1967, et la partie majoritairement juive serait intégrée à Israël. Une frontière serait convenue entre les deux Etats et éliminerait la ligne d’armistice de 1949. Cette solution est probablement la moins difficile et la plus raisonnable, et a l’avantage que ni la plupart des Palestiniens ni la plupart des Juifs n’auraient à quitter leur maison. Elle mettrait fin au statut d’apatride des Palestiniens qui acquerraient une dignité de citoyens d’un Etat, la Jordanie, qui est en paix avec Israël depuis des décennies.

Fin de la Diaspora

« Le Juif est considéré par les vivants comme un mort, par les autochtones comme un étranger, par les sédentaires comme un clochard, par les gens aisés comme un mendiant, par les pauvres comme un exploiteur, par les patriotes comme un apatride, et par toutes les classes comme un concurrent qu’on déteste.[1] »

Les Juifs en exil ont de tous temps été un peuple dans le peuple partout où ils étaient établis. C’est ainsi qu’à Babylone, la communauté juive eut pendant plus d’un millénaire ses tribunaux, sa police, ses corporations, ses régions, ses académies, et même un chef suprême appelé l’Exilarque[2]. L’étymologie même de ce titre indique que la communauté juive de Babylone ne se considérait pas comme des citoyens mais comme des exilés.

Depuis l’antiquité jusqu’au Moyen-âge, les Juifs avaient, en Occident comme en Orient, des institutions autonomes, avec des tribunaux rabbiniques qui jugeaient su base du droit hébreu[3]. Les Juifs vivant en dehors de ce cadre étaient rarissimes et finissaient le plus souvent par se convertir au christianisme ou à l’Islam. Quand, au 17ème siècle, Spinoza[4] est excommunié par les rabbins d’Amsterdam, il n’a pas vers qui se tourner. Il est parfois considéré comme le premier Juif laïque.

Hannah Arendt[5] relève dans « Eichmann à Jérusalem[6]   » qu’au vingtième siècle encore les Juifs d’Europe de l’Est étaient considérés comme un peuple distinct par leurs amis comme par leurs ennemis…   Je ne crois pas pour ma part m’être jamais considérée comme allemande – au sens d’appartenance à un peuple et non d’appartenance à un État, si je puis me permettre cette distinction ».

Vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale elle exprimait l’espoir qu’émerge une Europe unie dans laquelle « les Juifs seraient reconnus en tant que nation européenne et représentés au Parlement[7]».

Depuis l’Emancipation[8] au 19ème siècle, les Juifs se sont intégrés dans le monde libre et  perpétuent leurs traditions dans la sphère privée. Mais partout où le fait juif est plutôt une religion qu’une identité, le nombre de Juifs tend à diminuer. Des théoriciens du sionisme comme Ahad Ha’am[9] et Bialik[10] craignaient que l’Emancipation n’entraîne la fin de l’identité juive par l’assimilation. A notre époque, seules les mouvances ultra-orthodoxes persistent dans leur être de manière résolue dans des enclaves aux Etats Unis ou ailleurs, mais c’est précisément parce quelles ne sont pas assimilables. Mais en dehors de cela, la Diaspora est probablement en voie de disparition.

Il y a eu par le passé des initiatives en faveur de l’octroi de la nationalité israélienne aux Juifs qui n’envisageaient pas d’émigrer vers Israël. Il faudrait y repenser. Ceux que cela intéresserait introduiraient une demande en précisant qu’ils souhaitent acquérir la nationalité israélienne, tout en continuant à résider dans leur pays respectif. Ils ne seraient autorisés à participer aux élections législatives en Israël que dans certaines conditions. Par exemple, ceux ou celles qui accompliraient un service militaire ou civil en Israël et qui retourneraient ensuite chez eux. On pourrait aussi imaginer que ceux qui, sans résider en Israël, y passent un temps significatif, pour des raisons personnelles ou professionnelles aient également le droit de voter. A noter qu’actuellement les Israéliens résidant à l’étranger ne peuvent voter qu’à condition d’être présents dans le pays le jour des élections.

Beaucoup de Juifs se disent sionistes et soutiennent Israël, mais nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de le manifester de manière concrète. Ceux qui s’estiment concernés par la Loi du Retour, concrètement ou symboliquement, pour eux-mêmes ou pour leurs descendants,   maintenant ou plus tard, ont, pour le moins, un devoir moral envers Israël. Prendre la nationalité serait une manière de l’exprimer par un geste fort. Il est vrai que ce pourrait être perçu en Diaspora comme un indice de double allégeance. Mais ce serait un effort mineur à consentir pour témoigner de sa solidarité envers Israël qui veille à la sécurité, à la pérennité et à la viabilité de l’Etat juif. Une raison supplémentaire serait de prévenir un engorgement administratif en cas d’augmentation soudaine de demandes d’immigration, consécutives à une vague d’antisémitisme.

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[1] « Autoémancipation, avertissement d’un Juif russe à ses frères », 1882, Léon Pinsker, militant sioniste.

[2] Représentant officiel du puissant judaïsme babylonien auprès des autorités locales.

[3] המשפט העברי, מנחם אלון,1973 הוצעת מגנס

[4]  Philosophe rationaliste d’origine séfarade portugaise mort en 1677.

[5] Politologue, philosophe et journaliste juive allemande décédée en 1975.

[6] “Eichmann à Jérusalem”, Viking Press, 1963, chapitre “Les déportations des Balkans”

[7] Compilation des écrits de Hannah Arendt sur la judéité. Editions Fayard 2011.

[8] Processus de libération des Juifs en Europe et dans le monde, qui leur a permis d’obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de leurs droits avec leurs concitoyens.

[9] Penseur nationaliste juif et leader des Amants de Sion. L’un des pères de la littérature hébraïque moderne.

[10] Poète, essayiste et journaliste en langue hébraïque d’origine ukrainienne. Mort en Palestine en 1934.

Jacques Attali ou le naufrage de l’esprit

Jacques Attali est né en 1943 dans une famille juive séfarade d’Algérie. C’est un technocrate diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale d’administration (ENA). Il est aussi détenteur d’un doctorat en économie. Il semble cependant ne pas avoir saisi les implications pratiques de cette discipline. Quand il a dirigé la « Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) » il a été contraint de démissionner[1] suite à des révélations sur les dépenses de la banque et son train de vie personnel. En outre il aurait été rémunéré pour des discours en contradiction apparente avec le règlement de la banque. Il avait par ailleurs un faible pour les déplacements en jet privé.

Attali est un érudit, mais il y a des érudits qui ne comprennent pas eux-mêmes ce qu’ils savent. Cet intellectuel pénétré de sa judéité fut proche du Président Mitterrand, qui, lui, avait soutenu le régime de Vichy et été décoré de la Francisque par Pétain.  Il est même arrivé à Attali de dîner en compagnie de René Bousquet, antisémite rabique responsable de la rafle du « Vélodrome d’hiver » en 1942[2].

Attali a récemment déclaré qu’il « faudrait pouvoir envoyer Netanyahu, ses ministres extrémistes et les dirigeants du Hamas dans la même prison. À vie. Pour crimes de guerre, massacres de leurs jeunesses et tentatives de meurtres contre l’avenir de leurs peuples. [3]»

Que l’on apprécie Netanyahu ou pas, le fait est qu’il fut en 1972 l’un des membres du commando qui donna l’assaut à un appareil détourné de la Sabena[4], et sauva ainsi une centaine d’otages prisonniers de terroristes palestiniens.

Entre le Juif de cour et le combattant de Tsahal il y a un choix qui s’impose.

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[1] https://www.lesechos.fr/1993/06/le-president-jacques-attali-contraint-a-demissionner-de-la-berd-907252

[2] https://www.lemonde.fr/archives/article/1994/10/11/reperes-m-mitterrand-et-vichy-jacques-attali-confirme-qu-il-a-dejeune-par-hasard-avec-rene-bousquet_3847307_1819218.html

[3] https://www.i24news.tv/fr/actu/france/1703064243-jacques-attali-veut-envoyer-netanyahou-et-les-dirigeants-du-hamas-dans-la-meme-prison

[4] https://www.idf.il/fr/minisites/tsahal-au-passe/guerres-et-operations/operation-isotope-1972/

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