Le refus palestinien de négocier

Quoi que l’on pense du gouvernement israélien actuel, il est inacceptable de lui imposer des conditions préalables pour négocier, parce que quelles que soient les revendications territoriales des palestiniens, L’Histoire a démontré qu’Israël savait céder des territoires contre la paix quand il y avait lieu.

Il faut se souvenir de la campagne de dénigrement des années 1970 contre le premier Ministre Menahem Begin, dont on disait qu’il était un faucon, ce qui ne l’a pas empêche d’ordonner au général Ariel Sharon de faire évacuer manu militari les colons israéliens du Sinaï au nom de la paix. Il faut se souvenir de Moshé Dayan, qui disait qu’il valait mieux avoir Sharm-el-Sheikh sans la paix que la paix sans Sharm-el-Sheikh, après quoi il a fraternisé avec son ancien ennemi Sadate en lui rendant son territoire et son honneur. Il faut se souvenir du Premier Ministre Ariel Sharon qui a décidé le retrait de Gaza en espérant pacifier la frontière Sud d’Israël. Tout ceci pour attester que quand sonne l’heure de vérité, les leaders israéliens savent ce qu’ils ont à faire. Cela ne justifie ni leurs errements ni leurs erreurs en attendant, mais celles-ci sont rarement essentielles.

Pour comprendre ce que représentent les implantations en Cisjordanie il faut se souvenir de ses origines. Elles n’ont pas commencé directement après la Guerre des Six-Jours, parce les territoires qu’Israël avait conquis étaient considérés comme autant de cartes à jouer en échange d’une paix rapide. Quelques mois après la guerre il y eut les fameux trois « non » de la conférence de la Ligue Arabe à Khartoum (« non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à toute négociation avec Israël »), où en dépit d’un intense effort diplomatique l’ensemble du monde arabe a décidé que la lutte devait se poursuivre jusqu’à la liquidation d’Israël.

C’est après cela que les israéliens, dépités par l’implacable hostilité du monde arabe, ont graduellement commencé à coloniser les Territoires afin de construire des frontières défendables. Et c’est la gauche, Itzhak Rabin en tête, qui a lancé cette colonisation en estimant que l’ancrage de la Cisjordanie dans Israël était justifié à la fois moralement et stratégiquement, d’autant qu’il n’y avait aucune base juridique pour la frontière, celle d’avant 1967 n’étant que la séquelle d’un armistice. Il est par ailleurs scandaleux qu’une partie de cette gauche qui a poussé des centaines de milliers d’israéliens à s’installer en Cisjordanie au nom de la défense du pays considère maintenant ces gens comme des pestiférés qui se mettent en travers de la paix.

Si les uns posent des conditions pour négocier il n’y aucune raison pour que les autres n’en posent pas. C’est ainsi que les israéliens pourraient arguer qu’il est hors de question de discuter avec une Autorité Palestinienne qui ne contrôle pas Gaza. Après tout il serait trop facile pour elle de signer un accord de paix avec Israël tout en conservant l’option terroriste de Gaza, où le Hamas continuerait à se faire assister par l’Iran, qui pourrait les équiper en armes de destruction massive.

Les israéliens ne posent pas de conditions préalables parce qu’ils veulent entendre tout ce que les palestiniens ont à dire sur tous les sujets, et leur opposer leur point de vue à eux dans le cadre d’un face-à-face. L’enjeu de l’éventuelle négociation peut d’ailleurs se résumer en peu de mots: les palestiniens voudront obtenir des frontières acceptables et le retour des réfugiés de 1948 en Israël, et les israéliens voudront obtenir des frontières acceptables et des garanties pour sa sécurité.

Les deux camps sont retranchés derrière leurs positions d’une manière qui semble insurmontable, mais la différence entre eux, c’est que les israéliens sont disposés à négocier. Ce n’est pas rien.

La Palestine ou l’art d’arriver en retard

Le journaliste Alain Frachon a récemment publié dans Le Monde.fr un article intitulé  » Faisons un rêve : un « oui » israélien à l’ONU « . Il se demande si soixante-quatre ans après la Résolution 181 de l’ONU de 1947 les Palestiniens obtiendraient enfin réparation.

Quelle étrange dialectique, quand on a à l’esprit que les israéliens ont dit « oui » en 1947. De quoi et de qui les palestiniens sont-ils censés obtenir réparation ? Y ont-ils droit du fait qu’ils ont refusé de partager la Palestine? Et si l’on considère que les palestiniens ont été abusés par le monde arabe qui leur a fait accroire qu’ils allaient chasser les juifs, n’est-ce pas à ce monde arabe de réparer ? Nous sommes en plein syllogisme.

S’il y a une partie qui à droit a réparation relativement à la Résolution de l’ONU de 1947, c’est bien Israël, qui malgré l’hostilité de l’ensemble du monde arabo-musulman est encore toujours disposé à partager la Palestine. Pas à n’importe quelles conditions, bien entendu, ni sans négocier avec les principaux intéressés.

Il y a quelque chose de surréaliste dans l’initiative palestinienne à vouloir s’imposer maintenant comme membre à part entière à l’ONU alors que cette possibilité leur a été offerte en 1947. Que de sang versé depuis, alors qu’il eût suffit qu’ils acceptent alors ce qu’ils réclament aujourd’hui.

Alain Frachon dit que les palestiniens ont raison de ne pas vouloir négocier directement avec Israël, parce que les accords d’Oslo n’ont débouché sur rien. Qu’est ce qui lui permet de suggérer que c’est la faute à Israël, malgré l’Intifada, malgré le retrait du Sud-Liban, malgré celui de Gaza, malgré les initiatives de paix de tous les gouvernements israéliens de tous les bords ?

Alain Frachon évoque le courage politique d’Yitzhak Rabin reconnaissant la légitimité du mouvement national palestinien. Qu’en est-il du courage de Benjamin Netanyahou, qui a accepté le principe de deux Etats pour deux peuples et qui a gelé les constructions en Cisjordanie dans l’espoir de négocier avec Mahmoud Abbas, qui pour sa part ne s’est manifesté que neuf mois plus tard juste pour dire qu’il ne voulait pas se mettre à table?

Le Président Obama a beaucoup de soucis ces jours-ci, notamment concernant la situation économique de son pays. Il vient de se débarrasser d’un poids en admettant qu’il avait fait fausse route en ce qui concernait le conflit israélo-palestinien. Il faut donc l’encourager maintenant parce qu’il est sur la bonne voie. Ce qui serait bien à ce stade, c’est qu’en guise d’échange de bons procédés, Benjamin Netanyahou déclare solennellement qu’Israël ne laissera jamais tomber l’Amérique.

Israël et ses amis

Quelle que soit la position que l’on adopte vis-à-vis du conflit israélo-arabe, on ne peut comprendre la politique de l’Etat Juif  que si l’on intègre d’abord l’idée que la préoccupation prioritaire de tout gouvernement d’Israël – quel que soit son bord – est la sécurité. La raison en est que s’il n’y a plus de sécurité, il n’y a plus d’Israël.

C’est pour cela que le traité de  paix avec l’Egypte comprend une clause de démilitarisation du Sinaï. C’est pour cela que si Israël restituait le Golan ce serait à condition de le démilitariser. C’est pour cela qu’Israël a transformé le Sud-Liban en zone-tampon pendant vingt ans. C’est pour cela qu’Israël a construit une barrière de séparation. C’est pour cela que l’Opération Plomb Durci a eu lieu. C’est pour cela qu’il y a des postes de contrôle sur les routes de Cisjordanie. C’est pour cela qu’Israël a réduit en poussière les projets nucléaires de l’Irak et de la Syrie. C’est pour cela qu’Israël s’oppose à la bombe atomique de l’Iran. Et ainsi de suite. La sécurité d’abord.

L’initiative palestinienne consistant à réclamer le statut de membre à part entière des Nations-Unies consiste à contourner Israël en s’adressant directement à la Communauté Internationale. L’explication en est que l’Autorité Palestinienne refuse de négocier avec Israël pour une série de raisons, dont le souhait du Hamas de liquider Israël par tous les moyens. L’Autorité Palestinienne espère ainsi obtenir de la Communauté Internationale une légitimité en tant qu’Etat tout en se passant d’en débattre avec Israël, croyant ainsi pouvoir lui imposer un voisinage  qui négligerait sa sécurité.

Lorsque l’Empire Ottoman a été démantelé pour être rendu à ses habitants il s’est agi de redécouper le Moyen-Orient de la manière la plus équitable possible. C’est ainsi que la Communauté internationale a identifié et reconnu les différentes populations qui y vivaient – dont les juifs – qui petit à petit se sont érigés en Etats. Parmi ceux-ci, le minuscule Etat d’Israël, sur base de ses droits historiques tels que proclamés par la Déclaration Balfour en 1917, la Conférence de San Remo en 1920, la Commission Peel en 1937 et les Nations-Unies en 1947. Le monde arabe a rejeté tout au long l’idée même d’un Etat pour le peuple juif, en déni constant de la part juive de la Palestine, qui existait bien avant que les palestiniens eux-mêmes ne se définissent comme peuple.

Malgré cette longue marche, et même s’il est vrai qu’il existe des palestiniens modérés, il y en a peu qui soient réellement sortis du déni d’Israël. Tout au plus envisagent-ils la liquidation d’Israël par des moyens non-violents.

Israël désire être en paix avec tout le monde, à commencer par ses voisins, mais pas au prix de sa sécurité. Et si on oppose à cela que la crainte d’Israël relève de la paranoïa et que cela risque d’indisposer même ses amis, alors c’est plutôt le problème des amis que celui d’Israël, parce que le peuple juif a largement droit à sa place de choix au panthéon de la paranoïa.

L’islamisme radical face à la démocratie

Toute idéologie qui aboutit au totalitarisme cesse de se conformer à ses propres règles et finit par avoir des objectifs tellement lointains qu’ils en deviennent indistincts. Le rapprochement que fit naguère la philosophe Hannah Arendt entre nazisme et stalinisme en leur trouvant comme point commun le totalitarisme peut s’appliquer à l’islamisme radical.

L’islamisme radical ne relève ni d’une guerre de civilisation ni d’une guerre de religion mais d’une guerre contre la démocratie. Il a comme point de départ le fondamentalisme religieux, mais celui-ci finit par muter en totalitarisme. Cela signifie que le moyen qu’a choisi l’islamisme radical pour s’imposer importe plus que la fin, qui est en principe la religion

Toute idéologie quelle qu’elle soit porte le germe du totalitarisme, qui si on lui cède la place ne connait pas de limite. Le totalitarisme emmène les masses à remplacer l’idéologie de référence par la volonté d’un Parti Unique perçu comme une divinité. La notion même de règle, de loi ou de code moral disparaît au bénéfice du Parti et de son chef. La volonté du chef n’est par ailleurs pas toujours claire, ce qui lui permet d’éliminer les individus de manière arbitraire. C’est ainsi que quand il lui arrive de changer d’avis, ceux qui l’ont servi peuvent être liquidés non pas parce qu’ils sont fautifs, mais parce qu’ils sont encombrants.

La démocratie est le moins mauvais des systèmes parce qu’elle n’est pas une idéologie mais aménage au contraire un espace ou les idéologies peuvent s’exprimer. La démocratie ne dit pas que les tous hommes sont pareils, mais que tous les hommes ont les mêmes droits. Ce principe est indispensable au bon fonctionnement de toute société moderne.

La démocratie a des faiblesses, parce qu’on peut être sceptique quant à la capacité des masses à être intelligentes ou à avoir bon cœur. Le fait que c’est la majorité qui avalise une politique ne témoigne en rien de sa vertu. Les hommes choisissent de privilégier une vision du monde plutôt qu’une autre en fonction de leur diversité, de leurs conditions de vie. Cependant ce qui rend la démocratie précieuse c’est que qu’elle permet de changer de régime quand celui-ci n’est pas conforme aux attentes.

C’est cette possibilité de changement, et elle seule, qui fait que la démocratie est le meilleur des systèmes.

 

Obama ou la vacance du pouvoir

Le Président des Etats-Unis a du pouvoir, mais tout comme dans d’autres démocraties sa marge de manœuvre est limitée par les médias, l’inertie des institutions et la dynamique d’une société complexe et mondialisée. Il est donc difficile pour l’opinion publique de se faire une idée globale du bien-fondé de sa politique intérieure ou extérieure. Reste la perception que l’on acquiert à travers les apparitions, la personnalité et le charisme du Président.

Barack Obama a commis toutes les erreurs imaginables concernant ce qu’il présentait comme sa doctrine lors de sa campagne électorale. Dernièrement il a encore atteint un sommet de dilettantisme en critiquant ouvertement l’agence de cotation qui a réduit la cote de crédit des Etats-Unis et qui a fait baisser Wall Street. Il a étayé son opinion en se référant au milliardaire Warren Buffet qu’il présentait comme omniscient. Cela n’a visiblement pas convaincu les millions américains qui l’écoutaient, parce qu’à peine son allocution terminée les marchés sont repartis à la baisse de plus belle.

La quinzaine précédente Obama avait donné l’image d’un leader aux abois face à la question du plafond de la dette de l’Etat. Il a laissé entendre que son pays, le plus riche et le plus puissant de la planète, pourrait être en cessation de paiement sous peu. L’argument est absurde quand on sait que l’Amérique connaît un régime fiscal clément et qu’elle dispose de moyens et d’outils financiers suffisamment solides pour assurer sa solvabilité, ce qui fait qu’agiter le spectre d’un défaut de paiement est inepte, et relève d’une démagogie digne d’une république bananière.

En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien Obama est parvenu à indisposer à peu-près tous les intéressés. Quand il a commencé à faire ses visites d’Etat il a choisi avant tout d’honorer le Président Moubarak, aujourd’hui considéré comme criminel par son peuple, et de présenter sa vision du conflit israélo-palestinien à l’Université du Caire plutôt qu’à celle de Jérusalem. Lors de son discours il a par ailleurs fait une association d’idées douteuse en énumérant dans un même souffle la Shoah et le problème palestinien. Il a ensuite rendu visite à une série de pays de la région, mais a soigneusement évité Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, le seul pays auquel la nation américaine puisse s’identifier, et son allié le plus sûr.

Obama a rejeté les propositions de Netanyahu concernant le règlement du conflit israélo- palestiniens, mais quand Netanyahu les a réitérés devant les Congrès américain il a été ovationné avec un enthousiasme sans précédent par la totalité des représentants. A la suite de cela Obama s’est retrouvé isolé de son propre parti et s’est empressé d’ajuster le tir en se justifiant d’une manière confuse.

Obama a fait pression sur le gouvernement israélien pour qu’il gèle les constructions en Cisjordanie durant dix mois en échange d’une promesse d’un face-à-face entre Netanyahu et Mahmoud Abbas. Celui-ci a attendu neuf mois avant de se manifester, et cela uniquement pour dire que dix mois ce n’était pas suffisant, déclarant que le Président des Etats-Unis était monté avec lui sur un arbre, et puis qu’Obama en était redescendu tout seul en emportant l’échelle. Ceci dit il faut reconnaître qu’Obama a au moins réussi à démontrer que les implantations israéliennes n’avaient aucun rapport avec le conflit, et qu’arrêter les constructions en Cisjordanie ne servait strictement à rien, puisque que les palestiniens refusaient de négocier autre chose que la liquidation de l’Etat d’Israël.

Obama ne donne jamais l’impression d’avoir une vision, mais plutôt de se laisser porter par les évènements. Cet homme est un technocrate sans inspiration. Il n’est ni utile ni nuisible, mais inexistant.

L’été israélien n’est pas le printemps arabe

Le mouvement social qui se déroule en Israël est paradoxalement la conséquence de sa bonne santé économique. Israël a traversé la crise financière de 2008 mieux que la plupart des pays développés et connaît une croissance vigoureuse depuis plusieurs années. Le chômage est au plus bas, la monnaie parmi les plus solides du monde, les caisses de l’Etat sont remplies et les entreprises tournent à plein rendement. Bien qu’aucun des observateurs traditionnels n’ait prévu le mouvement de protestation, il arrive à point nommé pour les classes moyennes en particulier, qui sentent que le moment est bien choisi pour réclamer plus de justice sociale.

C’est la crise du logement qui a déclenché le mouvement. Les prix de l’immobilier flambent, mais le niveau des salaires est tellement bas que même un couple de diplômés universitaires ne dispose pas de suffisamment de moyens pour acquérir un modeste trois-pièces à crédit. Le coût de la vie ne cesse d’augmenter et les chaines de distribution semblent fixer les prix de manière arbitraire, si bien qu’on a l’impression que la concurrence est absente.

Le style du mouvement est bon enfant, et tout en protestant les manifestants expriment leur attachement au pays, leur joie d’y vivre et leur intention de s’y épanouir. Ce que ce mouvement a de particulier comparé à ce qu’on a l’habitude d’observer dans les pays occidentaux, c’est qu’il n’est dirigé contre personne. Les sondages révèlent que 87 % de la population soutiennent le mouvement. On pourrait penser que dans ces conditions c’est le gouvernement qui est visé, mais ce n’est pas le cas non plus. L’opinion publique est consciente que la cherté de l’immobilier et le pouvoir exorbitant des cartels sont le résultat d’une politique vieille de plusieurs décennies. Qui plus est, le gouvernement est d’accord avec les manifestants, et le Président de L’Etat a reçu une délégation du mouvement pour la féliciter de son initiative et lui exprimer son soutien.

Les manifestants ont installé leurs innombrables tentes en plein Tel-Aviv et dans une douzaine d’autres villes, et campent depuis quelques semaines. Ils sont bien organisés, ont improvisé des tribunes pour les orateurs, mais aussi pour des artistes qui se produisent à titre gracieux. Il y des garderies d’enfants, des cuisines de fortune, des centres de presse, des écrans géants et un courant humain permanent de militants qui interpellent les passants pour leur expliquer leurs revendications. Il n’y aucun signe de violence, et la police n’est visible nulle part. Il y a quelques jours plus de trois-cent mille manifestants ont défilé dans les artères principales de Tel-Aviv sans provoquer le moindre incident.

Ce mouvement éminemment politique n’a aucun lien avec la vie politicienne. Toutes les sensibilités sont présentes, mais aucune ne se manifeste en tant que telle. Bien au contraire, les slogans qui fleurissent dans cette kermesse ont comme point commun de ne se référer à aucune idéologie quelle qu’elle soit.

Certains veulent voir dans ce mouvement une analogie avec les évènements qui agitent le monde arabe. Mais l’été d’Israël est fondamentalement différent du printemps arabe. Il ne s’agit pas ici de revendiquer la démocratie, mais au contraire de l’exercer.

Olivier Besancenot et la Flottille pour Gaza

Olivier Besancenot, figure charismatique de l’extrême gauche française, s’est acoquiné à la « flottille pour Gaza », qui a pour objectif de forcer le blocus israélien. Il a accordé à cette occasion une interview à bord du navire sur lequel il s’est embarqué, où il expliquait avec grand sérieux que Gaza était une « prison géante ».

Olivier Besancenot omet de préciser que le geôlier de la prison en question est le Hamas, organisation terroriste répertoriée comme telle dans un grand nombre de pays. Il n’est probablement pas au courant non plus que Gaza est un mini-Etat islamique mené par la frange la plus barbare, la plus rétrograde, la plus radicale et la plus fanatique des ennemis d’Israël, cumulant le fondamentalisme musulman et un antisémitisme primaire, et foulant du pied toutes les conventions internationales relatives aux droits de l’homme. Ce pouvoir est activement soutenu par la Syrie, le Liban et l’Iran, régimes aussi épris de démocratie que le Hamas lui-même.

Olivier Besancenot a sans doute oublié qu’Israël a évacué Gaza en 2005 mais n’a reçu en échange que des milliers de roquettes visant des civils. Il y a quelques semaines encore un transport d’enfants israéliens circulant le long de la frontière de Gaza a été détruit par une roquette antitank tirée sur un autobus scolaire par des terroristes qui l’ont ciblé en connaissance de cause.

Olivier Besancenot est offusqué quand on le soupçonne d’antisémitisme, et il a sans doute raison parce que cela ne lui ressemble pas. Cependant il s’associe régulièrement à des entreprises qui dénient au peuple juif le droit d’avoir une existence nationale. C’est d’ailleurs la doctrine de sa mouvance politique que de mettre fin au projet sioniste. Pourtant il connaît bien l’Histoire, et ne peut pas être passé à côté du texte de la résolution 181 des Nations-Unies du 29 novembre 1947 concernant le partage de la Palestine qui fait usage 31 fois du vocable « Etat Juif » pour désigner l’Israël d’aujourd’hui.

Olivier Besancenot aura aussi été trop occupé pour se donner la peine de lire la Déclaration d’Indépendance d’Israël de 1948 qui dit « Nous tendons la main de l’amitié, de la paix et du bon voisinage à tous les Etats qui nous entourent et à leurs peuples. Nous les invitons à coopérer avec la nation juive indépendante pour le bien commun de tous. L’Etat d’Israël est prêt à contribuer au progrès de l’ensemble du Moyen Orient ». C’était il y a 63 ans. La main tendue commence à être prise de crampes. S’il avait pris note de cette main tendue, nul doute qu’Olivier Besancenot se serait rangé du côté d’Israël, sachant à quel point la notion du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes lui est chère.

Bien que le bateau sur lequel a embarqué Olivier Besancenot soit modeste, il dispose probablement d’un GPS, alors il pourrait peut-être demander au capitaine de mettre le cap vers d’autres prisons de la Méditerranée, comme par exemple la Lybie ou la Syrie, où il convaincra sans peine les geôliers locaux d’ouvrir les portes de la liberté.

Mais si le GPS reste orienté vers Gaza, alors Olivier Besancenot pourrait peut-être suggérer au Hamas de renoncer au terrorisme et de respecter les accords entre Israël et l’Autorité palestinienne, ce qui mettrait sans doute fin au blocus. Mais comme la pensée d’Olivier Besancenot relève elle aussi d’une prison, celle de l’infaillibilité du trotskysme, il est douteux qu’il comprenne avant longtemps qu’il se trompe d’ennemi.

Dominique Strauss-Kahn ou la stature d’un président

On a abondamment relevé le courage d’Anne Sinclair depuis que Dominique Strauss-Kahn a été arrêté à New-York. Mais bien qu’elle ait eu beaucoup à endurer depuis le déclenchement de l’affaire, elle est ce qu’on appelle une victime collatérale. Au-delà de ses proches, celui qui est frappé le plus durement c’est bien entendu Dominique Strauss-Kahn lui-même.

Dans la mesure où il est innocent, son comportement a été déterminé et extraordinairement digne. A aucun moment il n’a craqué. A aucun moment il ne s’est écroulé. A aucun moment on n’a pu déceler dans son expression de la colère, de l’exaspération, du dépit ou du désespoir. Nous ne savons pas comment les choses se sont déroulées dans le bureau du procureur ou lors de son séjour en prison, mais nul doute que si à un moment où à un autre il s’était effondré, ou au contraire s’était emporté, on l’aurait su grâce aux médias à l’affut de tout ce qui pouvait faire des titres.

Et quand tout a basculé et que le procureur a libéré Dominique Strauss-Kahn sur parole, là aussi il a fait preuve d’une retenue remarquable. En sortant du Tribunal il s’est dirigé d’un pas mesuré vers la voiture qui l’attendait sans exhiber la moindre jubilation. C’était pourtant sur ce même trottoir que quelques semaines auparavant il avait été houspillé par une meute haineuse qui hurlait « honte sur vous » en lui souhaitant de croupir le restant de ces jours en prison. A peine a-t-il esquissé un sourire traduisant son soulagement, mais c’était un sourire paisible, un sourire qui avait l’air de s’adresser surtout à ses proches, qu’ils fussent présents ou lointains, comme pour leur redonner confiance et leur signaler qu’il allait bien.

Si Dominique Strauss-Kahn est blanchi d’ici peu, la question de sa candidature à la Présidence de la République va à nouveau se poser, même si lui-même pourrait souhaiter un répit avant de prendre sa décision. Ce qui apparait à l’évidence, c’est que ses éventuels électeurs auront eu l’occasion d’évaluer en direct la tenue de cet homme face à l’adversité. On peut ne pas être de son bord politique, mais dans la mesure où la fonction de Président requiert une trempe exceptionnelle et l’aptitude à garder son calme en toutes circonstances, Dominique Strauss-Kahn a démontré qu’il était à la hauteur à l’occasion de cette épreuve dont il se serait bien passé.

Quant à son profil d’homme à femmes, il craignait lui-même depuis longtemps qu’il ne le rattrape lors d’une éventuelle campagne électorale. Le destin a voulu qu’il soit rattrapé avant même qu’elle ne commence, or si les sondages montrent qu’il est encore un candidat apprécié il n’aura plus à craindre la bulle à ragots parce qu’elle se sera dégonflée avant la campagne.

Ne pas vouloir voter pour un homme dont on réprouve la sexualité est une chose, mais faire activement campagne contre lui sur base de son penchant sexuel est scandaleux. Il n’y a pas si longtemps, un candidat homosexuel à la mairie de Paris n’aurait eu aucune chance de se faire élire. Maintenant la plupart des électeurs ne font plus de lien entre l’orientation sexuelle et la compétence du Maire de leur ville, et c’est bien ainsi. Lors de l’affaire Monica Lewinsky, le Président Clinton a successivement nié et reconnu une aventure sexuelle extraconjugale à la face de l’Amérique toute entière, mais cette Amérique que l’on dit si puritaine ne l’a pas démis de ses fonctions et a même continué à lui vouer une popularité qui ne s’est pas démentie à ce jour. Peut-être que l’Histoire retiendra que l’affaire Dominique Strauss-Kahn aura imprimé un tournant décisif aux mœurs en montrant que les masses savent désormais que les compétences de leurs dirigeants ne se confondent pas avec la nature de leur sexualité.

Dominique Strauss-Kahn pourrait être lavé de tout soupçon sur base de la perte de crédibilité de son accusatrice suite à la série de mensonges dont elle s’est rendue coupable. Les médias spéculent beaucoup là-dessus, mais il est étonnant que l’on n’entende nulle part exprimer l’exigence que cette tragédie doive déboucher sur des aveux explicites, au moyen desquels l’accusatrice révèlerait sans ambiguïté avoir menti sur toute la ligne, et pas simplement sur ses comptes en banques. Ce serait la moindre des choses. Non pas seulement pour l’honneur de Dominique Strauss-Kahn, mais aussi pour celui de toutes les femmes du monde qui sont réellement violées tous les jours, auxquelles elle aura fait un tort incommensurable.

L’Etat de Palestine

Il est difficile de se représenter ce que pourrait donner la proclamation d’un Etat de Palestine qu’envisage l’Autorité palestinienne. Les implications juridiques et logistiques sont complexes, et personne, pas plus les palestiniens que  les israéliens, n’y voient clair.

Certains en Israël pensent que cela pourrait déboucher  sur une guerre, puisque les palestiniens tenteraient sans doute un nettoyage ethnique des juifs de la future Palestine. D’autres pensent qu’Israël pourrait reconnaître l’Etat Palestinien, mais pas ses frontières. Les israéliens évacueraient alors les territoires jugés encombrants, mais annexeraient ceux auxquels ils tiennent pour des raisons stratégiques, démographiques ou symboliques. Par ailleurs, comme l’Etat d’Israël ne serait plus puissance occupante, il n’y aurait plus obligation de fournir eau, électricité ou autres biens indispensables à la vie quotidienne d’une  Cisjordanie en plein essor économique. A moins d’accords bilatéraux, bien sûr, mais cela supposerait la fin du conflit entre les deux nations, ce que ne prévoit pas le projet palestinien. La proclamation du nouvel Etat impliquerait en outre que la Palestine inclue la bande de Gaza, ce qui compliquerait les choses puisqu’Israël pourrait légitimement tenir le gouvernement palestinien pour responsable des agissements du Hamas.

Ceci dit il n’est pas impossible que la proclamation ait un effet psychologique chez les palestiniens, qui ayant accédé au statut d’Etat ne trouveraient plus en dessous de leur dignité de négocier avec Israël, qu’il y ait construction israélienne en Cisjordanie ou pas.

Chacun peut rêver d’un monde qui lui corresponde, mais là difficulté est que les rêves des uns empêche parfois les autres de dormir. Ces hommes en noir qui se promènent à Jérusalem avec des chapeaux de fourrure ont le droit d’être ce qu’ils sont. Ces hommes du désert qui boivent du thé brûlant en plein été ont le droit d’être ce qu’ils sont. Ces hommes et ces femmes qui se réclament des valeurs de la modernité ont eux aussi le droit d’être ce qu’ils sont. L’humanité est diverse, les raisons de s’affronter infinies, et chacun pense qu’il a raison, alors la vraie question, une fois qu’on a dit ça et qu’on a épuisé tous les arguments, c’est : et maintenant, que fait-on. Et la réponse est : maintenant on ne fait ni l’amour ni la guerre, mais un compromis.

Si les palestiniens estiment qu’ils ont de meilleurs chances d’aboutir à un compromis historique avec Israël en ayant un statut d’Etat naissant, alors qu’à cela ne tienne.

Amen est un mot hébreu qui signifie confiance.

 

Do not forgive Judge Goldstone

One can only welcome the retraction of Judge Goldstone as expressed in his article published in  “The Washington Post” concerning his “Operation Cast Lead” report. For the record, Israel intended in 2009  to put an end to the firing of Hamas on civilian populations, an ongoing harassment spread out over eight years and unsettling the lives of hundreds of thousands  Israelis stunned by screaming sirens summoning them to flee to shelters.

Israel did through « Operation Cast Lead » nothing else that defend its citizens. The IDF invaded the Gaza Strip in order to eliminate Hamas terrorists while making sure not to cause civilian casualties. Whenever it nevertheless occurred, the IDF opened inquiries in order to verify the facts and take appropriate actions. It is Judge Goldstone himself that admits it now.

Judge Goldstone recognizes that Israel has not committed any war crimes in Gaza and never targeted civilians. This in sharp contrast with Hamas, that deliberately and intentionally did so, which actually never needed to be investigated, since the Hamas had been claiming it itself all along.

Everyone can be wrong or go astray, either for good or bad reasons. Goldstone is perhaps forgivable as a private person, especially if he draws practical conclusions from his retractions and does the utmost in order to try to and repair the considerable damage caused to Israel’s image.

However, as a public person Goldstone must not be forgiven because he behaved unprofessionally and committed serious methodological errors. It is imperative to not expose other parties to his incompetence in the future. Although he now claims that « if he had known then what he knows now he would never have condemned Israel”, he does not reveal what made him change his mind, which continues to make him undependable.

The excellent « Analyse Critique du Rapport Goldstone » published a year ago by the periodical « Controverses » (http://www.controverses.fr/) is particularly striking from this point of view. It demonstrates how Judge Goldstone was biased whatever angle one looks at it, starting from the nature of the report’s sponsor, the “UN Commission on Human Rights” once chaired by Qaddafi’s Libya. « Controverses » explains how Judge Goldstone simply ignored the nature of the Hamas regime targeting civilian populations under the motto of its doctrine officially calling for the destruction of the State of Israel.

Not to forgive Judge Goldstone as a public person consists of barring him from assignments with regard to international law. His deceitful report has had serious implications not only for Israel, but for all democracies having to deal with terrorists. Nowadays these are no more small mobs, but full-blown armies financed by rogue states. These armies have substantial resources and are beyond control of the Geneva Convention.

It suffices to reflect on Guilad Shalit’s fate, the Israeli hostage from whom we do not even know if he is still alive. He may well be merely one of many victims of the Arab-Israeli conflict, it all says a lot about the Hamas notion of Human Rights.

Judge Goldstone has attempted to deprive Israel from it’s self defence right.

Do not forgive Judge Goldstone.

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