Lettre ouverte à Louise

Je partage beaucoup de valeurs avec vous, certainement en ce qui concerne  Israël et la judéité. J’ajoute que j’admire votre vitalité, votre énergie et votre belle plume.

Aujourd’hui j’éprouve le besoin de vous dire en toute amitié que je suis consterné par votre lecture des propos récents de Nadine Morano.

Votre hostilité au premier des ministres a déclenché chez vous une inflation verbale inouïe. Il se peut que vous ayez raison de penser que Manuel Valls a instrumentalisé l’incident à des fins politiques, mais dire que sa condamnation des déclarations de  Morano constitue une « mise à mort symboliquement aussi sanglante que celle des islamistes qui lapident et décapitent » est démesuré.

Vous comptez parmi celles et ceux qui savent ce que les mots veulent dire. Vous comprenez mieux que beaucoup d’autres que quand les ennemis d’Israël qualifient Tsahal de Nazie il y a là non seulement une dérive sémantique ignoble, mais aussi une dangereuse relativisation.

Toute forme de lynchage est à rejeter, mais affirmer que Valls a offert Morano  à la vindicte populaire est pour le moins discutable. Quoi qu’il en soit, poser comme vous le faites qu’il y a sanglante équivalence entre la démagogie éventuelle d’un homme politique français d’une part, et la banalisation islamiste de la lapidation et de la décapitation d’autre part, est proprement insoutenable.

Quant au fond de la polémique, Nadine Morano a tort, mille fois tort.

Tout citoyen a le droit d’exprimer son inclination envers ce qu’il considère comme la nature profonde de la nation à laquelle il appartient. Estimer que la France est un pays aux racines judéo-chrétiennes et tenir à perpétuer cet héritage est une aspiration respectable. Privilégier une vision politique plutôt qu’une autre est non seulement un droit mais une nécessité pour que vive la démocratie. Pratiquer l’une religion ou l’autre,  ou n’adhérer à aucune, relève de la conscience individuelle. Ces principes découlent de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dont la France est signataire. Que l’on soit français depuis des générations ou pas n’y change rien, parce qu’il s’agit de règles de la vie en société au présent. A chacun de décider s’il veut s’y conformer, en échange de quoi il est citoyen parmi les citoyens en droit comme en devoir.

Mais personne ne peut décider d’être blanc.

La couleur de la peau ne peut en aucun cas constituer un filtre d’exclusion pour quoi que ce soit dans une civilisation digne de ce nom, or c’est ce qu’exige Nadine Morano  en déclarant dans un même souffle que les racines culturelles de la France et la couleur de la  peau sont autant de critères de sélection qui doivent avoir leur expression dans la politique d’immigration de la France.

Etre blanc n’est pas un trait culturel. Etre blanc n’est pas une valeur. Etre blanc n’est pas une philosophie. Etre blanc n’est pas une religion. Etre blanc n’est même pas beau, mais cela n’engage que moi.

Michel Onfray et la crise des réfugiés

Confronté au déferlement actuel des réfugiés fuyant le monde arabo-musulman, il est du devoir du monde développé  de parer au plus pressé et de soulager cette misère dans la mesure du possible.

D’après le philosophe Michel Onfray ce serait l’Occident lui-même qui serait à la source de cette catastrophe. Il estime que les interventions en Afghanistan, au Moyen-Orient, en Lybie ou ailleurs ont déclenché une anarchie qui a fini par déstabiliser ces pays au point où leurs habitants cherchent à leur échapper par tous les moyens et en risquant leur vie. Cela soulève la question du droit d’ingérence, dont Onfray estime que c’est un  pseudo-droit, parce qu’il est à géométrie variable, et que quand des pays comme la France ou les Etats-Unis s’ingèrent, c’est qu’ils y ont intérêt, ce qui n’est sans doute pas faux.

Ceci dit l’on ne voit pas bien où est le mal si cela coïncide avec l’intérêt de populations  qui souffrent. Quand il y a 70 ans les Américains, les Canadiens, les Australiens, les Néo-Zélandais et d’autres jeunes venus du bout du monde ont débarqué en Europe pour  en chasser les Nazis, n’y avait-il pas d’intérêts matériels en jeu ? Etait-ce par humanisme pur ? Sans doute que non, mais il n’empêche que la cause était juste. D’ailleurs la défaite des Nazis n’a pas fait que des heureux: alors que l’Europe de l’Ouest a été libérée, l’Europe de l’Est est tombée sous la botte communiste.

Par ailleurs il y a une certaine condescendance à croire que tout est toujours la faute de l’Occident eu égard à son passé colonial. Les nations du tiers-monde ont leur logique à elles, leur histoire, leur politique et leurs aspirations. La vague islamiste qui balaie en ce moment la planète constitue une vraie pensée, aussi détestable soit-elle. C’est une vision du monde,  une spiritualité conquérante qui embrase les esprits jusqu’au sein même d’un Occident en déclin.

Onfray estime qu’au lieu de  mettre Saddam Hussein ou Kadhafi  hors d’état de nuire sans se soucier des conséquences, il aurait mieux valu laisser leurs peuples s’entretuer en paix.  Cela se peut, mais quand il laisse entendre que la tragédie  de ces  masses humaines actuellement en déroute sur les plaines d’Europe n’aurait pas eu lieu,  il se trompe.

En réalité ces centaines de milliers de réfugiés arabo-musulmans ou africains ne viennent que s’ajouter aux dizaines de millions qui y sont déjà. Il s’agit d’un mouvement de population dont la crise actuelle ne constitue qu’un pic. C’est ainsi que l’on peut s’attendre à ce que ce flux continuera aussi longtemps que les pays d’origine n’offriront aucune perspective d’avenir, autre que celle de mourir de faim ou de guerre.

Cette tragédie qui se déroule sous les yeux de nos télévision doivent rendre Israël plus attentif que jamais. Ce minuscule pays n’est qu’un ilot de stabilité au milieu d’un océan arabo-musulman pris dans un tsunami auto-destructeur.

Si l’Etat d’Israël n’avait pas été tout au long de son existence vigilant sur le plan éthique, stratégique, politique  et économique, s’il ne s’était pas  prémuni jour après jour des dangers qui le guettent, s’il n’avait pas veillé à étouffer dans l’œuf  les velléités  terroristes à  l’intérieur et à extérieur, alors les israéliens – tous les israéliens – juifs, arabes, chrétiens, druzes et  bédouins feraient aujourd’hui partie des masses en déshérence qui cherchent à échapper à la folie meurtrière qui s’est emparée de leurs pays d’origine, auxquels il semble inévitable que l’Occident finira tôt ou tard par devoir se  confronter, nonobstant  Onfray.

Barenboïm et Ahmadinejad, même combat

Wagner fut un compositeur de premier rang  et un novateur en musique, mais ce n’est pas pour cette raison qu’Hitler l’avait choisi comme un des emblèmes du Troisième Reich. C’était également un écrivain qui avait théorisé l’antisémitisme post-chrétien au moyen d’écrits appelant à l’élimination des Juifs. Il leur reprochait notamment la décadence de la culture européenne, et avait appelé à la « déjudaïsation » de l’Allemagne bien avant l’avènement du nazisme. Son ouvrage  « Les Juifs dans la Musique » fut une contribution majeure à la rationalisation de l’antisémitisme moderne.

En juillet 2001 le chef d’orchestre Daniel Barenboïm s’apprêtait à donner un concert en Israël, mais face au tollé quant à son intention de jouer du Wagner il retira cette partie-là du programme. Le concert eut donc lieu, mais au bout de quelques rappels il demanda au public s’il désirait malgré tout entendre du Wagner. Il y eut de vifs échanges dans la salle, au bout desquels une partie du public en sortit la rage au cœur, ce qui n’empêcha pas Barenboïm d’entamer un extrait de « Tristan et Isolde ».

Même s’il est vrai qu’il faut dissocier l’art de l’artiste, Barenboïm aurait dû comprendre qu’il avait l’obligation morale de respecter l’ostracisme concernant Wagner en Israël, dès lors qu’il y avait encore des rescapés de la Shoah en vie.

L’argument  comme quoi ceux-ci n’étaient pas obligés d’assister à ses concerts ne tient pas, parce que les prestations de Barenboïm, enfant du pays, ne passent pas inaperçues. Il avait donc le droit de jouer du Wagner, mais aussi le devoir de ne pas choquer.

Edward Saïd était un intellectuel américain d’origine palestinienne qui s’est distingué toute sa vie par une hostilité obsessionnelle envers Israël. Ami de Barenboïm, il co-fonda avec lui un orchestre composé d’Arabes et d’Israéliens, avec pour vocation d’établir un pont entre jeunes musiciens  qui autrement n’auraient sans doute jamais eu l’occasion de se connaître. Initiative louable si elle n’avait pas été conçue avec pour objectif de discréditer Israël et d’attiser les passions au lieu de les réduire.

Un des évènements hautement symboliques de cet orchestre fut un concert devant un public palestinien en Cisjordanie. Mais Barenboïm, qui déclarait ne pas vouloir connoter politiquement son orchestre, aurait dû comprendre qu’il avait l’obligation morale de le faire jouer également devant des Juifs de ce même territoire. Finalement il s’avère que ceux-ci  n’y avaient pas droit du seul fait d’être juifs.

La République Islamique d’Iran est une théocratie qui ignore la liberté d’expression, réprime les opposants, pratique la torture, la lapidation, les amputations, discrimine les femmes et les minorités. Ce régime est en guerre ouverte contre Israël par le truchement du Hezbollah et du Hamas, organisations terroristes armées et financées dans le but explicite de rayer Israël de la carte.  Par ailleurs l’Iran est soupçonné par la communauté internationale de développer une arme nucléaire avec Israël pour cible.

La Chancelière d’Allemagne projette ces jours-ci une visite en Iran en vue d’un rapprochement diplomatique et économique entre les deux nations. Barenboïm s’apprête à être du voyage afin de célébrer cet évènement à la tête de l’orchestre de Berlin. Mais il devrait comprendre que se produire sous la bannière de l’Allemagne dans un Iran qui projette d’assassiner six millions de Juifs est un geste qu’il est probablement seul à ne pas en mesurer le poids symbolique.

Le comble c’est qu’aux dernières nouvelles ce sont les autorités iraniennes elles-mêmes qui récusent Barenboïm  parce qu’il est juif, ce qui a le mérite d’être cohérent, puisqu’il  fait  partie de ceux qui sont visés par cette nouvelle Shoah que le régime iranien appelle de ses vœux.

Mais Barenboïm a des atouts dans la vie : en plus d’être un immense musicien, il est à la fois citoyen d’honneur de la Palestine et citoyen de déshonneur d’Israël.

Sortir Israël de l’impasse

La Cisjordanie est sous contrôle israélien depuis la tentative arabe de liquider Israël en 1967, lors de la Guerre des Six-Jours. En septembre de la même année, la Ligue Arabe décrétait à Khartoum ses fameux « Trois Non », à savoir « non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ».  C’est suite à cette ukase sans équivoque que fut mise en œuvre la colonisation de la Cisjordanie, poursuivie ensuite par tous les gouvernements israéliens sans exception.

Au fil du temps, la Cisjordanie a fini par constituer un problème à la fois moral et juridique eu égard à l’occupation d’un territoire dont Israël est responsable en vertu du droit international. Mais vu l’absence de volonté politique des dirigeants palestiniens – et de leur obsession à vouloir détruire l’Etat juif – la colonisation s’est transformée petit à petit en dispositif dont la finalité est de définir une fois pour toutes la frontière orientale d’Israël. Mais l’hostilité du monde arabe, la pression internationale, les dissensions au sein de la société israélienne elle-même, tout cela  pourrait à terme devenir intenable. Le processus de paix étant bloqué, il semble de plus en plus probable qu’Israël se verra tôt ou tard dans l’obligation de prendre une initiative unilatérale.

Une manière de le faire pourrait être d’annexer la Cisjordanie, en partie ou en totalité, et d’octroyer la citoyenneté aux palestiniens qui y vivent. Il est possible que beaucoup de palestiniens en seraient d’accord, et deviendraient donc des citoyens israéliens à part entière. Cependant cela risquerait de mettre en péril le caractère juif de l’Etat d’Israël, et donc sa raison d’être. Bien que les Juifs resteraient majoritaire, la démographie palestinienne  pourrait assez vite étouffer la démocratie israélienne. Le Moyen-Orient finirait dans ces conditions par compter un Etat arabe en plus, et un Etat juif en moins. Mais comme il n’y en a qu’un seul, le peuple juif se retrouverait errant comme devant.

A cela il y a peut-être une solution, déjà évoquée par le passé mais qui mériterait peut-être d’être réactualisée vu l’impasse actuelle. Elle consisterait à proposer  la citoyenneté israélienne à tous les Juifs du monde, mais sans obligation d’émigrer comme le stipule actuellement la « Loi du Retour » [1]. Ceux que cela intéresserait introduiraient une demande auprès des ambassades d’Israël, en précisant qu’ils souhaiteraient acquérir la nationalité tout en continuant à résider dans leurs pays respectifs. Les israéliens non-résidents devraient alors être autorisés à participer aux élections législatives (ce qui n’est pas le cas actuellement), ce qui rétablirait l’équilibre entre Arabes et Juifs à la Knesset[2]. Cette accession à la citoyenneté aurait en plus l’avantage de resserrer les liens entre Israël et la Diaspora.

Israël est entouré d’ennemis, mais a acquis auprès de la Communauté Internationale son rang de nation parmi les nations en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cependant plus de la moitié du peuple juif vit encore en Diaspora et ne projette pas de s’établir en Israël dans un avenir prévisible. Cependant  la « Loi du Retour » constitue un engagement de l’Etat juif à maintenir ses portes ouvertes quoi qu’il arrive. Mais comme il n’y a pas de droit sans devoir, il y a anomalie à ce qu’Israël soit engagé envers la Diaspora, sans qu’elle-même soit tenue à quoi que ce soit. Un appel d’Israël consistant à offrir aux Juifs la nationalité correspondrait à l’essence même du sionisme, qui est de préserver le seul endroit au monde où les Juifs ne sont ni persécutés, ni détestés, ni tolérés, tout simplement parce qu’ils sont chez eux.

Beaucoup de Juifs soutiennent Israël en lui portant assistance d’une manière ou d’une autre, mais nombreux sont aussi ceux qui n’ont pas la possibilité de manifester leur appui autrement que par des mots. Prendre la nationalité israélienne serait  donc pour ceux-ci un moyen simple de poser un geste fort, et de mettre ainsi leurs actes en accord avec leurs paroles.

[1] La loi du retour garantit à tout Juif le droit d’immigrer en Israël.

[2] Parlement de l’Etat d’Israël.

BDS ou le nouvel antisémitisme

La campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) appelle le monde entier à exercer des pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël.

Cette ignominie initiée par des ONG palestiniennes en 2005 ne mérite ni considération ni dialogue, parce qu’elle a pour objectif la liquidation pure et simple de l’Etat d’Israël.

Ce mouvement est par ailleurs doublement illégal : d’une part il se fonde sur l’antisémitisme, et d’autre part ce boycott est une infraction pénale dans la majeure partie du monde occidental.

En France les personnes appelant au boycott d’Israël tombent sous le coup de la loi parce que cette incitation est assimilée à une  «provocation publique à la discrimination envers une nation», punissable d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Un des aspects les plus choquants – et aussi les plus absurdes – de cette initiative est l’ostracisme académique. Non seulement la quasi-totalité des étudiants palestiniens d’Israël font leurs études dans les universités locales, mais tous les étudiants quels qu’ils soient jouissent sur les campus de la liberté d’expression la plus totale, en particulier quand il s’agit de s’opposer au gouvernement.

BDS s’attaque aux universités israéliennes mais se désintéresse des milieux académiques arabo-musulmans, bien connus pour leur ouverture et leur tolérance.

BDS ne s’intéresse pas non plus aux système éducatif du Hamas à Gaza, pas plus qu’il ne s’intéresse au sort des palestiniens en général, que le monde arabe tient enfermé dans des camps en leur refusant les droits humains les plus élémentaires, à commencer par la citoyenneté.

Le boycott d’Israël n’a pour le moment que peu de succès, mais Israël doit être vigilant parce que l’antisémitisme a fait ses preuves en tant que slogan fédérateur, et a la propriété de mettre beaucoup de monde d’accord du moment qu’il s’agit de s’attaquer aux Juifs.

Ce boycott est à double tranchant pour ceux qui tentent de l’appliquer. Les universités israéliennes sont à la pointe dans les disciplines les plus diverses, de l’irrigation à la médecine, de l’éducation à l’informatique, de la nanotechnologie à la recherche spatiale, de l’archéologie à la physique nucléaire, de la littérature comparée à l’histoire de l’Art.

Dans le domaine de l’industrie Israël détient le record mondial par habitant en matière d’innovation technologique, exporte son savoir-faire dans le monde entier, et il n’y pratiquement pas une seule machine au monde qui fonctionne sans l’un ou l’autre brevet ou composant israélien.

En attendant le plus grand préjudice que BDS est susceptible d’infliger à Israël est de l’ordre de la diffamation. Ben-Dror Yemini, intellectuel et politologue israélien de renom,  explique que « Le problème n’est pas la critique d’Israël. Le problème est le tissu de mensonges à propos d’Israël, qui constitue le plus grand obstacle à la paix. Au plus gros le mensonge, au plus crédible il apparaît aux masses. Les Nazis avaient déjà déterminé que les Juifs étaient les plus grands ennemis du Troisième Reich, qu’ils dominaient l’Union Soviétique, les Etats-Unis et la Grande Bretagne. De nos jours Israël est accusé de génocide, alors que ce sont les tueurs islamistes qui appellent à l’extermination des Juifs. ».

Le combat contre BDS concerne tous ceux qui pensent que la pérennité d’Israël est essentielle non seulement pour les Juifs, non seulement pour les palestiniens, mais aussi pour l’ensemble du Moyen-Orient, pour autant qu’on lui souhaite de sortir un jour de sa faillite spirituelle et économique.

Hannah Arendt estimait qu’être juif signifiait « d’abord et avant tout une appartenance politique et nationale », et que  « lorsque l’on est attaqué en qualité de Juif, c’est en tant que Juif que l’on doit se défendre ».

C’est pour cette raison, et bien qu’Israël compte de nombreux amis à travers le monde, que la défense d’Israël doit être assurée en premier lieu par les Juifs eux-mêmes, pour autant qu’ils se disent partie prenante du projet sioniste. C’est à eux de monter au créneau où qu’ils se trouvent, d’abord parce que c’est leur devoir moral, et ensuite parce que c’est leur devoir tout court.

Que ces Juifs aient ou non l’intention d’émigrer un jour en Israël, ils doivent garder à l’esprit que la « Loi du Retour » constitue un engagement de la part d’Israël de maintenir ouvertes ses portes à tout Juif qui désire s’y établir. Cette obligation a un prix non seulement en sang et en larmes, mais aussi en effort au quotidien pour que vive l’Etat juif.

Et pour ceux parmi ces Juifs de la Diaspora qui n’ont pas les moyens d’assister Israël dans son combat, la dignité la plus élémentaire commande de lui être inconditionnellement solidaire.

Les Juifs et la gauche

Quand des gauchistes s’embarquent en Méditerranée  dans une flottille avec pour objectif de forcer le blocus de Gaza, ils doivent être considérés comme des lâches, et non pas comme des activistes cherchant à se rendre utile. Au lieu de s’attaquer aux fanatiques du Jihad – ce qui demanderait un vrai courage – ces héros de pacotille s’en prennent à l’Etat d’Israël alors que celui-ci se fait bombarder à longueur d’année par le Hamas et ses associés sans le moindre début de raison.

Le phénomène de l’antisémitisme de gauche n’est pas nouveau. Il y a en effet une tradition qui remonte aux origines mêmes du socialisme. Proudhon, figure majeure de la gauche libertaire et contemporain de Karl Marx, disait  que «le Juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l’exterminer… Par le fer, par le feu ou par l’expulsion il faut que le Juif disparaisse ».

Les chrétiens accusaient les Juifs d’avoir tué Dieu, mais certains  socialistes ont fini par surenchérir en accusant les Juifs de vénérer le Dieu de l’Argent. Or comme l’argent et la propriété étaient d’après eux la cause de tous les maux, basculer vers l’antisémitisme coulait de source.

Michel Dreyfus [1] relève dans un ouvrage[2] qu’il y eut dès les origines du mouvement ouvrier un antisémitisme reprenant les stéréotypes du Juif exploiteur de la classe ouvrière, bourgeois capitaliste et cosmopolite, maître de l’argent et des banques avant de devenir celui de l’économie mondiale. Il cite des penseurs comme  Charles Fourrier, Pierre Leroux, Alphonse Toussenel, Auguste Blanqui, Gustave Tridon, Auguste Chirac, recensement d’où il ressort que l’antisémitisme n’a jamais été  le monopole d’une droite fascisante.

Michel Onfray [3] rappelle que cet antisémitisme-là se porte bien : « J’aimerais qu’on arrête, à gauche, d’être sur une position islamophile qui suppose un antisémitisme forcené. Il y a une tradition, à gauche, qui fait qu’on est islamophile par antisémitisme. Il  y a dans l’histoire de la gauche, depuis la création d’Israël, une complaisance pour les gens qui veulent en finir avec Israël.  

Michel Houellebecq [4] quant à lui estime que comme les écologistes « ne peuvent pas donner satisfaction aux musulmans sur tout, ils leur donnent au moins satisfaction sur le cas d’Israël en laissant tomber les Juifs »

Il est vrai que la gauche soutenait Israël lors de sa création en 1948, mais il y avait alors un consensus qui faisait que l’épopée sioniste était considérée en Occident comme un modèle de décolonisation réussie. A gauche comme à droite l’on estimait – à raison – que le sionisme en tant que mouvement de libération nationale avait démontré qu’après avoir  chassé les colons anglais, les Palestiniens juifs avaient été capables de créer des institutions, un Etat de droit et une démocratie sur une portion de la Palestine, terroir ingrat, pauvre et dénué de richesses naturelles. Les Palestiniens arabes quant à eux avaient refusé le plan de partage de  l’ONU, quitte à se lancer dans un combat ravageur  pour eux-mêmes, mais avec l’espoir de s’emparer un jour de la totalité de la Palestine et d’en chasser les Juifs, quitte à végéter en attendant.

L’air du temps avait conduit L’URSS à figurer parmi les premiers à reconnaître l’Etat d’Israël, espérant que celui-ci rejoindrait le bloc communiste. Cependant au vu de la montée en puissance d’Israël et de ses affinités avec le monde libre, l’URSS a été prise de panique, craignant que ses visées sur le Moyen-Orient ne fussent compromises.  Suite à l’intervention militaire franco-israélo-britannique en 1956 pour tenter de contrecarrer la nationalisation du Canal de Suez par l’Egypte, l’URSS se lança dans une intense campagne antisémite afin des gagner les faveurs du monde arabe.

De la Sibérie à Allemagne et de la Pologne à la Tchécoslovaquie, les régimes communistes se mirent à persécuter  les Juifs sous prétexte de connivence avec Israël. Une grande partie de la gauche à travers le monde emboîta le pas à l’URSS en travestissant son antisémitisme endémique en antisionisme ouvert.  Malgré ses divergences internes, le monde socialiste finit par se mettre à l’unisson pour déterminer que l’instabilité au Moyen-Orient était la faute aux Juifs, démontrant une fois de plus les vertus fédératrices de cette doctrine séculaire.

Il y en Israël une gauche qui peine à s’imposer dans le paysage politique. Certains  sont tellement démunis face à la désaffection de l’opinion publique à leur égard qu’ils se tournent vers l’étranger pour y trouver une écoute attentionnée. C’est ainsi que faute de faire valoir son point de vue au parlement israélien, l’intelligentsia de gauche se tourne vers ses semblables en Europe afin que ceux-ci poussent  leurs gouvernements à faire pression sur Israël, ceci sans tenir compte du sentiment de la majorité des israéliens.

Cette attitude est doublement indigne : d’abord parce que personne n’a le droit d’appeler à la rescousse l’étranger alors qu’il y a une démocratie crédible qui représente les forces vives de la nation ; ensuite parce que bien que ces intellectuels soient souvent de bonne foi, ils n’ont pas conscience que leurs équivalents à travers le monde sont tout sauf des amis des Juifs.

[1] Historien du mouvement ouvrier et du syndicalisme

[2] « L’Antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours », Editions La Découverte.

[3] Philosophe français auteur d’une monumentale « Contre-histoire de la Philosophie ».

[4] Ecrivain, poète, essayiste et romancier français.

La France après Charlie-Hebdo

Au cours d’un sublime assaut, de valeureux moudjahidines [1] sont venus à bout des infidèles de Charlie- Hebdo retranchés dans leurs bureaux et armés de crayons, de feutres et de planches à dessiner.

Quarante-huit heures plus tard, d’autres moudjahidines se sont retrouvés piégés dans une superette casher sous la menace d’un bébé juif qui les tenait en respect.

Le tout s’est bien terminé pour un de ces dévots d’Allah, qui après avoir noyé quatre Juifs dans un bain de sang a lâchement été abattu par des commandos de la République. Il coule désormais des jours heureux au Paradis des guerriers du Coran.

Bien que ces intrépides résistants aient atteint leurs objectifs, Le MDF (Mouvement Djihadiste de France) s’apprête à porter plainte auprès de la Cour Internationale de Justice à La Haye.

Leurs dirigeants estiment en effet que la France s’en est prise aux guérilleros islamistes en les traquant de manière disproportionnée, en violation flagrante de la Convention de Genève relative aux lois de la guerre.

Le Ministre de l’intérieur a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes équipés d’engins de mort, et lancé des véhicules blindés contre une poignée de héros ne se réclamant en tout et pour tout que de la Guerre Sainte. Pour mémoire, tout ce que l’on peut leur reprocher c’est de vouloir couper la tête à ceux qui ont une vision du monde différente de la leur.

Les responsables israéliens estiment qu’il est du devoir du monde libre d’intervenir. L’opinion publique israélienne presse en effet les autorités de Jérusalem d’alerter le Conseil de Sécurité de l’ONU et de soumettre une résolution autorisant l’envoi en France d’une force d’interposition entre les Djihadistes de Paris et la soldatesque française dont la brutalité dépasse l’imagination, que certains commentateurs n’hésitent pas à qualifier de nazis.

Les mots d’ordres du collectif  EFCO (En Finir avec la Civilisation Occidentale) préviennent que si la police s’avise de les empêcher d’exercer leur droit de terroriser ceux qui ne pensent pas comme eux, ils proclameront l’indépendance de la République Cynique de France et de Bagarre avec pour capitale Banlieue-les-Poubelles.

Une série de nations ont d’ores et déjà promis leur soutien à l’Etat islamique de France. Parmi ceux-ci la Talibanie, le Hamastan, le Royaume du Politiquement Correct et la République d’Ecologie, sans oublier le Gouvernement en Exil des Nostalgiques de Staline, avec à sa tête Don Quichotte de la Mélenchon.

Des personnalités israéliennes de premier plan font sous couvert d’anonymat part de leur inquiétude concernant la violation des droits des salafistes [2] de France. Il semble que dans divers endroits de la métropole  les forces de l’ordre tentent d’empêcher ces paisibles adeptes de l’islam radical d’appliquer la Charia.

Des sources proches du ministre israélien des Affaires étrangères rapportent que celui-ci aurait exprimé à son homologue français sa préoccupation concernant le comportement des autorités françaises.

Il lui aurait reproché d’avoir perdu toute empathie envers les ennemis de la France et l’aurait exhorté à faire un compromis historique avec la FICT (Fédération Islamiste des Coupeurs de Têtes).

Vivement ému par la sauvagerie des forces de l’ordre françaises, le Parlement israélien a décider de faire passer en urgence une loi permettant à tout djihadiste français de porter plainte à la Cour Suprême d’Israël.

Dès que la nouvelle a été connue, de nombreuses personnalités françaises ont annulé des voyages hors de l’Hexagone par crainte d’être exposés à des mandats d’arrêts internationaux émis par des tribunaux israéliens.

Israël est un ami traditionnel de la France, mais cette amitié ne doit pas tolérer une répression disproportionnée contre une poignée d’islamistes dont la seule aspiration est d’éliminer tout ce qui ne lui ressemble pas et de rendre caduque la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

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[1] Combattants d’une armée islamiste

[2] Mouvement musulman fondamentaliste

Avraham Burg ou le chagrin de Trotski

Yosef Burg, le père d’Avraham Burg, était un érudit de culture allemande, polyglotte, rabbin et Docteur en mathématiques. Il échappa de justesse aux camps de la mort en 1939 en fuyant l’Allemagne pour émigrer vers la Palestine avant que le piège nazi ne se referme sur lui.

Une fois établi dans ce qui allait devenir l’Etat d’Israël, il y fonda une famille en y intégrant les valeurs de la modernité, du sionisme et de la religion, et fut de tous les combats en tant que patriote, député et ministre.

C’est ainsi que Burg père et fils résument à eux seul l’essence du sionisme. Une première génération qui fuit les persécutions, fonde l’Etat juif, et une deuxième qui produit un Juif nouveau, homme parmi les hommes au sein d’une nation parmi les nations.

Intelligent et doté d’une forte personnalité, Avraham Burg a néanmoins longtemps été une extension de son père. Officier parachutiste, Juif pratiquant, politicien surdoué, président de la Knesset et de l’Agence juive, il résume par sa trajectoire tout ce que le renouveau juif a pu façonner d’exemplaire au fil de l’épopée sioniste

Depuis une dizaine d’années Avraham Burg a cependant changé de bord et rejette l’idée même d’un Etat juif. Il soutient désormais le mouvement Hadash, avatar du parti communiste, proclame la fin du sionisme, appelle à l’abolition de la Loi du Retour, et d’une manière générale conteste tout lien formel entre l’Etat d’Israël et les Juifs de la Diaspora.

Avraham Burg a droit à sa vision du monde. Cependant on est pris de malaise devant un reniement d’une telle ampleur. Quand il s’exprime sur l’histoire du sionisme il est vrai qu’il reconnaît qu’il était normal qu’Israël ouvre ses portes aux rescapés de la Shoah après la Deuxième Guerre Mondiale, mais il est maintenant d’avis que cette époque est révolue, et que l’antisémitisme ne doit plus être combattu comme phénomène singulier, et que cette lutte doit s’inscrire dans une démarche plus largement humaniste.

Avraham Burg nous remmène un siècle en arrière, quand les intellectuels juifs nourris aux Lumières se divisaient en deux camps : les uns pensaient que pour éradiquer l’injustice il fallait s’identifier à l’URSS et hâter ainsi l’avènement d’un nouvel ordre mondial, alors que les autres pensaient qu’en attendant que cela arrive il fallait que les Juifs prennent leur destin en main sous peine de disparaître avant que la Révolution ne s’accomplisse.

Une incarnation du premier camp fut Trotski. Celle du deuxième fut Ben-Gourion. On connaît la suite : les communistes juifs furent persécutés par les communistes non-juifs, les mouvements tels que le Bund [1] sombrèrent corps et bien. Quant à l’Etat d’Israël, il vit le jour pour le plus grand bien de millions de Juifs et l’Histoire retient de l’aventure communiste qu’elle fut une calamité.

Ce qu’il y a de dérangeant dans les prises de positions d’Avraham Burg, c’est qu’il fait preuve d’un égoïsme inouï vis-à-vis des Juifs qui aspirent à l’Alyah.

Alors que lui et sa famille ont bouclé la boucle bimillénaire du retour du peuple juif à la souveraineté nationale, il entend claquer la porte à ceux qui n’ont pas eu cette chance. Alors qu’il y encore des centaines de milliers de survivants de la Shoah, il n’éprouve aucune gêne à proclamer que leurs enfants n’ont rien à chercher en Israël.

Avraham Burg se permet de déterminer où commence le sionisme et où il finit, où commence l’antisémitisme et où il finit. Il pontifie dans le déni d’une réalité d’un Israël qui demeure un recours pour de nombreux juifs  en quête d’identité dans un monde qui les vomit tous les jours un peu plus. Il fait l’impasse sur l’actualité qui montre que le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde [2].

Il fait penser à ces Juifs qui avant l’expulsion d’Espagne estimaient  leur avenir assuré, qui avant la Shoah croyaient être des allemands comme les autres, ou qui avant Vichy pensaient que la France était garante de leur citoyenneté.

A propos de ce dernier point, il y a par ailleurs un certain cynisme chez Avraham Burg à acquérir la nationalité française d’une part, et à mener un combat visant à entraver les Juifs français qui cherchent à acquérir la nationalité israélienne d’autre part.

Comme dit plus haut, Avraham Burg a droit à ses opinions, mais d’autres ont tout aussi bien le droit d’estimer que ses opinions sont autant d’outrages aux morts et aux vivants d’Israël.

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[1] Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie

[2] Allusion au nazisme dans une pièce de Bertolt Brecht

 

ISIS et HAMAS, même combat

Mehdi Nemmouche est un Djihadiste français arrêté à Marseille il y a quelques mois, puis extradé vers la Belgique pour répondre du meurtre de quatre personnes liquidées au hasard au Musée Juif de Bruxelles. Mohammed Merah quant à lui est un autre Djihadiste français qui a descendu sept personnes à bout portant à Toulouse et à Montauban. Ces assassins ne sont pas de cas isolés, mais participent au contraire d’une pandémie. Ils n’ont pas tué sur un coup de folie ou à l’occasion d’une échauffourée, mais  ont prémédité leur massacre de manière réfléchie, forts de leur conviction que bien qu’innocentes, leurs victimes ne méritaient pas de vivre.

Le Hamas n’est qu’une variante de cette peste islamiste qui déferle sur le monde arabo-musulman pour le précipiter dans les abysses. L’extrême-gauche qui en France s’attaque à Israël est tellement obnubilée par son antisémitisme atavique qu’elle préfère se taire à propos des Djihadistes de Gaza qui rêvent d’un Califat, qui sous la direction du Prophète terrassera tous les infidèles de la planète. Si ces gauchistes à l’âme sensible étaient réellement préoccupées par la misère du monde, ils manifesteraient contre ce qui se passe en Syrie, en Iraq, au Yémen, au Soudan  ou dans les autres fournaises où des hommes brûlent des hommes pour la plus grande gloire  de Dieu. Cette extrême-gauche fatiguée qui accuse les Juifs de tous les pêchés d’Israël  est la même qui naguère soutenait Staline. Aujourd’hui ces nostalgiques du Goulag communient pour manifester en faveur de ce qu’il y a de pire au monde.  Cette gauche-là a de tous temps été bête et méchante, et maintenant ferme les yeux sur les crimes du Hamas, cette organisation qui persécute son propre peuple.  C’est une gauche qui n’a rien appris, rien compris, et tout trahi.

L’islamisme a ceci de nouveau que ce ne sont plus des éléments d’Orient qui viennent semer la terreur en Occident. De nos jours ce sont  des Français, des Belges ou des Britanniques qui assurent  le relais en adhérant à un Islam qui non seulement prône que la fin justifie les moyens, mais aussi que les moyens sont en eux-mêmes une fin. Cela signifie que des meurtriers comme Mehdi Nemmouche ou Mohammed Merah tuent parce que tuer est pour eux une valeur en soi. Il s’agit pour ces sous-fifres de l’islamisme moins de s’emparer du monde que de le quitter avec éclat. Ces fanatiques constituent une menace plus grande que tous les terrorismes qui ont sévi en Occident depuis la Deuxième Guerre Mondiale, parce que  tout comme les Nazis d’antan, les Djihadistes progressent dangereusement au cœur même du monde libre.

Alors que dans le passé il fallait que les  moudjahidines d’outre-mer bénéficient de complicités pour s’infiltrer en Europe, ils y sont aujourd’hui comme des poissons dans l’eau, parce qu’ils sont eux-mêmes Européens. Nombre d’entre eux rallient les forces armées de  l’ISIS, ce monstre qui se répand au Moyen-Orient en saccageant tout  sur son passage. Ces volontaires venu d’Europe s’initier au Djihad apprennent à tuer, et puis rentrent au bercail pour semer la mort à domicile. Les cas de Mehdi Nemmouche et de Mohammed Merah sont donc peut-être des signes avant-coureurs d’un Tsunami terroriste. Il doit déjà y avoir déjà des milliers  de tueurs qui une fois rapatriés  en Europe commettront volontiers des attentats qui pourraient être sans précédent par leur ampleur. Quand on pense qu’il a suffi en 2001 d’une douzaine de criminels équipés de canifs pour pulvériser deux gratte-ciels en plein New-York et y exterminer 3000 personnes, on frémit à l’idée de ce que des escadrons entier entraînés en Syrie et en Iraq pourraient entreprendre à leur retour en Europe.

On n’arrive pas toujours à se représenter comment ces barbares pourrait en pratique déstabiliser les nations développées. Comparées à elles ils ne représentent pas grand-chose en termes de force de frappe.  Mais les théoriciens du Djihad, tout comme leurs mentors nazis, ont compris qu’il fallait préparer le terrain en investissant d’abord les esprits, et ensuite les terres.  La diffusion d’une idéologie qui promet le paradis au ciel en échange de l’enfer sur terre se pratique au moyen de la parole, qui comme on le sait est libre dans le monde libre. Cependant il ne faut jamais oublier que le nazisme a commencé par une beuverie dans une brasserie de Munich pour finir par causer quelques années plus tard la guerre la plus dévastatrice de tous les temps.

Les attentats de Bruxelles, de Toulouse et de Montauban ont ravagé des familles juives, musulmanes et chrétiennes et démontrent par là même qu’ils ne visaient personne en particulier, mais tout le monde en général. Si l’Europe ne prend pas la mesure de ce fléau les choses n’en resteront pas là. Les Djihadistes ne savent que trop bien avec quelle facilité ils peuvent opérer dans un Etat de droit.

Pour parer à cela un premier pas dans la bonne direction serait pour l’Europe de se ranger résolument derrière l’Etat d’Israël et soutenir cette minuscule démocratie confrontée à une guerre dont on n’entend en Europe que les bruits de bottes.  Mais, comme va le dicton, il n’y a pire sourd que celui qui ne veut entendre.

Les manifestations pro-Hamas

Les manifestations pro-Hamas de ces temps-ci à Paris, à Londres ou ailleurs sont des insultes au bon sens. C’est  la faillite d’une populace qui a perdu ses repères, mais aussi celle d’une intelligentsia qui a arrêté de penser. Le syndrome de Munich se referme une fois de plus sur les lâches. Pour mémoire, ce syndrome fait référence à la veulerie de la France et du Royaume-Uni en 1938, quand les ministres Daladier et Chamberlain pensaient qu’en jetant un morceau de la Tchécoslovaquie en pâture à Hitler la guerre mondiale n’aurait pas lieu. Winston Churchill, alors Ministre de la Marine, s’opposa à ce marché de dupes et apostropha Chamberlain pour lui lancer « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » On connaît la suite.

Manifester pour la paix dans le cadre de la tragédie de Gaza est honorable, mais manifester contre Israël – et dans la foulée contre les Juifs – n’est pas honorable. Personne n’a le droit d’être contre Israël, parce que cela implique que l’on soutient des bandes terroristes reconnues comme telles par le monde civilisé. Etre contre Israël, c’est être pour les forces obscurantistes, celles qui torturent les hommes, violent les femmes et transforment les enfants en torches, celles qui sévissent au Sahel, au Mali, au Niger, en Afghanistan, en Iran, en Arabie, au Qatar, en Irak, en Syrie, en Libye, au Liban, à Toulouse, à Bruxelles, à Londres, à Madrid et à New York.

Dominique de Villepin, ex-Premier Ministre de France, condamne dans une tribune du « Figaro » les opérations israéliennes en Palestine. Il pense peut-être qu’en sacrifiant Israël aux islamo-fascistes la France pourrait obtenir en échange un capital de sympathie. Il n’a peut-être pas tort, parce que cela relève d’une vision politique à la de Gaulle selon laquelle il vaut mieux mettre ses principes en berne et lâcher Israël que d’antagoniser le monde arabe. C’est un procédé aussi vieux que le peuple juif lui-même que de faire diversion en transformant une trahison en exploit. Mais de ce pacte rien de bon n’est jamais sorti pour les masses arabes, qui n’ont jamais cessé de s’enfoncer dans un marasme spirituel et matériel, alors que leurs dirigeants n’ont jamais cessé de prospérer.

Si de Villepin pense que les israéliens ont tort de s’attaquer aux assassins du Hamas, alors comment expliquer l’engagement de la France en Afghanistan, qui a coûté la vie à des soldats français, en plus de 3 milliards d’Euros partis en fumée, le tout  pour riposter à un attentat perpétré le 11 septembre 2001 par des saoudiens à New York ?Comment justifier une opération à 6000 kilomètres de Paris, où 50 000 militaires français ont été appelés au fil d’une décennie pour faire la guerre aux talibans alors que ceux-ci n’avaient pas agressé la France ?Comparé à cela, a-t-on le droit de se demander pourquoi traquer les terroristes du Hamas qui à quelques mètres d’Israël tirent des roquettes sur tout ce qui ressemble à un Juif de l’autre côté de la frontière ?

Le docte de Villepin avance qu’« il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre ». En ce qui concerne la première partie de la proposition, si elle est correcte, on ne voit pas sur quoi était fondée l’occupation de l’Allemagne nazie par la France en 1945. Les français ont dénazifié l’Allemagne, jugé les criminels de guerre et imposé des limitations au réarmement, normes  qui restent en vigueur à ce jour bien que l’Allemagne ne constitue plus un danger. Pour ce qui est du « droit au massacre » qu’évoque de Villepin, c’est précisément ce que s’est arrogé le monde arabe en réaction à la Résolution 181 de l’ONU qui proposait en 1947 de partager la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe. Plutôt que d’admettre qu’il y avait deux peuples aspirant à la souveraineté après la décolonisation, les Arabes palestiniens ont choisi de nier le droit à la vie aux Juifs palestiniens. Ce n’est qu’après avoir été défaits militairement que la Jordanie et l’Egypte ont fini par admettre qu’Israël était là pour rester, et que les Juifs avaient droit à un Etat.

La guerre que mène Israël depuis sa naissance est probablement la moins sale que le monde ait jamais connue, mais si on ne comprend pas qu’Israël ne fait jamais que pratiquer la légitime défense, on ne comprend rien. L’objectif explicite du Hamas, du Djihad islamique  et de leurs associés est de détruire Israël et de supprimer les Juifs qui y vivent. Quand en 2005 Israël a quitté Gaza et  démantelé ses colonies ce fut un ballon d’essai devant servir de modèle afin d’évaluer les chances d’une coexistence israélo-palestinienne pacifique. Après le départ du dernier israélien de Gaza il y eut exactement 13 jours de calme, après quoi les tirs de roquettes contre Israël reprirent de plus belle. Israël attendit néanmoins deux ans pour réagir au moyen d’un blocus, espérant que les nouveaux maîtres de Gaza auraient comme projet  le développement économique plutôt que le meurtre de Juifs. En 2007 le Hamas s’est emparé du pouvoir, a décapité les factions rivales, mis la démocratie hors-la-loi et instauré un Etat islamiste avec pour objectif de conquérir Israël et d’instaurer un Califat sur la Palestine historique. Pour ce faire les tueurs du Hamas n’eurent de cesse que de pilonner  Israël  en jurant de ne s’arrêter que le jour où les Juifs  seraient éliminés. Comme les milices du Hamas estiment avoir l’aval de Dieu ils s’arrogent le droit de sacrifier la population de Gaza et de semer  la désolation au sein de leur propre peuple, sur leur propre terre, où ne se vit  pourtant pas un seul Juif.

Le processus de paix entre Israël et l’Autorité Palestinienne a été systématiquement torpillé par Arafat et son successeur malgré les offres de tous les gouvernements israéliens qui se sont succédés depuis les accords d’Oslo. Mais quand bien même il se trouverait un jour des dirigeants palestiniens pour faire preuve d’une véritable volonté d’aboutir à un arrangement, ce serait une erreur que de croire que cela changerait quoi que ce soit aux ambitions des islamistes de la région, pour lesquels une démocratie palestinienne vivant en bonne entente avec Israël serait une négation de leur raison d’être.

Difficile de savoir si la campagne militaire à Gaza aura amélioré la sécurité des israéliens. La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine, or celui que mène Israël n’est que l’aspect régional d’un problème planétaire. Ce qui est sûr, c’est que cet épisode aura au moins eu comme effet que dans chaque ville, chaque village et chaque foyer israélien, quelle que soit sa sensibilité politique ou religieuse,  un immense élan de solidarité aura animé ce peuple tout au long de l’épreuve, et renforcé le consensus sur l’essentiel.

 

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