La détestation selon Stéphane Hessel

Que Stéphane Hessel s’inquiète de la marche du monde, et en appelle à l’indignation dans son opuscule récent (« Indignez-Vous! »), on peut le comprendre. Mais quand il publie un texte qui est supposé avoir vocation universelle et qu’il dénonce les guerres qui font rage en ne trouvant rien d’autre que de mettre Israël en évidence pour illustrer son propos, c’est son texte lui-même qui en devient indigne. Stéphane Hessel va jusqu’à éprouver de la compréhension pour le Hamas et apprécie le dialogue avec ses dirigeants comme s’ils étaient des gens normaux qui n’envoyaient pas leurs enfants se faire exploser sur les enfants des autres.

Le propos de Hessel consiste supposément à dénoncer la guerre et l’injustice dans le monde entier et d’en débusquer les causes, or afin de bien se faire comprendre, il pointe un doigt accusateur vers Israël comme étant l’endroit emblématique, symptomatique et représentatif de toutes les guerres et injustices qui sévissent sur la planète.

Ce texte n’est pas un pamphlet contre Israël, mais contre le Mal qui ronge le monde. Hessel dénonce Israël sous forme de procédé pédagogique visant à que le monde comprenne de quoi le Mal a l’air. Et il l’air comme Israël, d’après lui.

Le texte de Stéphane Hessel est destiné à un public qui n’a ni le temps ni les ressources pour se documenter en profondeur. Or en désignant Israël nommément comme référence identifiant le Mal, cela revient à une incitation à la haine.
S’il avait sérieusement voulu en appeler à l’indignation des masses au lieu de céder à sa détestation obsessionnelle d’Israël (Cfr Richard Prasquier, président du Crif) il aurait été plus approprié de s’attaquer à l’islamisme, ou plus largement à l’instrumentalisation de l’Islam pour opprimer des populations entières. L’islamisme alimente objectivement la plupart des conflits au monde, donc s’il y a quelque chose d’emblématique du Mal à notre époque, c’est bien l’islamisme. Plus largement encore, il aurait pu s’attaquer au déni de démocratie en Chine ou sur le continent africain. Au lieu de cela il s’en prend à Israël, qu’il voue à la vindicte publique comme au bon vieux temps du bouc émissaire.

Pour mémoire, Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, seul îlot de lumière dans cette mer d’obscurantisme, seul terre où la femme est l’égale de l’homme et où la liberté de conscience et d’expression est totale. Israël est aussi le seul endroit au monde où les arabes ont un droit de vote réel en tant qu’arabes dans un Parlement digne de ce nom. Hessel aurait mieux fait d’en appeler au monde à non seulement reconnaître cette réalité, mais surtout à faire savoir que c’est précisément à cause de cela que le droit à l’existence d’Israël est contesté.

Quand Hessel profère mensonge sur mensonge en se basant sur les mensonges des autres (Goldstone) dans le seul but de se faire valoir aux yeux de l’opinion publique, il en flatte les instincts les plus bas par un populisme suffisant. Peu importe dans ces conditions qu’il ait été résistant, parce que ce qu’il fait maintenant évoque plutôt Pétain : héros d’un combat, autiste lors d’un autre combat.

Israël s’est conduit le mieux possible lors de l’opération « Plomb Durci ». Cette opération n’a eu lieu qu’après qu’un million d’israéliens du Sud d’Israël aient été bombardés huit années durant et eu leur vie ponctuée par une course quotidienne aux abris. Israël ne s’est résolu à répliquer par la force qu’après avoir épuisé tous les autres moyens, tout en s’efforçant de minimiser les victimes civiles. Les trois-quarts des morts côté palestiniens furent d’ailleurs des « activistes » selon les sources mêmes du Hamas. L’essentiel des pertes israéliennes furent occasionnées par des erreurs de tirs de Tsahal soi-même, ce qui en dit long sur la complexité de la guerre urbaine.

Le premier devoir des dirigeants israéliens est d’assurer la sécurité de leur population, n’en déplaise aux beaux esprits. En même temps Israël est de la plus haute exigence vis-à-vis de soi-même et n’a de leçons à recevoir ni de la France ni du reste de l’Europe, dont pratiquement chacune des composantes s’est conduite de manière autrement barbare qu’Israël dans des situations analogues.

Stéphane Hessel ou l’innocence de la jeunesse

Stéphane Hessel à 93 ans, mais il n’est pas vieux. Quand il passe à la télévision on est frappé par sa vitalité, sa présence d’esprit et sa capacité d’écoute. La fraîcheur de sa vision du monde est particulièrement manifeste dans le texte qu’il vient de publier, où il appelle les générations montantes à s’indigner.

Il démontre qu’il vit avec son temps en clamant que sa principale indignation dans le monde actuel concerne la Palestine. Pas le Soudan, pas la Tchétchénie, pas l’Afghanistan, pas l’islamisme ni les dictatures. Non. C’est Israël qui est pour Stéphane Hessel la cause première des malheurs du monde. Rien de nouveau sous le soleil, disait déjà le Roi Salomon dans l’ « Ecclésiaste ».

La manière dont Stéphane Hessel manipule les contrevérités et les élucubrations antisionistes pour mettre en cause Israël – seule démocratie du Moyen-Orient – prouve qu’il est en phase avec son époque. Au lieu de défendre Israël comme un modèle dont pourraient s’inspirer les 22 dictatures qui l’entourent, il renverse le miroir et présente Israël comme un danger, ce qui est un comble. Au lieu d’attribuer le malheur des gazaouis au Hamas, il compatit avec cette mouvance mafieuse qui défenestre et mutile ses opposants en braillant que la loi de la Sharia doit être la référence universelle de l’humanité.

Stéphane Hessel mentionne dans son texte indigent les trois millions de réfugiés palestiniens comme si Israël y était pour quelque chose. En réalité c’est monde le arabe qui les confine dans des camps depuis des décennies afin de détourner l’attention des opinions publiques des vrais problèmes, à savoir la corruption et l’analphabétisme, et conséquemment le sous-développement. Il brandit un doigt accusateur contre Israël en mentionnant les morts de l’opération « Plomb Durci », alors que de l’aveu même du Hamas ces morts furent principalement des membres des milices participant aux bombardements des agglomérations civiles du Sud d’Israël.

La principale indignation de Stéphane Hessel, donc, concerne l’existence d’Israël. Il doit avoir raison, parce que si Israël disparaissait, les 22 dictatures qui l’entourent se transformeraient en Etats de droit, les femmes accèderaient à l’égalité, le chômage et l’ignorance disparaîtraient. C’est aussi simple que cela. On ne saisit pas bien pourquoi ni comment, mais il suffit de le réitérer avec suffisamment de constance pour que cela finisse par devenir vraisemblable. Surtout qu’il ne s’agit que de six millions de juifs concentrés dans un pays minuscule.

Stéphane Hessel regrette qu’il y ait peu de peuples qui tirent les leçons de l’Histoire. Mais il est probablement trop jeune pour se souvenir du passé. Sinon il saurait que s’il y a un bien peuple au monde qui tire les leçons de l’Histoire, c’est celui qui a fondé l’Etat Juif.

L’énigme du refus palestinien de négocier avec le gouvernement Netanyahu enfin résolue

D’après des révélations récentes de la chaîne Al Jazeera, reprises par le journal britannique « The Guardian », les négociateurs palestiniens auraient fait des concessions sans précédent au gouvernement Olmert. La majorité des experts s’accordent pour dire que ces révélations sont crédibles. On peut les résumer comme suit.

Israël conserverait la plupart des implantations juives, y compris celles construites dans et autour de Jérusalem depuis 1967.

L’Autorité palestinienne concéderait à Israël la souveraineté sur une grande partie de la Ville Sainte et entérinerait toutes les colonies, sauf une.

Les Palestiniens proposeraient de diviser la vieille ville et laisseraient à Israël le contrôle du quartier juif.

Les palestiniens renonceraient à l’exigence du droit de retour des réfugiés de la guerre de 1948, sauf pour dix mille d’entre eux. Ces réfugiés n’auraient pas de droit de vote dans le cadre d’un accord de paix avec Israël.

Les palestiniens reconnaîtraient Israël comme l’Etat du peuple juif.


D’après ces révélations il ne fait pas de doute que le fossé s’était considérablement réduit entre l’Autorité Palestinienne et le gouvernement Olmert. Les discussions ayant été interrompues par la chute du gouvernement de celui-ci, il a fallu attendre les élections pour continuer sur cette si bonne voie. Mais quand Netanyahu est venu au pouvoir il s’est vu imposer par l’Administration américaine un gel de la construction en Judée-Samarie. Il a fait alors un geste sans précédent en donnant son accord pour une période de dix mois. L’Autorité palestinienne a laissé filer neuf mois avant de daigner discuter. Quatre semaines plus tard elle a rompu en exigeant que le gel des constructions fût prolongé.

Il apparaît maintenant, grâce aux révélations d’Al Jazeera, que ce n’était là que prétexte. Exiger le gel des constructions était en effet hors de propos parce que les palestiniens avaient déjà admis confidentiellement qu’ils ne revendiqueraient pas l’essentiel de ces territoires dans le cadre d’un règlement.

Alors pourquoi le prétexte ? Parce les négociateurs palestiniens n’étaient pas disposés à réitérer publiquement ce qu’ils avaient dit en secret à Olmert. En d’autres mots, ils savaient ce qu’il fallait faire pour aboutir, mais ne le voulaient pas, justement. Se sentant acculés à négocier avec le nouveau gouvernement israélien sur base de ce qu’ils avaient proposé à l’ancien, la seule issue était donc un retrait pur et simple des négociations en prétextant la construction sur des territoires qu’ils ne considéraient eux-mêmes pas comme ayant vocation à faire partie de la future Palestine.

Cette péripétie est regrettable, mais il en ressort que l’Autorité Palestinienne sait avec précision ce qu’il faut faire pour déboucher sur un règlement définitif du conflit. Cela révèle une certaine lucidité côté palestinien, auquel il faudrait ajouter un zeste de volonté politique une grande dose de courage pour conclure la paix avec Israël.

Le discours qu’Obama n’a pas prononcé à Jérusalem

Je suis honoré d’être accueilli à Jérusalem par son Université qui est l’une des sources du progrès dans le monde.

Laissez-moi d’abord vous dire ceci. J’ai, dans mon discours du Caire d’il y a un an, commis une maladresse que j’aimerais rectifier. Dans ce qui pouvait apparaître comme une association d’idées douteuse, j’ai énuméré la Shoah et le malheur du peuple palestinien dans un même souffle. J’aimerais vous dire avec force que quelle que soit la souffrance du peuple palestinien, elle ne peut en aucun cas se comparer à la Shoah. Ayant visité aujourd’hui même le Mémorial de Yad Vashem je ne brandirai pas d’arguments pour étayer cette dissemblance, parce qu’ils m’apparaissent comme tellement évidents que la décence même m’interdit de les évoquer.

Il va de soi que non seulement ces choses ne se comparent pas, mais que ni israéliens ni juifs ne peuvent être tenus pour responsables du drame palestinien. Celui-ci est la conséquence du refus historique des nations arabes de reconnaître à Israël le droit à l’existence en 1948. C’est cela, et cela uniquement, qui a entravé l’instauration d’une paix juste et durable tout au long de six décennies de larmes et de sang. C’est donc cela, et cela d’abord, qui doit être réparé.

Il est intolérable que des régimes arabes conditionnent la reconnaissance de l’Etat d’Israël à la solution du problème palestinien, alors que ce refus de reconnaissance en est justement la cause première. C’est de ce cercle vicieux qu’il faut sortir, or je pense qu’il y a moyen de le faire de manière pacifique.

Dès mon accession à la Présidence des Etats-Unis j’ai mis le conflit israélo-arabe en tête de mes priorités en pensant que la clé du problème consistait à mettre fin à l’occupation de terres conquises par Israël lors de la Guerre des Six-Jours en 1967. J’étais tellement soucieux de ressusciter le processus de paix que j’ai perdu de vue une donnée historique fondamentale : j’ai omis de prendre en compte que le monde arabe voulait déjà liquider Israël à une époque où les israéliens n’occupaient aucune terre arabe selon les critères mêmes de la Communauté Internationale.

En préparant mes dossiers mes collaborateurs m’ont signalé que l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) fut créée en 1964, soit trois ans avant la Guerre des Six-jours. Je leur ai demandé ce que l’OLP voulait libérer en 1964. Ils m’ont dit que c’était Tel-Aviv, Haïfa et l’Etat d’Israël tout entier que le monde arabe voulait nettoyer ethniquement de ses juifs. Le problème n’était donc pas territorial, or je constate qu’il ne l’est toujours pas de nos jours puisque la majeure partie des nations qui contestaient le droit à l’existence à Israël sont encore toujours sur cette ligne.

Je dois admettre que j’ai commis une faute politique en considérant la construction juive en Judée-Samarie comme centrale. Il m’est apparu que si dans les conditions géopolitiques actuelles Israël retournait aux frontières de 1967 ce ne serait que régresser à la situation antérieure, qui était un état de guerre larvé mais permanent entre Israël et ses voisins. Parmi ces ennemis il y a en outre aujourd’hui le régime iranien qui s’est ajouté et qui suggère d’effacer l’Etat d’Israël de la carte.

Au bout d’une analyse fine je suis venu à la conclusion que la solution ne résidait ni dans les mains des israéliens, ni dans celles des palestiniens, ni dans celles des américains, mais très logiquement dans les mains de ceux qui sont à l’origine du conflit, c’est-à-dire le monde arabe dans son ensemble. C’est à celui-ci que je m’adresse aujourd’hui.

J’appelle solennellement les nations arabes à reconnaître sans délai l’Etat d’Israël ainsi que l’ont déjà fait la Jordanie et l’Egypte. Je les invite à nouer des relations diplomatiques, à ouvrir leurs espaces aériens, à promouvoir les échanges commerciaux et à normaliser leurs relations avec Israël dans l’acception la plus large du terme. Suite à cela je ne doute pas qu’Israël mettra tout en oeuvre pour établir un climat de bon voisinage avec le futur Etat palestinien.

J’espère de tout cœur que mon appel trouvera un écho chez les dirigeants arabes, et qu’ils comprendront que la responsabilité d’instaurer la paix au Moyen-Orient leur incombe. Puissent-ils faire preuve de sagesse et de courage en s’inspirant du geste fort que fut le voyage à Jérusalem du regretté Anouar el-Sadate.

La Princesse de Clèves ou l’inconstance de l’écrit

Ce qui rend un texte universel, que ce soit la Bible, « Le Roi Lear » ou « La Princesse de Clèves » c’est peut-être la quantité infinie d’interprétations auxquelles il peut donner lieu sans qu’il y ait contradiction. Chaque époque et chaque culture peut inventer un nouveau décodage tout en ne remettant pas en question les exégèses antérieures. celles-ci ne s’excluent donc pas les unes les autres mais s’ajoutent en couches successives qui génèrent un corpus indépendant de l’auteur.

Au premier degré la lecture de « La Princesse de Clèves » demande que l’on prenne en compte l’époque où l’ouvrage a été écrit. Les péripéties ne sont pas convaincantes et suscitent peu d’émotion parce qu’elles évoquent plutôt un conte de fées qu’une histoire peuplée d’êtres humains. Les sentiments des protagonistes, leurs réactions, leurs phobies, ne sont compréhensibles qu’à condition que l’on adhère à la convention qui veut que les personnages soient entiers et stables. C’est selon cette logique que se déroule l’intrigue, qui ne réserve donc aucune surprise. Chacun des personnages est dans son rôle, prisonnier de ses traits, et tout se passe comme si la partie était jouée d’avance et que personne n’avait de prise sur son enchaînement. Tout au long du récit il faut se redire qu’il y a des siècles entre la Princesse et nous, et qu’on s’y attarde parce que le livre fut novateur par sa forme lors de sa publication. Sinon on risque de conclure que l’histoire est mièvre, invraisemblable et naïve, et qu’un lecteur moderne n’a à s’y attarder que dans la mesure où il s’intéresse à l’histoire de la littérature.

C’est l’histoire d’une jeune aristocrate formée par l’éducation stricte de sa mère, qui lui enseigne que les charmes de l’amour sont autant de pièges dont il faut se garder afin de conserver sa vertu. La jeune fille applique ces préceptes à la lettre et ne laisse jamais ses pulsions s’emparer de son corps. C’est donc sans amour qu’elle épouse le Prince de Clèves tout en se sentant tenue de lui être d’une fidélité à toute épreuve. Sa conscience lui dicte que même ses pensées les plus intimes doivent lui être confiées. Le moment venu elle pousse la droiture jusqu’à lui avouer son penchant pour un soupirant, le Duc de Nemours. Le Prince de Clèves est pour sa part l’homme d’une seule femme, et meurt de chagrin en apprenant par la bouche même de son épouse que celle-ci l’a trompé, bien qu’uniquement en pensée.

Devenue veuve, la Princesse résiste cependant aux sollicitations du Duc de Nemours alors que rien ne les empêche de vivre leur passion. Mais elle est d’avis qu’ils tomberaient dans la banalité du mariage mondain après s’être aimés de manière si parfaitement platonique. Forte de ce que lui a enseigné sa mère elle doute d’ailleurs de la constance future du Duc de Nemours malgré ses promesses d’amour éternel. Elle pense aussi qu’étant impliquée dans la fin tragique du Prince de Clèves elle ne saurait refaire sa vie avec lui. Au lieu de cela elle choisit de se retirer de la vie de Cour pour se racheter par une existence plus austère mais vertueuse.

Le narratif est confondant pour notre époque, mais on peut aussi faire de « La Princesse de Clèves » une lecture différente. Il suffit de supposer que Madame de Lafayette pourrait avoir écrit le contraire de ce qu’elle a pensait, laissant au lecteur le soin de décrypter le récit. On peut penser que l’auteure savait parfaitement que personne ne se comportait dans la vraie vie comme ses héros. Que le Prince de Clèves n’était l’homme d’une seule femme que parce qu’il était d’une jalousie pathologique. Qu’il terrorisait son épouse de manière tellement lancinante qu’elle finissait par lui avouer ses pensées adultères. Qu’en réalité elle le faisait pour imprimer un tournant à sa vie qu’elle détestait. Qu’elle manipulait son entourage et méprisait les hommes. Qu’elle conquerrait sa liberté en provoquant la mort de son mari tout en n’épousant pas son soupirant. Que celui-ci n’avait servi que d’instrument pour arriver à ses fins. Qu’elle avait berné tout le monde y compris sa mère pour finir par vivre selon son goût une fois les gêneurs écartés et son indépendance assurée.

On peut penser que la Princesse de Clèves et Manon Lescaut sont les deux faces d’une même fesse.

Israël s’inquiète pour la France

L’opinion publique israélienne est inquiète de la tournure que prend le mouvement social en France. Après le débat sur l’identité nationale et celui du voile intégral on est d’avis là-bas que l’agitation des lycéens français menace de déclencher une réaction en chaîne qui pourrait avoir des répercussions sur l’Europe toute entière. Les responsables israéliens estiment que les troubles en France constituent un problème international où il est non seulement du droit du monde libre d’intervenir mais aussi de son devoir.

Divers groupes de pression israéliens pressent le pouvoir politique d’alerter le Conseil de Sécurité de l’ONU et de soumettre une résolution autorisant l’envoi en France d’une force d’interposition afin de prévenir une conflagration qui risque de faire basculer la région dans l’anarchie.

Les mots d’ordres du groupe IVSEDBEFC (Incendier les Voitures Saccager les Ecoles Détruire les Bibliothèques en Finir avec la Culture) préviennent sur Facebook que si la police s’avise de les empêcher d’exercer leur droit naturel de vandaliser l’espace public ils proclameront unilatéralement l’indépendance de la « République Cynique de France et de Bagarre » avec pour capitale Banlieue-les-Poubelles. Une série de nations ont d’ores et déjà promis leur soutien au futur Etat. Parmi ceux-ci la Talibanie le Hamastan la République Tyrannique du Politiquement Correct le Royaume Communiste de Chicorée la République Fédérale d’Ecologie et la Principauté Verte des Antisémites Réunis. Le FNP (Front des Nostalgiques de Pétain) a pour sa part déclaré qu’il soutiendrait l’initiative en mettant sa machine à mensonges à disposition.

Des personnalités proches du pouvoir en Israël font part en privé de leur inquiétude concernant la violation des droits de l’homme en France. Il semble que dans divers endroits de l’Hexagone la gendarmerie et la police refusent de se faire submerger par des manifestants qui ne demandent pourtant qu’à les brutaliser. Des observateurs rapportent que dans plusieurs départements les forces de l’ordre vont jusqu’à s’équiper de casques et de boucliers de manière à ce que les activistes du GP (Guerriers du Pavé) aient toutes les peines du monde à leur enfoncer le crâne ou le thorax. Les intrépides gavroches font néanmoins preuve d’un courage exemplaire en signalant par Twitter le moindre CRS sans défense pouvant être assommé en toute impunité.

Des sources dignes de foi révèlent que le premier ministre israélien a exprimé à son homologue français sa profonde préoccupation par rapport à la situation en France. Il lui aurait dit sans détours que le pouvoir français semblait avoir perdu tout sens des responsabilités et l’aurait exhorté à faire un compromis historique avec le CV (Collectif des Voyous). Il aurait réitéré son amitié à la France mais aussi réaffirmé sa sympathie envers les masses lycéennes qui dans leur fougue manifestent de manière si émouvante leur immaturité en empêchant en toute illégalité l’approvisionnement en carburant des automobilistes qui préfèrent le travail à la révolution.

Il y a eu la semaine dernière au Parlement israélien un débat houleux sur la situation en France entre partisans du FPCP (Front Populaire des Combattants de la Puberté) et ceux qui pensent que le gouvernement français est en mesure de maîtriser la situation.

En fin de séance la Knesset a fait passer en urgence une loi permettant à n’importe quel citoyen français âgé de douze à treize ans résidant au moins depuis vingt ans en France de manière illégale et ayant à son actif au moins une déprédation caractérisée de porter plainte à la Cour Suprême d’Israël contre n’importe quel élu local régional ou national français. De cette manière il ne sera pas dit que les guérilleros du MCA (Mouvement Contre l’Alphabet) sont sans recours face à la démocratie française en déclin. Dès que la nouvelle a été connue une série de personnalités françaises ont annulé des voyages par crainte d’être exposés à de mandats d’arrêts internationaux émis par des tribunaux israéliens.
En signe d’apaisement le ministère des Affaires Etrangères d’Israël a demandé à l’ensemble de la population de ne pas boycotter les produits français tout en soutenant le légitime combat des jeunes français qui luttent pour l’abolition du travail.

L’amour au téléphone

•J’aime explorer ton corps sous tous les angles et en faire le tour comme si c’était la lune et que dès qu’une face réapparaissait c’était l’autre qui redevenait impénétrable
• Je n’arrive pas à croire que c’est à moi que tu parles
• Tu as une petite saillie en guise de ventre réplique bombée du creux de ma main comme si les deux avaient été conçus pour s’emboîter. J’aime bien caresser cette merveille avec toutes les précautions qu’on prend pour un objet précieux. C’est très doux très tendre
• Tu parles de mon corps pour éviter de parler de nous deux
• Tu n’aimes pas m’entendre louer les vertus de l’attente du manque de la frustration du désir qui n’en peut plus mais c’est un investissement. Le contraire d’ici et maintenant une manière d’espérer
• Des mots
• Je n’ai rien d’autre
• Tu as mais tu refuses de donner
• Quoi par exemple
• De l’argent
• Je paie tout
• Ça ne suffit pas
• Pourquoi
• Parce que nous ne sommes pas ensemble
• Qu’est-ce qui suffirait
• Que tu me prennes en charge
• Tu sais bien que je ne le ferai pas
• Alors donne-moi de l’argent sans me prendre en charge
• Combien
• Assez pour t’appauvrir
• C’est tout
• Non tu dois aussi tout me léguer à ta mort
• Pour quoi faire
• Pour me mettre à l’abri et pour que ma fille fasse des études
• C’est tout
• Non aussi pour que je trouve un homme qui m’aille
• Et l’amour dans tout ça
• Il n’y a pas d’amour tu le sais bien
• Nous sommes d’accord
• Je t’aime
• Moi aussi

Israël Palestine: Le temps presse, mais pour qui?

Il y a une perception assez répandue dans l’opinion publique internationale, comme quoi les palestiniens n’auraient rien à perdre en éludant un règlement du conflit, et que le temps jouerait pour eux. En réalité le temps joue probablement contre eux, ou du moins contre l’Autorité Palestinienne, dont la survie ne tient qu’à Israël face à la machine de guerre du Hamas.

Le peuple israélien, dans sa grande majorité, n’entend pas contrôler indéfiniment la Cisjordanie. Il est massivement en faveur de concessions territoriales en échange d’une paix véritable. Il y a un quasi-consensus en Israël sur ce point. La tutelle des territoires disputés est exigeante en vies et en ressources humaines, pèse lourdement sur l’économie, pose un problème moral et est un facteur de tension dans le tissu social.

Une nouvelle perspective est en train de se dessiner chez les preneurs de décision israéliens. Ils viennent petit à petit à la conclusion que les tergiversations de l’Autorité Palestinienne constituent une guerre d’usure qui risque de ne mener nulle part, et qu’en fin de compte il faudra bien qu’Israël prenne une initiative énergique afin de sortir de l’impasse.

Ce que l’Autorité palestinienne a à perdre, donc, c’est qu’en cas d’impasse avérée, Israël, fatigué de n’avoir personne avec qui aboutir à la fin du conflit par la négociation, finisse par évacuer unilatéralement la plus grande partie des Territoires. Cela consisterait pour Israël, faute d’interlocuteur, à définir soi-même ses frontières. La nouvelle ligne de démarcation serait probablement décalée vers l’Est par rapport à celles de 1967, mais il s’agirait essentiellement d’inclure dans le nouveau tracé les populations juives de Judée et Samarie.

Ce retrait unilatéral aurait des avantages du point de vue israélien, mais aussi du point de vue de la communauté internationale. Personne ne pourrait raisonnablement reprocher à Israël de se retirer de l’essentiel des terres occupées depuis 1967. Dans la foulée Israël pourrait conclure un traité de paix avec la Syrie en restituant le Golan dans des conditions acceptables pour les deux côtés.

L’autorité Palestinienne qui se serait discréditée en quittant la table des négociations serait balayée du pouvoir par le Hamas comme elle l’a été à Gaza. Le Hamas créerait un Etat islamique. Ce ne serait pas commode pour Israël, mais encore moins commode pour le Hamas lui-même, qui rejoindrait les rangs des Etats-voyou et l’Axe du Mal en laissant à Israël le beau rôle. L’Etat-Hamas harcèlerait sans doute Israël, mais Israël riposterait de manière à le dissuader comme cela a été le cas à Gaza. Par ailleurs, Israël se fermerait totalement à l’Etat-Hamas, ce qui deviendrait un problème pour la Jordanie, dont la population est majoritairement palestinienne. Un affaiblissement de la monarchie jordanienne ferait de la Jordanie un Etat palestinien de fait, et de surcroit contigu avec la Cisjordanie.

L’économie de la Cisjordanie est en ce moment en forte croissance, et bien qu’il reste beaucoup à faire en matière d’infrastructure et d’institutions, cet embryon d’Etat est bel et bien en marche, et la prospérité point à l’horizon. La population palestinienne en est consciente, mais sait que le prix à payer pour parachever la sortie de misère consiste à accéder à la souveraineté et à la dignité en concluant une paix des braves avec Israël. Si les dirigeants palestiniens ne prennent pas résolument ce chemin, les israéliens finiront tôt ou tard par évacuer la Cisjordanie comme ils l’ont fait à Gaza, c’est-à-dire à leurs conditions, avec la sécurité comme souci prioritaire, et sans accords bilatéraux.

La Cisjordanie deviendrait alors un deuxième Gaza.Il est douteux que ce soit de cette Palestine-là que rêvent la majorité de palestiniens.

Les dirigeants de l’Autorité Palestinienne sont mûrs et expérimentés, et savent cela mieux que quiconque. Mais pour en tirer les conséquences et le traduire en actes il faut du courage, beaucoup de courage.

Souvenir d’été

La présence militaire des Alliés en Allemagne avait mauvaise presse dans les années soixante dans une population qui, vingt ans après la guerre, la subissait en grognant. J’avais pour moi de pratiquer un peu la langue, ce qui me permettait de flâner en civil lors des permissions sans me faire repérer. Mes compagnons d’infortune, dépaysés, préféraient passer leurs dimanches à la caserne, où ils consacraient l’essentiel de leurs loisirs à ingurgiter des quantités effarantes de bière.

Quand il faisait beau j’allais à la piscine municipale de W…, superbe installation de plein air située au sein d’un parc verdoyant. Un jour de canicule je vis s’approcher de l’eau une jeune fille à la démarche chaloupée et à la croupe remarquable. N’ayant qu’une poitrine menue, tout se passait comme si la nature avait voulu compenser ce manque par des fesses somptueuses. Elle paradait ainsi à moitié nue, roulant sous le creux de sa cambrure deux robustes globes bronzés, d’un moule parfait, dont l’opulence était encore soulignée par la finesse de la taille et le galbe des cuisses. Le hasard l’emmena près de moi, et je nouai une aimable conversation avec l’adolescente. Je me surpris à être en verve sans savoir pourquoi.

Après avoir lézardé avec elle au soleil jusqu’au soir, je la raccompagnai jusqu’à sa porte, derrière laquelle j’étais interdit de séjour bien entendu. Elle me dit cependant de l’attendre devant sa maison, et s’y engouffra pour en ressortir peu après équipée d’une couverture. Elle m’entraîna dans les environs, et après avoir erré à tâtons dans une nuit d’encre elle jeta son dévolu sur un terrain vague, et posa la couverture à même le sol. Elle s’étendit, et m’invita à en faire autant. Au bout d’un déshabillage aussi précipité que sommaire nous nous saisîmes au milieu d’effluves citadines, et après quelques spasmes inondants nous nous quittâmes en nous promettant de nous retrouver dès que possible.

Au cours des semaines qui suivirent nous nous revîmes avec délectation, ayant pris le pli de nous accoupler dans les endroits les plus insolites et les positions les plus incongrues. Mais une fois la fraîcheur de l’automne revenue, son sens du confort finit par reprendre le dessus, et elle refusa de continuer à me voir dans des conditions aussi précaires. Comme je n’avais pas les moyens de lui offrir autre chose, notre idylle mourut avec l’été.

Je ne me souviens ni de son nom ni de son visage ni de ce qu’elle disait. Je ne me souviens que de l’objet qu’elle fut.

La planète ou la vie

Il y a une certaine hypocrisie à vouloir à la fois le progrès et la préservation de l’environnement. L’Homme a commencé par brûler du bois pour produire de l’énergie, ensuite du charbon, ensuite des hydrocarbures. Maintenant il en est au nucléaire, parce qu’il a compris que les autres ressources étaient limitées.

Le piège du progrès humain c’est qu’en plus de ravager la planète, il libère des énergies qui ne peuvent déboucher sur des catastrophes. Toutes les initiatives écologiques, aussi louables soient-elles, ne font que retarder l’échéance ou déplacer le problème. Il y d’ailleurs quelque chose de comique à constater que l’environnementalisme a lui-même suscité une industrie, une de plus.

L’Humanisme comme doctrine universelle est le moteur idéologique de la modernité. Cela consiste à mettre l’homme au centre des préoccupations. Le problème c’est que dans une perspective humaniste, l’homme se construit contre la nature. Toutes les valeurs qui font notre civilisation l’en éloigne, ce qui accule l’humanisme dans une impasse. Si notre civilisation se renie elle retourne à la loi de la jungle, mais si elle s’assume elle se détruit par un effet mécanique. Il semble donc que le monde, j’entends notre humaine planète, va à sa perte. Il est difficile d’estimer combien de temps elle pourrait durer, mais l’homme étant ennemi de la nature, tout se passe comme si de mutation en mutation celle-ci avait trouvé le moyen de se ruiner en aboutissant à l’Homo Sapiens.

C’est peut-être cela le sens profond du mythe de l’Arbre de la Connaissance, présenté dans la Thora comme une calamité parce qu’incompatible avec le Jardin d’Éden, qui n’est, au fond, rien d’autre qu’une nature sans humanité.

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