Zeev Sternhell ou le naufrage de la pensée

Zeev Sternhell est historien et professeur de science politique à l’Université Hébraïque de Jérusalem. « Le Monde »  a publié  un article de sa main intitulé « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».

Cette publication n’est pas une surprise, parce que c’est dans la logique d’une grande partie de la presse que d’être hostile à Israël. Celle-ci se régale de tout ce qui peut être nuisible à l’Etat juif et ne demande pas mieux que d’ouvrir ses colonnes à des Israéliens pour asseoir sa propagande antisioniste.

Dans son article Sternhell nous apprend que l’Etat d’Israël « est devenu un monstre pour les non-juifs sous sa domination » et fait un procès d’intention à la droite en posant que celle-ci réserve aux Palestiniens, aux Soudanais et aux Érythréens le même sort que les Nazis d’antan réservaient aux Juifs.

Il précise que beaucoup d’Israéliens ont honte de leurs élus tout en votant pour eux. On ne voit pas ce qui lui permet d’affirmer cela, mais on peut supposer que cet éminent intellectuel a l’autorité morale de considérer la majorité des Israéliens comme des crétins à rééduquer.

Sternhell et ses amis politiques ont peu d’audience en Israël, alors ils se déshonorent en s’exprimant dans des forums internationaux qui jubilent quand un Juif associe la démocratie israélienne au nazisme.

Sternhell mais n’a pas le droit moral de traiter Israël d’Etat « nazi », « d’Etat d’apartheid » ni de « monstre ». Cet historien, ce juif polonais qui a échappé aux vrais Nazis le sait mieux que quiconque. Ce qu’il écrit est un amalgame d’élucubrations de quelqu’un qui veut à tout prix exister. Il fait exprès de ne pas distinguer entre l’Etat d’Israël et une extrême-droite qui n’est ni pire ni meilleure que celle de Belgique ou de France. Par ailleurs il fait l’impasse sur l’extrême-gauche, qui elle constitue un véritable danger pour la démocratie en Israël comme ailleurs.

On ne peut accorder le moindre crédit à ce Juif qui pour obtenir une tribune dans « Le Monde » est prêt à traiter Israël de nazi. Non seulement est-ce insultant, mais c’est une manière de banaliser la Shoah. Si la vie quotidienne à Ramallah est comparable à celle d’Auschwitz cela rejoint le point de vue négationniste comme quoi la Shoah n’aurait pas été si grave que cela.

Nul besoin de Sternhell pour déterminer si Israël est une démocratie. Le danger du populisme existe dans beaucoup de pays occidentaux, à la différence près qu’Israël démontre la solidité de ses institutions malgré l’état de guerre. Pas sûr que la France ou la Belgique seraient encore des démocraties si ces pays avaient à faire face aux défis qu’Israël subit à ses frontières, ou si une puissance comme l’Iran les menaçait de destruction par le feu nucléaire.

Quand des intellectuels comme Sternhell alignent leurs positions sur celles d’Edwy Plenel, de Mélenchon ou de prédicateurs islamistes, quand ils contestent la légitimité  même d’Israël ce ne sont pas des adversaires politiques, mais des ennemis.

Yonatan Gefen ou l’art de faire parler de soi

Ahed Tamimi est une adolescente palestinienne qui a bousculé,  donné des coups de pied et giflé un militaire israélien en marge de l’effervescence produite par la décision du Président Trump de reconnaître Israël comme capitale d’Israël. Le militaire en question a gardé son sang-froid et n’a pas jugé utile de réagir, mais comme  la scène a été préméditée, filmée et publiée sur Facebook par la mère d’Ahed Tamimi, cela à entraîné son arrestation.

Yonatan Gefen est un auteur, poète, chanteur, journaliste et dramaturge israélien. Il a publié un poème où il chante la gloire d’Ahed Tamimi en disant que l’Histoire la retiendra au même titre que Hanna Senesh et à Anne Frank.

Pour mémoire, Chana Senesh est une poétesse juive formée par les britanniques en Palestine lors de la Deuxième Guerre Mondiale pour aider à sauver les Juifs d’Europe. Elle fut parachutée en 1944 en Yougoslavie et peu après arrêtée, torturée et fusillée.

Pour mémoire, Anne Frank est une adolescente juive assassinée en 1945 au camp de concentration de Bergen-Belsen. Elle est connue pour son journal intime où elle relate jour après jour le calvaire vécu par elle sa famille dans une cache d’Amsterdam avant  d’être déportée vers les camps d’extermination nazis.

Pour mémoire, et comme dit plus haut, Yonatan Gefen est un auteur, poète, chanteur, journaliste et dramaturge israélien. Mais pour compléter le portrait il faudrait maintenant ajouter que Yonatan Gefen est un crétin.

Peut-on publier Céline ?

Louis-Ferdinand Céline, mort en 1961,  est considéré comme l’un des plus grands écrivains du vingtième siècle. Le problème est qu’il s’est également distingué par un antisémitisme d’une férocité rarement égalée. La maison d’édition Gallimard envisage ces temps-ci de rééditer trois de ses pamphlets anti-juifs parus entre 1937 et 1941. Cette initiative  a  déclenché de vives réactions dans des milieux assez divers, mais qui ont tous pour point commun de s’opposer à cette réédition, même si elle est accompagnée d’avertissements quant à la nature détestable du contenu.

Gallimard sera peut-être sensible aux protestations contre son projet, mais un autre éditeur pourrait tôt ou tard s’en charger. La vraie question qui se pose à ce stade est de déterminer où se situe la sagesse, entre publier ou ne pas publier les écrits antisémites de Céline.

D’abord, il faut savoir que cette prose est disponible sur Internet, le plus souvent sans mise en garde. Ensuite, il faut se demander pourquoi Céline serait l’objet d’un traitement différent que celui dont bénéficient d’autres auteurs antisémites, qui touchent souvent un public autrement plus important que celui de Céline.

Liste non exhaustive de la littérature antisémite disponible en librairie : « La France Juive » de Drumont, « Les Juifs et leurs Mensonges » de Luther, « Le judaïsme dans la musique » de Wagner « Mein Kampf » de Hitler, « Les Protocoles des Sages de Sion », sans oublier Charles Fourier qui écrivait que « Les juifs ne firent aucun pas dans les sciences et les arts, et qui ne se signalèrent que par un exercice habituel de crimes et de brutalités» .

La censure ne fait pas partie des pratiques d’une démocratie digne de ce nom, qu’elle soit le fait de l’Etat ou de groupes de pression, qui, aussi bien intentionnées soient-ils, risquent de faire plus de mal que de bien.

Il ne faut pas s’opposer à ce que Gallimard publie Céline, tout en exigeant que l’éditeur fasse œuvre de pédagogie, et démontre ce que c’est qu’un artiste qui est capable du meilleur comme du pire.

Sidération collective à propos de Trump et Jérusalem.

Il est difficile de comprendre la sidération collective en réaction à la déclaration de Trump concernant Jérusalem, alors que ce n’est ni plus ni moins que la réalisation d’une de ses promesses électorales. Il semble que les opinions publiques soient tellement habituées à ce que les promesses électorales soient violées que pour une fois qu’elles ne le sont pas il y a comme un réflexe pavlovien pour s’en étonner.

Quant au plaisir que cela fait aux israéliens, là encore, pourquoi s’en étonner ? La quasi-totalité de l’échiquier politique s’en est réjouie. Est-on extrémiste parce que l’on se réjouit de ce que la première puissance au monde, qui en plus se considère comme allié privilégié d’Israël, reconnaisse que Jérusalem en est la capitale ? Depuis les origines du sionisme, Israël a veillé à s’assurer de la légitimité internationale. La Déclaration Balfour, la Conférence de San-Remo, la Commission Peel, la Résolution de des Nations-Unies appelant à la partition de la Palestine, la Proclamation de l’Indépendance et l’admission à l’ONU témoignent d’une incontestable continuité, même si celle-ci est contestée malgré tout par de mauvais coucheurs que le succès d’Israël indispose.

Les Etats-Unis d’Amérique viennent de franchir un pas de plus dans cette direction. Par ailleurs cela ne compromet en rien le processus de paix, parce que Trump n’a pas indiqué où serait installée l’ambassade. Il est d’ailleurs dommage qu’il n’ait pas choisi de le faire à Jérusalem – Ouest, parce qu’on aurait vu à ce moment-là que les Palestiniens ne l’auraient pas admis non plus, pas plus qu’ils n’admettent que Tel-Aviv se trouve dans une Etat juif.

Paris capitale de la France ?

Quoi que l’on pense de la déclaration de Trump concernant Jérusalem, suggérer que cela pourrait avoir pour effet d’alimenter la terreur islamiste est une (mauvaise) plaisanterie. Il est établi depuis belle lurette que toute tentative d’amadouer les terroristes produit l’effet inverse. Cela leur donne l’impression qu’ils gagnent du terrain, ce qui fait qu’ils s’enhardissent au lieu de se calmer.
 
Le précédent de Charlie-Hebdo est frappant : après l’incendie de ses locaux en 2011, les bien-pensants de France se sont fendu de quelques bonnes paroles, mais aucune mesure radicale (au sens étymologique du terme) n’a été prise contre les milieux en cause.
 
On connaît la suite, alors pourraient se poser les questions suivantes : aurait-il mieux valu fermer l’école « Ozar Hatorah » à Toulouse pour éviter que des enfants ne soient liquidés à bout portant ? Aurait-il mieux valu ne pas enrôler de Musulmans dans l’armée française pour éviter qu’ils ne soient exterminés au nom de la Sharia ? Aurait-il mieux valu interdire à Charlie-Hebdo le blasphème pour éviter que ses collaborateurs ne se fassent descendre? Aurait-il mieux valu fermer les magasins juifs pour éviter que ses clients ne se fassent massacrer à « l’Hyper Cacher » ?
 
Dans le même ordre d’idées, aurait-il mieux valu que Trump ne reconnaisse pas Jérusalem comme capitale d’Israël pour éviter d’indisposer ses ennemis? Cette question est aussi indigne que les précédentes. Aucune d’elles n’a à être posée. Ce sont des non-questions.
 
Le calendrier a parfois des hasards qui ressemblent à des clins d’œil : Macron a désapprouvé l’initiative de Trump, ce qui était prévisible, mais ce qui l’était moins était qu’il s’exprimerait à partir du Qatar, Etat ennemi d’Israël, théocratie où on n’a jamais entendu parler des droits de l’homme, dictature proche de l’Iran, Emirat que le monde arabe lui-même accuse de soutenir le terrorisme. C’est tout en vendant des machines à tuer au Qatar que Macron condamnait Israël, seule démocratie, seul havre de paix dans ce Moyen-Orient disloqué, confus et ensanglanté.
 
Trump s’est fait élire comme il a mené ses affaires, c’est-à-dire sans idéologie autre que le culte de soi-même. Mais son prédécesseur Obama, technocrate à la belle allure, sympathique, policé, affable et doué du sens de l’humour, est aussi un dangereux beau parleur. Il a échoué sur toute la ligne dans sa politique étrangère, est coupable de la montée en puissance économique et militaire de l’Iran, et a donné le feu vert à la Syrie pour commettre l’un des plus épouvantable massacre de notre époque en laissant son dictateur franchir les lignes rouges que lui-même avait décrétées. Nul ne sait si Obama dort bien, mais de nos jours des milliers de victimes syriennes sont soignées dans les hôpitaux israéliens en toute discrétion, parce qu’il est un peu embarrassant de soigner en Israël des ennemis d’Israël avec de l’argent du contribuable israélien. Qui, entre Obama et Israël mérite le prix Nobel de la Paix ?
 
Les réactions de la presse française laissent pantois. La plupart des commentateurs sont soit ignares soit de mauvaise foi quand ils parlent du droit international. De quel droit international parlent-ils ? De la Sharia ?
 
La Résolution 181 de l’ONU suggérait en 1947 un partage de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, et un statut international pour Jérusalem. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont déclaré la guerre, et la Légion Arabe a chassé les Juifs de Jérusalem pour l’annexer à la Jordanie.
 
Les Juifs se sont contentés de ce statu quo jusqu’à ce qu’en juin 1967 les Jordaniens tentent à nouveau d’envahir Israël pour jeter les Juifs à la mer. A noter qu’entre 1948 et 1967 aucun juif, israélien ou pas, n’avait le droit de visiter les lieux saints de Jérusalem. Ou, quand, comment et sur quels textes se basent les journaleux de Paris pour décréter que Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël ? C’est à pleurer, d’autant que Trump s’est gardé de préciser quand son ambassade déménagerait ou dans quel quartier. Tout ce qu’il a dit était que Jérusalem était la capitale d’Israël.
 
On n’est pas d’accord au Quai d’Orsay ? Qu’ils aillent s’installer à Vichy, capitale de la France de Pétain.

Jean-Luc Mélenchon et ses antisémites

Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement « La France insoumise », n’a pas jugé utile de suspendre sa campagne électorale lors du massacre d’enfants juifs à Toulouse en 2012, probablement par peur d’indisposer ses amis islamo-gauchistes.

Mélenchon a été accusé d’antisémitisme en 2013 par ses amis socialistes suite à des propos tenus contre Pierre Moscovici, alors Juif Ministre de l’Economie, Ministre juif de l’Economie, ou Ministre de l’Economie juive, on ne se sait plus bien.

Mélenchon vouait une admiration, et même un amour inconditionnel, à Hugo Chavez, président antisémite du Venezuela, allié à Ahmadinejad, ce leader iranien qui voulait rayer Israël de la carte et qui organisait des concours de caricatures anti-juives.

Danièle Obono, amie de Mélenchon et députée de « La France insoumise », exige de venir en Israël pour réconforter ce brave Marouane Barghouti, inoffensif palestinien incarcéré pour deux fois rien, n’ayant en tout et pour tout assassiné que quelques Juifs et un chrétien.

Au cours d’une grande émission politique de France 2 cette semaine, Mélenchon qualifiait Danièle Obono d’antisémite, histoire de montrer à quel point il avait de l’estime pour elle. Peu après il s’est rétracté, laissant entendre qu’il avait commis un lapsus. Mais que pense vraiment Mélenchon ? Ce qu’il voulait dire ? Ou ce qu’il a dit.

Israël et la question de l’athéisme (suite)

Etre juif est une identité déconnectée de la religion quel que soit l’angle d’observation, et que l’observateur soit juif ou pas. Cette particularité date de la « Haskala [1]», qui elle-même a abouti au sionisme, qui a été dès les origines un mouvement de libération.

Certains non-juifs estiment que le judaïsme n’est qu’une croyance, et que dès lors que l’on ne croit pas l’on n’est pas juif. Mais même du point de vue du judaïsme le plus orthodoxe la loi juive ne lie en rien l’appartenance à la foi : quiconque est né de mère juive est juif, quelles que soient ses convictions philosophiques ou religieuses.

L’identité juive correspond à une définition civile, qui est le droit du sang, c’est-à-dire l’ascendance comme dans de nombreuses nations. Dire qu’être à la fois juif et athée est antinomique est au mieux un abus de langage, et au pire une forme d’intolérance.

Nul besoin de croire à la Révélation pour apprécier la Torah comme texte fondateur du peuple juif, pas plus qu’il ne faut croire à la légende de Romulus et Remus pour être Romain. Pour un athée la Torah a été écrite pas des hommes pour des hommes, l’avantage étant qu’il peut la lire d’un œil critique et y puiser ce qui lui convient comme dans n’importe autre texte, aussi grandiose soit-il. Pour un athée la Torah est une tradition, et non pas une loi. C’est ce qui le distingue du croyant. C’est à la fois peu et beaucoup.

Ce qui divise les Juifs athées des croyants est la manière de ces derniers de s’approprier le judaïsme en le liant à la foi, ce qui est aussi absurde que Dieu lui-même. Il n’y a pour eux qu’un seul judaïsme, celui qui reconnaît Dieu, et ils en excluent toute pensée qui l’ignorerait. Mais ce monopole est une fiction qui ne résiste pas à la réalité israélienne: pour les Juifs athées il n’y pas de Dieu juif, mais bien un peuple juif, une histoire juive, une éthique juive et une culture plurimillénaire qu’ils souhaitent pérenniser sans lui donner de dimension théologique.

Le projet sioniste d’une grande partie des pères fondateurs c’est cela, même si dans un deuxième temps les croyants s’y sont ralliés. Ce fut le cas notamment du Rav Kook[2], qui reconnaissait volontiers que les athées oeuvraient à la rédemption du peuple juif, tout en décrétant qu’ils étaient animés d’un souffle divin sans en avoir conscience, et que cela participait donc de la volonté de Dieu. Il s’agit là d’une confiscation intellectuelle à refuter du tout au tout. La réalité est que le moteur de ces pionniers relevait d’une idéologie héritière des Lumières, aux antipodes de la religion.

Ce qui est vrai c’est que le judaïsme laïque n’a probablement pas d’avenir en Diaspora, où les Juifs athées finiront par disparaître par l’effet de l’assimilation.

Quant à l’expression de « peuple élu »,  pratiquement toutes les civilisations se sont croient « élues » d’une manière ou d’une autre, et leur propre est d’estimer – à raison à mon avis – qu’elles ont quelque chose de particulier à offrir au monde, mais dont la spécificité n’est pas d’ordre religieux.

L’identité juive s’est maintenue sur la croyance en Dieu tout au long de l’Exil, mais le retour à la souveraineté dans le cadre d’un Etat juif a changé la donne, et l’on peut parfaitement aujourd’hui être à la fois juif identitaire et incroyant. C’est une réalité empirique qu’il est vain de nier.

Il y a encore autre chose d’important que les croyants escamotent : c’est que lors des siècles de l’Antiquité où les Juifs ont joui d’une souveraineté nationale, une grande partie du peuple était incroyante ou idolâtre. Ce phénomène est relaté tout au long du récit biblique, et il n’y a pratiquement pas un seul prophète qui ne s’en plaint pas, à commencer par Moïse. La croyance en Dieu n’était donc en rien le ciment du peuple juif, mais bien la cohésion nationale d’un peuple par ailleurs divers. Même le grand Roi Salomon a fini par céder au paganisme, qui après son règne est devenu endémique à la fois parmi les élites et les masses.

[1] Mouvement de pensée juif du 19ème siècle, équivalent juif des Lumières.

[2] Abraham Isaac haCohen Kook, mort en 1935.  Premier grand-rabbin ashkénaze en Israël.  Décisionnaire en droit talmudique (halakha), kabbaliste et penseur.

Israël et la question de l’athéisme

La plupart des pères fondateurs du sionisme étaient athées, ou du moins agnostiques. Jabotinsky, Ben-Gourion Ahad Ha’am, Bialik et d’autres penseurs du sionisme étaient imprégnés de pensée juive mais aucun d’eux ne souhaitait de théocratie, et étaient même souvent même opposés à la religion, tout en étant férus de judaïsme. Herzl quant à lui était un Juif assimilé qui a même préconisé une conversion massive des Juifs sous les auspices du Vatican pour mettre fin à l’antisémitisme.

L’establishment rabbinique a pour sa part longtemps été essentiellement hostile au projet d’un Etat juif, et une partie non négligeable des Juifs orthodoxes d’aujourd’hui l’est d’ailleurs toujours, justement parce que ceux-là ne considèrent pas Israël comme un Etat juif au sens religieux du terme, ce en quoi ils n’ont pas tort. Mais d’une manière générale l’histoire du sionisme n’est pas un épisode religieux, mais bien le mouvement de libération nationale d’un peuple, comme il y en a eu d’autres au cours du vingtième siècle.

Beaucoup d’athées tiennent à Israël pour des raisons historiques, culturelles, familiales ou affectives. Il serait donc contre-nature pour eux de se détourner d’Israël ou de lui être indifférent du seul fait d’être athée.

Ceci dit la question de savoir si la pérennité d’Israël peut uniquement reposer sur l’idée de nation est une question ouverte, et dépasse d’ailleurs le cas d’Israël. Après tout les nations européennes sont de culture chrétienne mais leur spécificité repose sur des narratifs historiques, et non pas sur la religion.

Ce qui est vrai c’est que l’époque de l’Etat-nation est peut-être révolue parce que l’air du temps pousse plutôt à l’individualisme qu’au projet collectif. La question est de savoir si la pensée juive est assez puissante du point de vue spirituel pour survivre – ou remplacer – la religion qui lui est traditionnellement associée.

Rien n’est moins sûr, mais en fin de compte cela dépend des gens. S’il y en a suffisamment pour vouloir préserver un Etat à caractère juif, mais dissocié de la religion, alors c’est envisageable. Sinon Israël perdra son identité et ne sera, au mieux, qu’un Etat occidental parmi d’autres. Il se fondra dans ce cas-là dans le « village global » et la pensée juive rejoindra la mythologie grecque à l’Université et dans les musées. La religion juive en tant que telle survivra sans doute en Diaspora, mais cela ne concernera pas – par définition –  les athées.

La Cisjordanie, territoire disputé.

Petit rappel historique:

Après le refus arabes de 1948 de partager la Palestine, la Jordanie a annexé la Cisjordanie au mépris du droit international, et sans y créer un Etat palestinien. Par ailleurs la vieille ville de Jérusalem devait avoir un statut international mais elle aussi a été annexée et fermée à toute personne soupçonnée d’être juive quelle que soit sa nationalité.

En 1967 les Jordaniens ont tenté d’occuper le reste d’Israël et de jeter les Juifs à la mer (sic), croyant que Tsahal ne pourrait contenir à la fois les Egyptiens et les syriens avec lesquels la bataille faisait rage. La Guerre des Six-Jours n’est donc qu’une continuation de celle de 1948, ce qui explique que les frontières n’ont jamais été définies, les Arabes ne reconnaissant même pas à Israël le droit d’exister.

Concernant la Cisjordanie il n’y a donc aucune base juridique d’aucune sorte pour estimer que les colonies d’Israël sont illégales. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’il y a une ligne d’armistice et qu’Israël reconnaît le droit des palestiniens à un Etat à condition d’en négocier les frontières. La Résolution 242 de l’ONU consécutive à la Guerre des Six-Jours ne mentionne d’ailleurs pas les Palestiniens en tant que nation, mais pose les principes suivants :

a. Retrait des forces armées israéliennes de(s?) territoires occupés au cours du récent conflit. 
b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri de menaces ou d’actes de violence. 

Inutile de dire que le point « a » est impossible a réaliser sans application du point « b ». Par ailleurs le retrait des forces armées d’Israël n’implique en rien que le « statu quo ante » constitue une frontière.

Le scandale Tariq Ramadan

Le scandale Tariq Ramadan n’est pas fait pour conforter l’image d’Edgar Morin, ce penseur juif qui a cessé de réfléchir par haine de soi. Il aurait été préférable que Ramadan tombe sur ses idées plutôt que sur son comportement avec les femmes.

Ce qui est agaçant c’est qu’il a fallu attendre ce scandale pour s’apercevoir que Ramadan était infréquentable. Un élémentaire bon sens aurait pourtant suffi pour trouver que Morin se fourvoyait en accordant du crédit à cet islamiste, compagnon de route du Hamas et petit-fils du fondateur des Frères Musulmans auquel il a consacré une thèse dithyrambique. Sans parler de sa chaire bidon, qui n’est autre qu’une excroissance en dollars du Qatar, cette belle démocratie, en plein milieu d’Oxford.

Morin expliquait cette semaine que Ramadan avait assuré à Madame Morin qu’il était toujours correct avec les femmes. Dont acte. C’est probablement sur base de cela que Morin a déduit que Ramadan devait aussi être correct avec les Juifs. Le problème c’est que Ramadan avait omis de mentionner que les femmes qui se maquillaient et qui n’étaient pas voilées devaient être considérées comme des putes, conformément à sa vision du monde. A chacun ses principes, mais quand bien même cela serait, je ne vois pas en quoi les putes n’auraient pas droit au même respect que n’importe quel autre être humain, mais c’est un autre débat.

Tariq Ramadan n’a peut-être jamais tué personne, mais c’était également le cas de nombreux prédicateurs nazis. Sa chute fait penser au Chicago d’antan: échappant à la justice en tant que gangster, Al Capone a fini par trébucher sur une minable fraude fiscale.

Translate »