Macron ou les fourberies d’un pantin

Le Salon de défense Eurosatory réunit tous les deux ans environ 2000 exposants, une soixantaine de pays et 250 délégations. Des professionnels venus de toutes parts viennent proposer leurs produits à  des entreprises, à des gouvernements, à des militaires et à des organismes privés.  Israël y participe traditionnellement, parce qu’en plus de l’aspect économique, c’est également l’occasion pour les acteurs de cette industrie de nouer des liens stratégiques.

Mais alors que 74 entreprises israéliennes étaient sur le point d’installer leur stand au Parc des Expositions de Villepinte, le Président Macron a brutalement imposé à l’organisateur du Salon de leur interdire l’entrée. Fort de cela, des mouvances islamistes ont obtenu d’un tribunal d’étendre cette interdiction à toute personne ayant des liens avec l’industrie de défense israélienne.

Mais quelques jours plus tard, le Tribunal de commerce de Paris a jugé que l’exclusion d’Israël du Salon était illégale, et a ordonné son annulation. Dans la foulée, la Cour d’appel de Paris a désavoué le tribunal qui avait interdit l’accès au Salon à des Israéliens.

Malheureusement le mal était fait, aussi bien du point de vue moral que matériel, et  les entreprises israéliennes en sont restées pour leurs frais. Il faut néanmoins rendre hommage à la justice française, qui a su empêcher ce Président verbeux et insipide de décréter un boycott d’Israël, pays pourtant allié et ami de la France. Reste que ce Roi fainéant a commis un abus de pouvoir abject et lâche.

Il n’y a peut-être pas de quoi être surpris, puisqu’il s’agit de ce même Macron qui a boycotté une marche contre l’antisémitisme parce qu’un délinquant islamiste proche de lui avait assuré à l’Elysée que parader avec des Juifs pouvait constituer une offense aux musulmans.

Vive la France, mais vivement que parte son Président

La gauche et le Statut des Juifs

La dissolution de l’Assemblée Nationale décrétée par le Président Macron le 9 juin dernier constitue un électrochoc pour la vie politique française. Il est plus difficile que jamais d’en anticiper les conséquences, parce que l’équilibre des forces semble avoir changé au vu du résultat des élections européennes. La droite nationaliste à fait des progrès significatifs, mais elle peine à former un front uni face au peuple de gauche, qui  a réussi, lui, à s’organiser en un temps record à la perspective des élections législatives.

Il faut donc attendre les législatives pour déterminer qui sortira vainqueur de cette  bataille politique. Mais ce qui est sûr, c’est que quelle que soit la physionomie  de la future Assemblée Nationale, l’on peut d’ores et déjà dire que le grand vainqueur de l’épisode en cours,  c’est l’antisémitisme.

La totalité de la gauche a validé la judéophobie  comme thème fédérateur en vue de la campagne électorale qui s’ouvre. Des trotskistes aux sociaux-démocrates, les complices de cette mascarade ont conclu une alliance avec pour nom « Nouveau Front populaire ». En dépit de leurs divergences idéologiques, stratégiques et programmatiques, le Parti Socialiste, les Ecologistes, La France Insoumise, le Parti Communiste, Place Publique et autres mouvances gaucho-compatibles se sont mis d’accord sur un programme qui serait impossible à mettre en œuvre sans la haine des Juifs comme ciment. La gauche, toutes tendances confondues, avec la bénédiction d’un ex-Président de la république et de celle de la Maire de Paris, s’est réunie en conclave pour entériner l’idée que le Hamas, dont la raison d’être est l’extermination des Juifs, est un mouvement de résistance légitime.

L’Histoire bégaie : en 1940 la gauche votait les pleins pouvoirs à Pétain et lui donnait les coudées franches pour mettre en place le régime de Vichy. La gauche française d’aujourd’hui réinvente le Statut des Juifs  sous forme d’un soutien aux commanditaires du 7 octobre.

Il y a bien entendu des femmes et des hommes de gauche respectables et de bonne foi. Mais à ce stade, toute personne qui continuerait à soutenir quelque composante du « Nouveau Front populaire » que ce soit serait objectivement antisémite. La gauche de France dans son ensemble ne mérite que du mépris. Rien ne peut excuser une quelconque entente avec elle, que l’on soit juif ou pas.

Quant aux Juifs de France qui se revendiquent comme tels, s’ils ne savent plus vers qui se tourner, ils peuvent se tourner vers Israël. La Loi du Retour, c’est  cela.

L’avenir du passé de la gauche israélienne

Je ne pense pas que la gauche doive rétablir quoi que ce soit du passé, ou ressusciter sur de nouvelles bases. Il ne le faut pas, parce que la gauche a atteint ses objectifs partout en Occident. Non pas que tout y soit pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais l’essentiel des concepts chers à la gauche ont été intériorisés et sont au cœur de la philosophie politique du monde libre, dont ils font partie intégrante. Il y a encore beaucoup à faire pour un monde meilleur, mais confier cette tâche à une gauche datée et dépouillée de sa raison d’être n’a pas de sens.

Le rôle de la gauche est accompli, même si des archaïsmes intellectuels et matériels persistent chez des vétérans qui n’ont pas vu le monde changer. Comme la Nature a horreur du vide, le wokisme s’est emparé de l’espace que la gauche a ouvert à tout vent. Ce phénomène est analogue à un commerce qui aurait liquidé son stock, mais qui resterait ouvert aux preneurs du vent passé. Certains aspirent à ce que l’universalisme déloge la pensée wokiste des temples de gauche, mais l’universalisme tend à spolier les nations de leur trésor de culture et de traditions, fruits de siècles de gestation.

Il faut résister à la nostalgie de gauche. Autant la gauche a été centrale lors de la construction de l’Etat juif, autant elle fait fausse route depuis, et continue à le faire, en particulier concernant la question palestinienne.

Il y a par ailleurs dans l’opinion publique une confusion concernant le rôle de la droite historique, qui n’est en rien comptable des dérives et de la corruption de certains milieux ultraorthodoxes et de l’extrême-droite fascisante. L’Etat d’Israël a vu le jour grâce aux combattants de tous bords du Yishouv, dont les disciples de Jabotinsky qui ont eu un rôle déterminant pour bouter les Britanniques hors de Palestine. Par ailleurs les traités de paix et de normalisation avec le monde arabe ont pratiquement tous été conclus par le centre-droit ou la droite. Il ne s’agit pas de distribuer des points aux uns ou aux autres, mais il serait injuste de présenter la gauche comme étant plus que quiconque apte à résoudre la question palestinienne, alors qu’elle n’a jamais rien réglé dans ce domaine.

Jean-Luc Mélenchon est-il une ordure antisémite ?

Amine El Khatmi est un homme politique français issu de la gauche.  Il est l’actuel président du mouvement   Printemps Républicain. Il y a quelques mois, El Khatmi a été invité par le journaliste Fréderic Haziza de Radio J à s’exprimer sur l’actualité, notamment en rapport avec le massacre du 7 octobre 2023 en Israël. A la question de savoir ce qu’il pensait de la position de Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise, El Khatmi a qualifié celui-ci « d’ordure antisémite »

Jean-Luc Mélenchon  a réagi en estimant que ces propos étaient « extrêmement graves », revêtaient un « caractère infamant » et constituaient un « incontestable préjudice moral ». Il a assigné Radio J et Haziza en justice et demandé que l’émission soit supprimée des plateformes où elle était accessible. A noter qu’il semble que Mélenchon  n’ait pas assigné El Khatmi à titre personnel.

Maître Goldnadel, avocat de Radio  J et de Haziza,  a annoncé il y a peu que Mélenchon a été débouté par le tribunal. A partir de cette décision de justice il n’est pas déraisonnable de déduire maintenant que qualifier Mélenchon d’ordure n’est pas une injure, mais une information.

Il se peut que Mélenchon n’en reste pas là et qu’il poursuive El Khatmi pour diffamation. Ce serait une affaire intéressante à suivre, vu le passif de Mélenchon et de ses complices de la France Insoumise en matière d’antisémitisme. El Khatmi serait invité à étayer ses propos et à soumettre aux juges un faisceau d’indices assez accablants pour qu’ils conviennent que Mélenchon mérite effectivement d’être qualifié d’antisémite. Les attendus ne retiendraient probablement pas la qualification d’ordure, ce statut ne figurant pas dans le code pénal.

De là à poursuivre Mélenchon pour diffamation raciale, apologie du terrorisme  et incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, il n’y aurait qu’un pas à franchir. L’on pourrait d’ailleurs lui adjoindre dans le box des accusés Annie Ernaux, Mathilde Panot, Edgar Morin, Rima Hassan, Aymeric Caron, Danièle Obono, David Guiraud et quelques autres apparatchiks de la France Insoumise.

Si Mélenchon était condamné et qu’il se présentait aux élections présidentielles de 2027, il serait le premier candidat à briguer ce poste sous l’étiquette d’antisémite  certifié. Nul doute qu’il aurait des électeurs et que cela couronnerait une stratégie qu’il pratique avec succès depuis un certain temps déjà.

La Loi du Retour

La « Loi du Retour[1] » a pour vocation d’accueillir tout Juif désirant s’établir en Israël. Elle stipule que « L’État déploiera des efforts pour garantir la sécurité des membres du peuple juif et de ses citoyens se trouvant en détresse ou privés de liberté en raison de leur judéité ou de leur citoyenneté ». Cette loi oblige l’Etat d’Israël à accorder de manière irréversible et immédiate la citoyenneté à tout Juif désirant immigrer, quelle qu’en soit la raison, qu’il soit en détresse ou pas, qu’ils soit persécuté ou pas en tant que Juif.

Mais tout droit suppose un devoir. Tout Juif qui se dit sioniste doit soutenir Israël en temps de guerre comme en temps de paix. Chacun selon ses moyens, son potentiel et ses compétences. Ceux éligibles à la Loi du Retour ont un devoir de réserve vis-à-vis du gouvernement d’Israël quel qu’il soit. Il est impensable qu’alors que le peuple d’Israël se bat pour maintenir le pays en état de marche, des Juifs à travers le monde soutiennent en public des discours hostiles à Israël, voire antisémites, et se réservent en même temps l’option d’immigrer en Israël à leur convenance, à leur heure ou par nécessité. La liberté d’expression est certes un droit de tout un chacun, mais l’Etat d’Israël a aussi celui de retirer à sa seule discrétion l’éligibilité à l’Alyah à quiconque jugé nuisible à Israël de manière manifeste.

La Loi du Retour concerne toute personne née de mère juive, ou convertie au judaïsme, ou dont l’un des quatre grands-parents est juif. Mais il faudrait également ouvrir l’Alyah à des personnes qui ne répondent pas à ces critères, mais  qui expriment le désir de partager la destinée du peuple juif. La définition de « Juif » au sens de la Loi du Retour n’étant de toutes manières pas conforme à la Halakha, il faudrait confier le soin de déterminer qui est juif à des institutions explicitement laïques qui cultivent une identité juive sans connotation religieuse.

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[1] La loi du retour votée en 1950 par le Parlement israélien garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

La question démographique en Israël

Vers la fin du 20ème siècle, l’antisémitisme et le marasme de l’URSS et de ses satellites a suscité une émigration massive des Juifs vers Israël, mais elle est aujourd’hui pratiquement tarie.  La question se pose maintenant de savoir d’où pourrait bien venir un accroissement de la population juive par une nouvelle Alyah significative.

Il y a des communautés juives dans de nombreux pays, mais c’est aux Etats-Unis que les Juifs sont les plus nombreux, les plus dynamiques et les mieux intégrés. Mais en analysant le profil de cette communauté, on relève beaucoup d’analogies avec celle de l’Allemagne prénazie.  C’est ce genre de profil qui de tous temps a fini par se retourner contre les Juifs eux-mêmes, comme lors de l’Exode d’Egypte, de l’expulsion d’Espagne ou de la Shoah. Le massacre du 7 octobre a paradoxalement donné lieu à une flambée d’antisémitisme dans de nombreuses universités américaines, là-même où sont formées les élites de la nation. Une lame de fond hostile à la communauté juive, aussi prospère soit-elle, pourrait être suffisamment dérangeante  pour inciter de nombreux Juifs à faire l’Alyah[1].

L’Etat d’Israël est celui du peuple juif, mais il reconnaît l’existence de communautés ou d’ethnies composées de citoyens ayant leur culture, leur langue, leurs jours fériés et leur système d’éducation. Il faudrait donner la possibilité à tout citoyen israélien de changer de communauté pour s’intégrer à celle à laquelle il souhaite appartenir, moyennant une procédure appropriée. Cette possibilité existe dans une certaine mesure, mais elle passe dans la plupart de cas par une conversion religieuse. Il faudrait y ajouter un volet séculier permettant la transition d’une communauté à l’autre. Ce devrait être un droit, dont une des applications serait de donner aux couples mixtes la possibilité de déterminer à quelle communauté ils désirent associer leurs enfants.

 

La Loi du Retour

La « Loi du Retour[2] » a pour vocation d’accueillir tout Juif désirant s’établir en Israël. Elle stipule que « L’État déploiera des efforts pour garantir la sécurité des membres du peuple juif et de ses citoyens se trouvant en détresse ou privés de liberté en raison de leur judéité ou de leur citoyenneté ». Cette loi oblige l’Etat d’Israël à accorder de manière irréversible et immédiate la citoyenneté à tout Juif désirant immigrer, quelle qu’en soit la raison, qu’il soit en détresse ou pas, qu’ils soit persécuté ou pas en tant que Juif.

Mais tout droit suppose un devoir. Tout Juif qui se dit sioniste doit soutenir Israël en temps de guerre comme en temps de paix. Chacun selon ses moyens, son potentiel et ses compétences. Ceux éligibles à la Loi du Retour ont un devoir de réserve vis-à-vis du gouvernement d’Israël quel qu’il soit. Il est impensable qu’alors que le peuple d’Israël se bat pour maintenir le pays en état de marche, des Juifs à travers le monde soutiennent en public des discours hostiles à Israël, voire antisémites, et se réservent en même temps l’option d’immigrer en Israël à leur convenance, à leur heure ou par nécessité. La liberté d’expression est certes un droit de tout un chacun, mais l’Etat d’Israël a aussi celui de retirer à sa seule discrétion l’éligibilité à l’Alyah à quiconque jugé nuisible à Israël de manière manifeste.

La Loi du Retour concerne toute personne née de mère juive, ou convertie au judaïsme, ou dont l’un des quatre grands-parents est juif. Mais il faudrait également ouvrir l’Alyah à des personnes qui ne répondent pas à ces critères, mais  qui expriment le désir de partager la destinée du peuple juif. La définition de « Juif » au sens de la Loi du Retour n’étant de toutes manières pas conforme à la Halakha, il faudrait confier le soin de déterminer qui est juif à des institutions explicitement laïques qui cultivent une identité juive sans connotation religieuse.

[1] Terme désignant l’immigration en Israël par un Juif.

[2] La loi du retour votée en 1950 par le Parlement israélien garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

L’Etat d’Israël et la Shoah

L’idée reçue selon laquelle la Shoah serait à l’origine, ou aurait été déterminante, pour la création de l’Etat d’Israël est une contrevérité et une offense faite aux héros du Yishouv qui ont lutté pour l’indépendance d’Israël en boutant les occupants britanniques hors de Palestine. La fable d’un Etat juif concédé en compensation de la Shoah est malveillante et tend à délégitimer Israël. Elle consiste à colporter l’idée que l’Occident aurait été pris de remords après la Shoah et se serait permis d’installer un Etat juif créé de toutes  pièces au Moyen-Orient sur un territoire volé aux Arabes.

Des historiens comme Georges Bensoussan[1] et Yehuda Bauer[2] ont démontré à quel point la marche vers la création de l’Etat d’Israël avait été sur le point d’aboutir avant la Seconde Guerre Mondiale. La sécurité sociale, les syndicats ouvriers, le système de transport, la police, l’université, la langue hébraïque, la technologie de pointe, l’agriculture intensive, le système politique, tous ces éléments d’un Etat en gestation étaient déjà en place avant la Shoah.

Bensoussan mentionne qu’après soixante ans de sionisme, des bataillons de jeunes Juifs d’Europe s’apprêtaient à faire l’ossature du futur Etat juif, mais sont partis en fumée dans les camps de la mort. Les mouvements sionistes en Europe comptaient près d’un million de membres, dont des dizaines de milliers s’initiaient à l’agriculture en vue de l’Alyah. Ils furent empêchés de rallier la Palestine et n’ont pas survécu à la guerre.

Pour Bauer le lien entre Shoah et l’Etat d’Israël est un mythe. Il rappelle qu’en Europe un tiers des Juifs vivaient sous le seuil de pauvreté et auraient émigré vers la Palestine si les frontières n’avaient été verrouillées par les Britanniques. Il estime que la Shoah a non seulement retardé la création de l’Etat d’Israël, mais a même manqué faire échouer le projet sioniste en tant que tel. L’Etat d’Israël n’est donc pas une conséquence de la Shoah, mais a au contraire vu le jour malgré la Shoah. C’est cette vérité historique qu’il faut transmettre aux jeunes générations, pour qu’ils ne grandissent pas avec l’idée qu’Israël est un pays de réfugiés.

[1] Historien spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des 19ème et 20ème siècles, en particulier des mondes juifs.

[2] Historien et universitaire spécialiste de la Shoah. Professeur à l’université hébraïque de Jérusalem.

Israël face au terrorisme

La peine de mort n’existe pas en Israël, comme dans la plupart des démocraties. Exécuter un être humain, aussi coupable soit-il, est un geste dégradant en soi, même quand il s’agit des criminels les plus abjects. Par ailleurs la peine de mort n’a pas vraiment de sens du point de vue logique, parce que le condamné ne souffre que durant la période qui s’écoule entre la sentence et l’exécution.  Vu sous cet angle la prison à perpétuité est une punition bien plus sévère.  En Israël même les terroristes les plus monstrueux finissent par sortir de prison, ou à être échangés contre des otages capturés par d’autres terroristes.  Une fois libérés il est fréquent qu’ils récidivent.

Les moyens conventionnels sont inopérants dans la lutte contre le terrorisme. Restent les unités spéciales qui ont des méthodes proches de celles des terroristes eux-mêmes. Elles s’efforcent de les combattre avec les moyens appropriés. Mais en plus du soutien logistique, matériel et financier, il faut que l’Etat donne à ces unités spéciales un soubassement éthique pour les conforter dans leur mission.

Il règne dans l’opinion publique un sentiment que les lois de la guerre ne sont pas efficaces quand il s’agit d’actes  terroristes, en particulier quand ils ont la dimension du génocide  du 7 octobre. Les forces antiterroristes devraient être maîtresses de leur action sur le terrain et libres de juger en temps réel du sort des terroristes. Les éliminer s’ils estiment que ceux-ci constituent ou continueront à constituer un danger.

Le droit est ainsi fait que l’on ne peut juger personne pour des crimes susceptibles d’être commis dans le futur. Mais concernant certains profils irréductibles il faudrait considérer que les neutraliser de manière préventive relève d’une forme de légitime défense. A noter que la traque par le Mossad des tueurs de «  Septembre Noir » après les Jeux Olympiques de Munich allait dans ce sens. Il faudrait donner cette même latitude et ce même mandat aux unités antiterroristes de notre époque.

Donc non à la peine de mort, mais mort aux terroristes.

L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs

L’idée que l’antisémitisme serait dû à l’ignorance ou à l’obscurantisme est fausse, même s’il est vrai qu’il y a des obscurantistes et des ignorants partout. La riposte à l’antisémitisme à travers le monde n’est ni dans l’éducation ni dans la laïcité ni dans l’humanisme ni dans l’antiracisme ni dans l’information ni dans la démocratie. Elle est dans l’Etat des Juifs. La logorrhée antisémite qui persiste en Occident est de même nature que celle qui a abouti à la Shoah. Les mêmes causes produiraient les mêmes effets si par malheur l’Etat d’Israël disparaissait.

La lutte contre l’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs. Ils n’ont aucune prise sur ce fléau et aucun moyen de le combattre. Il n’y a d’ailleurs pas d’antisémitisme d’Etat dans le monde libre, et les autorités font généralement ce qu’elles peuvent pour le sanctionner. Mais le fait est qu’elles n’arrivent pas à juguler ce phénomène fabriqué par des siècles d’antijudaïsme  chrétien. Il est frappant d’observer que les manifestations contre l’antisémitisme en Europe ne mobilisent pas grand-monde excepté les Juifs eux-mêmes. Ces manifestations sont souvent pathétiques, tellement elles renvoient les Juifs à leur solitude. Une des raisons de la frilosité de la classe politique européenne à ce sujet est la crainte d’indisposer les musulmans, dix fois plus nombreux et soutenus par une gauche qui avance masquée sous couvert d’antisionisme.

L’Etat d’Israël doit faire entendre sa voix contre l’antisémitisme par les canaux diplomatiques d’usage, mais il n’est pas en son pouvoir ni de son  droit d’intervenir dans la politique intérieure des pays concernés. Israël peut et doit en revanche promouvoir l’Alyah auprès des Juifs à travers le monde qui estiment que leur qualité de vie, ou leur vie tout court, est compromise du seul fait d’être Juif.

L’institution judiciaire en Israël

L’institution judiciaire d’Israël est inspirée par le droit ottoman, anglais et aussi le droit international. La Cour Suprême en est la clé de voute. Elle est composée d’un panel de 15 juges nommés en fonction de leur expérience, de leur expertise et de leur intégrité.

Lors de la création de l’Etat d’Israël, la Cour Suprême avait pour  fonction principale de dire le droit dans des litiges d’ordre juridique.  Mais en 1992 une réforme a été adoptée par la Knesset sous l’impulsion du juge Aharon Barak. Cette réforme a ouvert la voie à de l’activisme judiciaire concernant les droits de l’homme et les libertés civiles, parfois contre l’avis de la Knesset ou du gouvernement.

Depuis la réforme Barak la Cour Suprême a compétence pour examiner des décisions de justice, des controverses légales, des pétitions, des questions relatives à la liberté d’expression et de culte, à la vie privée et à la protection des minorités. Elle a aussi pour mission de prévenir des abus de pouvoir, des nominations tendancieuses ou des décisions gouvernementales réputées déraisonnables. Elle peut s’autosaisir pour retoquer des lois votées par la Knesset, y compris des Lois Fondamentales.

Le processus de nomination des juges du système judiciaire est parfois critiqué pour une opacité qui permet des cooptations de fait. Le comité actuel de nomination des juges comprend deux députés de la Knesset, deux membres de l’Ordre des avocats, deux ministres et trois membres du système judiciaire. Comme l’Ordre des avocats se range traditionnellement du côte du système judiciaire, c’est lui qui prévaut en pratique.

En l’absence de Constitution, les juges sont en principe seuls face à leur conscience pour déterminer les valeurs sur lesquelles ils fondent leurs décisions. Mais depuis la réforme Barak, le système judiciaire est considéré comme plutôt progressiste, par opposition à une opinion publique plutôt conservatrice. Cela a fini par créer une tension qui a emmené le gouvernement de la 25ème Knesset à initier une réforme visant à réduire de manière significative le pouvoir de la Cour Suprême et à modifier le système de nomination des juges.

Le nouveau comité de nomination comprendrait le président de la Cour Suprême, deux juges à la retraite désignés par le ministre de la Justice, trois ministres dont deux choisis par le gouvernement en plus du ministre de la Justice, trois membres de la Knesset dont un député de la coalition, un de l’opposition et le président de la Commission des Lois.

L’équilibre des forces s’établirait alors à six sièges sur neuf pour l’ensemble exécutif et législatif, contre trois pour le judiciaire, ce qui revient à créer un système dont la sensibilité serait celle de la majorité au pouvoir. Cette réforme n’a pas abouti et a été remise en question suite à des manifestations d’ampleur et à la guerre consécutive au massacre du 7 octobre.

Si l’on permet à la Cour Suprême d’invalider à sa seule discrétion l’action de l’exécutif ou du législatif, cela revient à contredire la volonté populaire. D’un autre côté, s’il n’y a pas de mécanisme pour vérifier la raisonnabilité des décisions de l’exécutif il y a un risque de dérive autoritaire. Vu  l’absence de Constitution, le potentiel d’abus de pouvoir est donc manifeste dans les deux cas de figure. Le fait est que depuis que la droite est majoritaire dans le pays il arrive que la Cour Suprême se comporte comme une opposition politique, en particulier quand il s’agit de questions sociétales.

Le projet de réforme a provoqué  une fracture idéologique inquiétante dans la société israélienne, mais a paradoxalement fait émerger un consensus concernant la nécessité même de réformer l’institution judiciaire.

 

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