J’ai dormi

J’ai dormi
Sans mon cœur
Mais aussi
Sans bonheur

J’ai dormi
Aux quat’ vents
Sans roulis
Sans grand vent

J’ai dormi
Au Levant
Me couchant
Hors du Temps

J’ai dormi
Sans voler
Marauder
Chaparder

J’ai dormi
Bien aussi
Séquestré
A ses pieds

J’ai dormi
Sans la voir
Sans miroir
Sans espoir

J’ai dormi
Les yeux durs
Face au mur
Quelle torture

J’ai dormi
à l’envi
Mais aussi
sans envie

J’ai dormi
dans ma chambre
tout ravi
de l’entendre

J’ai dormi
Sur les  pierres
C’était hier
En hiver

J’ai dormi
En repli
En ivresse
En détresse

J’ai dormi
Sur la neige
Si légère
Ephémère

J’ai  dormi
Dans son nid
Sans caresse
Sur ses fesses

J’ai dormi
Sans souci
Dans cette ville
Si tranquille

J’ai dormi
Sans la  peur
Que s’en aille
La douleur

J’ai dormi
En folie
Tout à l’antre
Du bas-ventre

J’ai dormi
En ses cuisses
maléfice
Orifice

J’ai dormi
Tout réjoui
Avec l’autre
Qui se vautre

J’ai dormi
Sans conscience
De ma mie
En souffrance

J’ai dormi
Affaibli
Sans mes armes
Et en larmes

J’ai dormi
Tout petit
En délit
Dans mon lit

J’ai dormi
Toute ma vie
Mais maintenant
C’est fini

Désir

Lui :
– J’ai envie de baiser
– Moi aussi
– Ca ne veut rien dire
– Qu’est ce qui ne veut rien dire
– Ton envie. Ce n’est qu’une réaction à la mienne
– Il n’y a que la tienne compte, d’envie?
– Il n’y a que la mienne qui existe
– Qui décide
– Les faits
– Quels faits
– Le fait que c’est moi le premier qui aie exprimé l’envie
– Ca disqualifie la mienne ?
– Oui, parce que je ne saurai jamais si elle était sincère
– Pourquoi
– Parce que tu n’as fait que répliquer pour me faire plaisir
– C’est mal de faire plaisir?
– Tu confirmes
– Je confirme quoi
– Que tu avais envie de baiser juste pour me faire plaisir
– Je n’ai pas dit ça, mais maintenant je n’ai plus envie
– Je le savais
– Tu savais quoi
– Que tu n’avais pas envie de baiser
– J’avais envie, mais tu m’as fait débander
– Les femmes ça ne bande pas alors ça ne peut pas débander non plus.
– Je n’aime pas quand tu dis « les femmes », ni quand tu les désignes par « ça ».
– Il n’empêche que ni les femmes ni toi ça bande
– Tu continues à dire « les femmes » et « ça »
– Pardon. Mais on est bien d’accord que tu ne bandes pas
– Tu n’as pas le sens de la métaphore. C’était une image
– Mensongère. Tu voulais me faire croire que tu éprouvais du désir comme un homme
– Je n’ai pas de désir
– Je n’en sais rien… en tout cas pas comme un homme
– Et alors
– Alors c’est un mensonge de plus
– De plus que quoi
– De plus que ceux qui veulent faire accroire que les femmes sont comme les hommes
– Tu penses que les femmes n’éprouvent pas de désir
– Peut-être que oui, mais elles n’ont pas besoin d’un homme.  Un sex-toy fait l’affaire.
– Tu en sais des choses
– Pas la peine de persifler, c’est une femme qui me l’a dit
– Pas flatteur
– Pour qui
– Pour toi
– Pourquoi
– Parce qu’elle préférait baiser avec un morceau de plastique qu’avec toi
– Elle n’a pas dit qu’elle préférait. Elle a dit que c’était pareil
– Pas un peu mieux avec toi qu’avec le plastique
– Non, un peu mieux avec le plastique qu’avec moi
– Pourquoi elle baisait avec toi alors
– Parce que je lui apportais autre chose que mon corps. Me prêter son cul juste en échange du mien lui semblait déséquilibré. Elle pensait que son corps valait plus que ça
– Il lui fallait quoi en plus
– Je ne sais pas, moi… de l’attention, de l’argent, des cadeaux…
– Oublions cette bonne femme. C’est un mauvais exemple. C’est une pute
– Tandis que toi tu n’en es pas, naturellement
– Non, parce que je ne te demande rien
– Mais tu ne donnes rien non plus
– Comment
– Tu ne me donnes pas ton cul
– Mais il y a à peine cinq minutes je te le proposais
– Non tu le refusais
– C’est toi qui n’en voulais pas
– Seulement quand j’ai compris que ton offre n’était pas sincère, qu’elle ne venait pas du cul
– Qu’est ce qui t’a fait penser ça
– Le fait que c’est moi qui aie dit mon envie de baiser
– Je t’ai emboîté le pas
– Plutôt par charité, et acter par la même occasion que c’était moi qui étais demandeur
– Tu n’étais pas demandeur de moi. Tu étais demandeur tout court
– Comment ça
– Tu as dit j’ai envie de baiser
– Et alors
– C’était juste une envie. Tu n’as pas dit que tu avais envie de moi
– Pour baiser il faut d’abord avoir envie, ensuite on choisit avec qui
– Pour baiser il faut d’abord choisir avec qui, ensuite on a envie

Le livre de Job

Job est un homme juste et bon. Il est heureux, entouré d’une famille aimante, jouit d’une bonne santé et est prospère.

Dieu le met à l’épreuve en le dépouillant de tout, y compris de sa santé.

Satan essaie d’amener Job à se dire qu’il n’était peut-être pas aussi vertueux qu’il le pensait, le pousse à s’interroger et à faire son examen de conscience. Mais Satan est une métaphore du doute qui se glisse chez Job, qui se met à réfléchir aux fautes qu’il a pu commettre sans en avoir eu conscience. Il interpelle vigoureusement Dieu pour essayer de lui arracher en quoi il peut bien avoir failli. Mais Dieu garde le silence. Et c’est cette pesante non-réponse qui éclaire Job. Il comprend enfin qu’il n’y a aucun rapport entre son bonheur d’antan et sa vertu, et que la seule raison d’être bon, c’est d’être bon, qu’il n’y a rien à attendre en échange, sans quoi ce ne serait pas de la vertu.

La foi ne repose sur aucune preuve et peut faire l’objet d’aucune démonstration, sans quoi ce serait de la science. Le livre de Job, l’épisode de la Ligature d’Yitzhak et l’Ecclésiaste balaient toute velléité de baser la foi sur les notions de récompense ou de punition.

La foi juive pose que l’homme distingue le bien du mal. On peut gloser à l’infini sur l’Infini, mais croire, pour un juif, c’est croire que la morale fait partie intégrante de la personne humaine aussi bien que la matérialité de son corps, et que l’homme a le devoir de traduire cela en pratique.

Croire, c’est avoir la conviction qu’aucune épreuve, aucun revers, aucune barbarie, aucun malheur d’aucune sorte ne peut ébranler la notion de morale. Penser que la morale est fondée sur un jeu de récompenses et de punitions est un contresens. La morale doit être parce qu’elle doit être. Elle est en soi sa justification et son essence. Mais le judaïsme est pragmatique, et admet que l’on puisse être mû par l’intérêt en pratiquant le bien.

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